Ce que risquent désormais les femmes qui avortent dans certains Etats américains

Ce que risquent désormais les femmes qui avortent dans certains Etats américains

Un coup d'arrêt dans le droit à l'avortement. Après la décision de la Cour suprême de remettre en cause l'arrêt Roe versus Wade vendredi laissant le choix aux États de légifier eux-même sur la question, 9 ont déjà interdit l'IVG dans la foulée, d'après le New York Times.

Parmi eux le Missouri, l'Arkansas, l'Oklahoma, ou encore le Dakota du Sud. Une efficacité permise par les "lois de déclenchements" ou lois "zombies" rédigées pour entrer automatiquement en vigueur en cas de revirement de la Cour suprême. 13 Etats avaient pris de telles dispositions en amont de la décision de la Cour suprême. Selon l'institut Guttmacher, en tout, 26 États pourraient interdire l'avortement.

Jusqu'à 10 ans de prison en Louisiane

Mais si certains États interdisent l'interruption volontaire de grossesse, d'autres vont encore plus loin en prévoyant des sanctions pour les femmes qui se font avorter et pour les professionnels de santé qui le pratiquent.

En Louisiane par exemple, les représentants ont adopté une loi au mois de mai dernier qui permet de poursuivre les femmes devant un tribunal pénal et déclarant l'avortement comme un homicide. Les femmes et les professionnels de santé peuvent encourir alors jusqu'à 10 ans de prison.

Même cas de figure dans l'Arkansas et l'Oklahoma, où les médecins peuvent être envoyés devant les tribunaux et encourir jusqu'à 10 ans de prison. Quelques exceptions sont faites en Louisiane et dans l'Arkansas pour ceux qui traiteraient de fausses couches et des grossesses extra-utérines.

Dans le Missouri, État du Sud très conservateur et premier à avoir interdit l'IVG dès vendredi, les patientes risquent aussi jusqu'à 15 ans de prison. Les représentants de l'État analysent aussi un projet de loi pour empêcher les habitantes de se rendre dans des Etats voisins pour se faire avorter et poursuivre les médecins devant les tribunaux.

Toute personne qui pratique un avortement risque jusqu'à 5 ans de prison dans le Kentucky, exception faite lorsqu'il s'agit de sauver la vie de la femme. Dans le Dakota du Sud, les professionnels de santé peuvent encourir une peine de deux ans derrière les barreaux sauf pour sauver la vie de la patiente.

"Les vies des Américaines sont en jeu"

Au Texas et dans l'Idaho, les médecins peuvent être dénoncés par la famille des femmes qui se sont faites avorter. Dans certains cas, les familles peuvent aussi porter plainte. Le Texas promet même une prime allant jusqu'à 10.000 dollars pour ceux qui dénonceraient des avortements.

Des dispositions qui inquiètent fortement les associations de défense du droit à l'avortement. Elizabeth Schlachter, porte-parole de la Fédération internationale du Planning familial aux Etats-Unis parle chez nos confrères de Franceinfo d"'une terrible nouvelle pour les Américaines qui habitent dans ces Etats (...) Les vies de nombreuses Américaines sont en jeu."

Le directeur de l'union des libertés civiles de Louisiane, Chris Kaiser parle aussi "de loi barbare qui exposerait des gens à des poursuites pour meurtre, passibles de la perpétuité pour avoir avorté". Le président américain Joe Biden assure que "la lutte n'est pas terminée" dans son discours en assenant, "je vais faire tout en mon pouvoir pour protéger le droit des femmes".

Reste le cas de la pilule abortive qui représente près de la moitié des avortements aux Etats-Unis d'après l'institut Guttmacher. Ces pilules pouvant être prises jusqu'à 10 semaines de grossesse sont accessibles via de la vente en ligne depuis l'épidémie de Covid-19. La vente a d'ailleurs largement augmenté depuis l'épidémie. Malgré un flou juridique autour de cette pilule, des élus se penchent pour la faire interdire dans certains États ou limiter son utilisation.

Article original publié sur BFMTV.com