Roland-Garros: la finale est-elle ternie par le procès Zverev?

L’ombre du procès Zverev va-t-elle planer sur la finale de Roland-Garros, ce dimanche après-midi, au risque de ternir l’image du tournoi si jamais l’Allemand venait à gagner son premier titre du Grand Chelem en dominant l’Espagnol Carlos Alcaraz? En pleine tourmente durant ce tournoi qu’il a disputé alors que se tenait à Berlin son procès pour violences conjugales, Alexander Zverev a surmonté tous les obstacles qui se sont dressés sur sa route avec une sérénité déconcertante, comme si de rien n’était.

Dans les allées de Roland-Garros ou dans les tribunes, l’affaire n’a rien provoqué, pas la moindre clameur populaire ou réaction scandalisée exigeant son retrait d’un tournoi dont l’organisation a essayé d’étouffer l’affaire en se réfugiant derrière le calendrier judiciaire. "Imaginez qu’il s’agisse là d’un acteur, d’un journaliste, d’un réalisateur ça aurait fait la une de tous les journaux. Et là, c’est passé sous silence, c’est quand même très étonnant", s’étonne Christophe Cessieux, qui s’exprimait dans les Grandes Gueules du Sport, ce dimanche matin, sur RMC. "Le fait que ce soit débattu pendant le tournoi aurait dû amener l’ATP ou Roland-Garros à se poser la question de sa présence", a estimé de son côté Cyril Linette, ex-directeur des sports de Canal+ et ancien DG du groupe L'Équipe.

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"Je suis assez troublé"

Alexander Zverev contestait un jugement de première instance qui lui avait infligé en octobre 2023 une amende de 450.000 euros pour avoir commis des actes violents à l'encontre de son ancienne petite amie Brenda Patea en mai 2020. Zverev aurait étranglé son ex-petite amie dans le couloir d'un appartement qu'elle louait. Parce qu’il avait déposé ce recours, Zverev restait légalement innocent aux yeux de la procédure pénale allemande. Une procédure d’ordonnance pénale qui ne rendait pas obligatoire sa présence au procès et ne s’opposait donc pas à sa présence à Roland-Garros non plus.

"Il faut faire un distingo entre le juridique et le symbolique", considère cependant Cyril Linette. "Ce n’est pas un sujet facile. Juridiquement, à partir du moment où il a d’abord été condamné en Allemagne sur une ordonnance pénale par un seul juge et qu’il fait appel devant une cour, il redevient présumé innocent. Comme l’a dit Amélie Mauresmo, il redevient innocent pendant le tournoi. Symboliquement, c’est tout autre chose. Sa place durant ce tournoi de Roland-Garros, elle aurait plutôt dû être à son procès. Je suis assez troublé qu’il ait pu disputer le tournoi normalement."

Le procès s’est terminé par un accord financier à l'amiable entre Zverev et son ancienne compagne. La finaliste du tournoi allemand devra toutefois s'acquitter d'un montant de 200.000 euros dans un délai d’un mois. "Heureux" que la procédure soit terminée, Alexander Zverev a exprimé son soulagement et froidement exigé, après sa qualification pour la finale, qu’on le laisse tranquille. "Je ne veux plus jamais entendre la moindre question à ce sujet", a-t-il ordonné à l’adresse des journalistes présents. "Un peu trop facile", selon Fred Weis. Sa mission sur le court sera nettement plus difficile cet après-midi face à l’Espagnol Carlos Alcaraz, en quête d’un troisième sacre en Grand Chelem, à seulement 21 ans.

Article original publié sur RMC Sport