"Quoi qu'on fasse, on en revient là": l'exécutif englué dans la réforme des retraites

Impossible de sortir de la nasse. L'exécutif, en grande difficulté politique, tente de sortir la tête de l'eau et veut se mettre en scène sur le terrain, très loin de la question des retraites. Sans guère y parvenir.

Si le temps politique est suspendu à la décision du Conseil constitutionnel qui détient entre ses mains l'avenir de la réforme le 14 avril prochain, le gouvernement veut renouer avec le terrain. Au menu pour Élisabeth Borne, quelques heures à Rodez pour visiter une maison de santé et parler de la lutte contre les déserts médicaux.

Olivier Véran s'est rendu de son côté dans une épicerie solidaire à Dijon tandis que Clément Beaune, le ministre des Transports, a déambulé dans un centre de formation de conducteurs de bus de la RATP.

"À la tâche"

Pas de hasard sur les thèmes choisis: Emmanuel Macron veut faire de la santé et de l'écologie ses prochains dossiers tout en se montrant au travail sur l'inflation.

"On a à cœur de montrer qu'on est à la tâche sur les dossiers qui sont loin de manquer, à la veille d'une pause d'un weekend de 3 jours", décrypte auprès de BFMTV.com la députée Renaissance Constance Le Grip.

Las: loin des questions d'accès à la santé dans l'Aveyron, ce sont les propos d'Élisabeth Borne qui a appelé "à l'apaisement", loin de la position offensive de l'Élysée qui a occupé tous les esprits, qui ont occupé tous les esprits. Avant finalement un rétropédalage en règle.

"On fait tout pour sortir des retraites mais on n'y arrive pas"

La contestation contre la réforme des retraites n'était pas loin non plus : de 200 à 300 manifestants étaient présents à Rodez, sans réussir à approcher de la Première ministre.

"On essaie de sortir des retraites, on fait tout pour même mais on n'y arrive pas. Quoi qu'on fasse, on en revient là", soupire un conseiller ministériel.

La sortie de crise semble toujours loin pour l'exécutif, plus de 3 semaines après le retour au 49.3. Malgré un reflux, la mobilisation ne désarme pas dans la rue et les syndicats restent unis, vent debout contre la réforme des retraites.

"On pensait qu'on arriverait à voir un peu la lumière ces derniers jours mais non. On tente de parler d'autre chose comme avec la fin de vie. Mais même ça, qui est pourtant un sujet qui parle à tout le monde, ça n'imprime pas", regrette un cadre de la majorité.

"Plus de bande passante"

Emmanuel Macron a pourtant annoncé à la surprise générale un futur projet de loi "d'ici la fin de l'été" sur la fin de vie qui pourrait reprendre les propositions de la Convention citoyenne et ouvrir la possibilité d'un suicide assisté pour les malades incurables. Sans vraiment faire beaucoup réagir ni son camp ni les oppositions.

"À une autre époque, on aurait parler de ça pendant au moins 10 jours. Là, on a l'impression qu'il n'y a plus de bande passante", s'inquiète encore un sénateur macroniste.

"La vie continue"

Certains veulent cependant croire à des jours meilleurs et espèrent que la réforme des retraites va bien finir par s'éloigner, une fois promulguée après la décision du Conseil constitutionnel.

"La vie continue, les gens suivent ce qu'ils se passent sur les retraites bien sûr mais ils ne sont pas obnubilés non plus", tempère le député Karl Olive.

Les syndicats ont de leur côté déjà prévenu: même si les Sages valident la réforme, "on va continuer à se mobiliser", a lancé la secrétaire confédérale Marie Buisson fin mars.

Article original publié sur BFMTV.com