Rima Abdul-Malak répond à Adèle Haenel sur la complaisance du cinéma

Rima Abdul-Malak, ici au mois de mai, à Paris.
Rima Abdul-Malak, ici au mois de mai, à Paris.

CINÉMA - Rima Abdul-Malak dit vouloir « agir concrètement pour lutter contre toutes les violences et harcèlements » dans le milieu du cinéma. Ce vendredi 19 mai, la ministre de la Culture a pris la parole dans Le Parisien et a notamment réagi aux accusations d’Adèle Haenel, laquelle a récemment annoncé se retirer de l’industrie pour des raisons politiques.

Pour sa défense, Rima Abdul-Malak explique, par exemple, avoir rendu obligatoire les formations à la prévention contre le harcèlement les violences sexuelles pour toutes les structures qui reçoivent des subventions.

Si elle vante également les mérites d’un « bonus parité » à visée incitative, cette dernière croit « davantage au pouvoir des films pour faire bouger les mentalités, comme le fait ’La Nuit du 12’ sur les violences faites aux femmes, par exemple, plutôt qu’aux tribunes à l’emporte-pièce ».

Une pique directement envoyée à l’adresse d’Adèle Haenel qui, dans une lettre publiée sur le site de Télérama, a dénoncé la complaisance de l’industrie du cinéma à l’égard des violences sexuelles, précisant qu’il était urgent d’aborder le sujet frontalement. Le problème, écrit Adèle Haenel, c’est que les responsables du cinéma français « se donnent la main pour sauver la face des Depardieu, des Polanski, des Boutonnat. Ça les incommode, ça les dérange que les victimes fassent trop de bruit, ils préféreraient qu’on continue à disparaître et crever en silence. »

Le Festival de Cannes dans la tourmente

Comme cette dernière, une centaine d’actrices, dont Géraldine Nakache et Laure Calamy, s’en sont prises à la décision du Festival de Cannes d’ouvrir cette édition avec le film de Maïwenn, Jeanne du Barry, mettant en scène Johnny Depp dans le rôle de Louis XV. Elles ont signé une tribune dans les colonnes de Libération pour s’opposer « aux décisions prises ces dernières semaines » et notamment à ce tapis rouge qu’on déroule « aux hommes et aux femmes qui agressent ».

Alors que le délégué général du festival Thierry Frémeaux martèle ne pas avoir entendu parler des accusations visant Johnny Depp, Rima Abdul-Malak dit, elle, ne pas vouloir commenter la décision de justice. Si une grande partie de l’opinion publique pense Johnny Depp est sorti « victorieux » du dernier procès qui l’opposait à son ex-femme Amber Heard, il convient de rappeler qu’il a en réalité été reconnu coupable, lui aussi, de diffamation. Il a notamment été condamné à lui verser 2 millions d’euros.

Et lors d’un précédent procès à Londres, intenté par Johnny Depp contre la société éditrice du tabloïd The Sun après un article le présentant comme un mari violent, la justice britannique avait tranché en faveur du journal, estimant que « la grande majorité des agressions présumées avaient été prouvées ».

Des progrès à faire

« Il est là en tant qu’acteur d’un film qui fait l’ouverture du festival, estime la ministre dans Le Parisien. Et je respecte le choix de Thierry Frémaux qui a toute sa liberté de programmation. Cannes est une caisse de résonance de tous les débats de la société et nous aide à réfléchir, à nous positionner, à faire évoluer les regards et les mentalités. »

Maïwenn, qui a récemment reconnu avoir agressé le journaliste Edwy Plenel, fait partie des réalisatrices au programme de ce Festival de Cannes. Une édition « plus féminine », selon la ministre qui cite les six femmes cinéastes en compétition, même si elle reconnaît qu’il « reste encore des progrès à faire pour tendre vers la parité ».

Ce vendredi, elle va dévoiler à Cannes la « Grande Fabrique de l’image », un vaste plan visant à faire de la France le leader européen des tournages et de la production numérique, au gré notamment de 68 projets retenus pour un investissement de 350 millions d’euros. Parmi eux, la création de nouveaux plateaux de tournage et des studios d’animation à travers toute la France.

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