Roger Chudeau attaque Najat Vallaud-Belkacem sur sa binationalité, l’ancienne ministre dénonce son racisme

Najat Vallaud-Belkacem a été attaquée par un ex-député RN pour sa binationalité franco-marocaine. (Photo by Geoffroy Van Der Hasselt/AFP)
GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP Najat Vallaud-Belkacem a été attaquée par un ex-député RN pour sa binationalité franco-marocaine. (Photo by Geoffroy Van Der Hasselt/AFP)

POLITIQUE - Un visage « incompétent, grossier, mensonger et raciste ». En attaquant Najat Vallaud-Belkacem sur sa binationalité, Roger Chudeau s’est pris une volée de bois vert. Le député RN sortant du Loir-et-Cher a jugé jeudi 27 juin que c’était une « erreur » que la « Franco-Marocaine » ait pu être ministre ; en l’occurrence des Droits des femmes puis de l’Éducation nationale, entre 2012 et 2017.

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Chacun jugera la façon dont il parle de Najat Vallaud-Belkacem, en ne la désignant pas par son nom mais en la renvoyant à ses origines. « Ce n’est pas une bonne chose pour la République », a-t-il poursuivi, à l’encontre de celle qui est née au Maroc et qui a été naturalisée à l’âge de 21 ans. Puis : « Les postes ministériels doivent être détenus par des Franco-Français ».

À trois jours du premier tour des élections législatives, et alors que le RN est empêtré dans une polémique sur l’une de ses propositions qui consiste à interdire l’accès à certains postes de la fonction publique pour les binationaux, cette sortie xénophobe a obligé Marine Le Pen à prendre ses distances avec le député sortant, pressenti pour devenir ministre de l’Éducation nationale en cas de victoire du RN.

Ce vendredi matin, en déplacement à Montargis pour apporter son soutien à Divine Kinkela, une aide-soignante victime de propos racistes de la part de ses voisins dans une séquence diffusée par Envoyé spécial, Najat Vallaud-Belkacem a jugé très sévèrement les propos tenus par Roger Chudaud. « Nous avons là un aperçu clair comme de l’eau de roche de ce que serait le Rassemblement national demain au pouvoir », a-t-elle expliqué, aux côtés de plusieurs élus de gauche dont le sénateur Ian Brossat (PCF) et le maire de Trappes Ali Rabeh (Génération·s).

« Comment va-t-il traiter les enseignants binationaux ? »

« Vous imaginez Roger Chudeau ministre ? Il va les traiter comment les enseignants bi-nationaux, les enfants issus de l’immigration ? Vous pensez qu’ils auront les mêmes chances de réussite ? Qu’ils seront traités avec la même attention ? », a-t-elle ensuite fermement rappelé.

L’actuelle présidente de l’ONG France Terre d’asile a ensuite porté une charge lourde contre le parti d’extrême droite. « Est-ce que vous avez envie d’entendre un parti qui tous les jours essaie de laver à grande eau la réalité nauséabonde de ce qu’il est ? Il n’est construit que sur le rejet de l’autre, dans un sens très extensif », a-t-elle dénoncé dans Libération. Dans un moment où la parole et les actes racistes semblent se libérer, Najat Vallaud-Belkacem assure : « D’une certaine façon, Roger Chudeau nous rend service. C’est ça, ce que vous voulez demain au pouvoir ? »

Les messages de soutien sont arrivés de la gauche, mais au-delà. Le Premier ministre Gabriel Attal, lui-même ancien ministre de l’Éducation nationale, comme Najat Vallaud-Belkacem, a condamné « la violence » des propos tenus par le député RN. « Vous êtes binational, vous ne seriez pas totalement Français, vous seriez un demi-Français ? Imaginez la violence pour les binationaux au travail, auprès de leurs collègues, de leur employeur. Ils se disent que ça peut avoir un impact », a regretté le locataire de Matignon. Emmanuel Macron a, lui, pointé un « racisme décomplexé ».

Sur BFMTV jeudi soir, la députée écologiste de Paris Sandrine Rousseau avait tenu à exprimer « toute sa solidarité » à l’égard de l’ancienne ministre socialiste, considérant qu’il s’agit de « l’une des meilleures ministres de l’Éducation nationale qu’on ait eue ». « Ce n’est pas une opinion, c’est du racisme. Chassez le naturel il revient au galop », a de son côté jugé le député LFI Thomas Portes.

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