Dans la Roumanie communiste, la diplomatie du rugby

En sa qualité de sport inventé et pratiqué dans les universités d’élite du Royaume-Uni et de ses anciennes colonies, il avait tout pour représenter le summum de l’impérialisme aux yeux des caciques du monde communiste. Et pourtant, le rugby à XV a prospéré dans la Roumanie de l’ère soviétique, où il demeure aujourd’hui encore un sport très apprécié. Depuis la création de la Coupe du monde, en 1987, le pays n’en a manqué qu’une seule, la première.

Contrairement aux autres pays de l’ancien bloc soviétique, qui ne s’intéressaient pas vraiment à ce sport, le parti au pouvoir en Roumanie avait été séduit par le côté amateur du rugby à XV, pas encore souillé par le professionnalisme et le besoin de célébrité, et perçu comme un antidote au mercantilisme de masse du football classique et du football américain.

Autre facteur ayant favorisé le goût pour ce jeu : les liens culturels profonds entre la Roumanie et la France. Avant l’avènement du socialisme, l’élite roumaine envoyait souvent ses enfants étudier à Paris. En rentrant au bercail, les jeunes y rapportaient leur nouvelle passion pour le rugby.

Des échanges diplomatiques inattendus

C’est ainsi qu’en 1913 ils fondent le premier club roumain, le Stadiul Roman, sur le modèle du Stade français de Paris. Gregore Caracostea, qui avait joué au Racing Club de France lorsqu’il était étudiant, retourne au pays pour créer la Commission centrale de rugby à XV de Roumanie, qui devient la Fédération roumaine de rugby en 1931. Aux Jeux olympiques de Paris de 1924, la Roumanie est l’une des trois nations qui concourent dans la discipline, mais elle s’incline face aux États-Unis et à la France.

Durant cette période précédant la Seconde Guerre mondiale, le jeu commence à faire des émules en dehors de Bucarest, avec la création de nouveaux clubs dans les villes de province. Malgré les origines très élitistes de ces premiers clubs, le gouvernement communiste roumain d’après-guerre (contrairement à ses homologues d’autres pays d’Europe de l’Est) leur permet de prospérer en les transformant en centres de formation au rugby à XV.

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