Ce rouleau qui innocente les templiers

Les Archives nationales à Paris exposent un parchemin détaillant les interrogatoires des membres de l'ordre du Temple accusés d'hérésie. Un document qui éclaire d'un jour nouveau la rivalité entre le roi Philippe le Bel et le pape Clément V.

Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir - La Recherche n°922, daté décembre 2023.

C'est une terrible page de l'histoire de France et du christianisme qui est actuellement dévoilée aux Archives nationales, et ce jusqu'au 15 janvier 2024. Le mot "page" est peut-être un peu faible, puisque le document au centre de cette exposition est un rouleau de parchemin long de 22 mètres, dont les feuillets en peau de chèvre, cousus les uns avec les autres, sont marqués à chaque ligature de quatre complexes signatures de notaires destinées à garantir le fait qu'aucune modification ultérieure n'y a été effectuée.

"L'ordre du Temple était encore extrêmement puissant au début du 14e siècle"

À sa surface, en latin, a été consigné dans les moindres détails l'interrogatoire des templiers mené entre le 19 octobre et le 24 novembre 1307 dans la salle basse du Temple, à Paris, sur ordre du roi Philippe le Bel. Le texte n'est pas la transcription intégrale des propos recueillis sur le vif au moment des interrogatoires, mais celle des minutes reformulées, de façon plus concise, par les officiers du roi.

Des confessions arrachées sous la torture aux officiers de l'Ordre, les milite templi, par l'inquisiteur de France Guillaume de Paris. L'épisode, d'une violence inouïe, débouchera au printemps 1312 sur la disparition pure et simple de l'ordre du Temple et, en mars 1314, sur la mort tragique sur le bûcher de son dernier grand maître, Jacques de Molay, sept ans après son arrestation. Mais comment cet ordre religieux et militaire, qui entretenait depuis plus de deux cents ans de bonnes relations avec les souverains d'Europe - au point de garder le trésor de certains d'entre eux -, a-t-il pu être accusé d'hérésie par le roi de France et "lâché" par le pape Clément V ?

Il faut bien comprendre ce qu'étaient les templiers pour cerner les raisons du sabotage de cette confrérie devenue trop encombrante. Fondé par Hugues de Payns sous l'impulsion de l'abbé Bernard de Clairvaux en 1127, l'[...]

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