Retraites, immigration, inflation, énergie... Le calendrier de la rentrée explosive du gouvernement

L'exécutif s'apprête à affronter un mois de janvier sous très haute tension. Élisabeth Borne, qui reçoit ce mardi les syndicats, présentera la semaine prochaine la très contestée réforme des retraites. Avant d'essayer de convaincre sur l'immigration et sur l'énergie, deux sujets très inflammables politiquement sur fond de hausse des prix record.

À quelques jours du retour des députés le 9 janvier prochain, la Première ministre tente à nouveau de déminer une rentrée sociale explosive, entre réforme des retraites et inflation. Si l'allongement de l'âge de départ est le dossier tout en haut de la pile des prochaines semaines, Matignon va devoir affronter d'autres sujets explosifs en janvier.

La Première ministre a mis à nouveau le cap sur le dossier des retraites ce mardi matin avant de recevoir les partenaires sociaux dans la foulée pour d'ultimes discussions.

• Une réforme des retraites très critiquée

Tout en assurant que le départ à 65 ans n'était pas "un totem" sur France info, la cheffe du gouvernement a annoncé que le texte serait présenté en Conseil des ministres le 23 janvier prochain. La réforme dont les contours seront présentés le 10 janvier prochain devrait s'appliquer "dès la fin de l'été 2023", comme l'a avancé Emmanuel Macron lors de ses vœux le 31 décembre.

Problème: le gouvernement fait pour l'instant l'unanimité contre lui. Les syndicats sont farouchement opposés à cette réforme - y compris les plus réformistes comme la CFDT. C'est la première fois depuis plus d'une décennie que les partenaires sociaux font front commun sur les retraites.

Les députés LR, sur lesquels l'exécutif comptait beaucoup pour faire passer sa réforme à l'Assemblée, semblent hésiter. Éric Ciotti, le nouveau patron du mouvement a avancé vouloir "contribuer" "à cette réforme" si elle permet de sauver le système". Alain Marleix, le patron des élus de droite à l'Assemblée, a indiqué de son côté sa farouche opposition, tout comme le RN et l'ensemble de la Nupes.

• Vers un 49.3 pour allonger l'âge de départ

Si l'exécutif tente de mettre de l'eau dans son vin - promettant de tenir compte des carrières longues et de la pénibilité-, les Français y restent largement opposés. Seuls 21% d'entre eux sont favorables à un report de l'âge légal de départ à la retraite selon un sondage Elabe pour BFMTV.

L'utilisation de l'article 49.3 de la Constitution qui permet de faire adopter une loi sans passer par le vote des députés semble dès lors très probable, en l'absence de majorité absolue de l'exécutif. Ce serait la première fois de la Ve République qu'une réforme des retraites serait adoptée de cette façon.

• Un projet de loi sur l'immigration à haut risque

Autre dossier chaud sur la table du gouvernement: le projet de loi immigration qui sera présenté ces prochaines semaines devant le Conseil des ministres. Gérald Darmanin défendra ce texte avec Olivier Dussopt. Le ministre du Travail est attendu au tournant après l'arrivée de 234 migrants de l'Ocean Viking en novembre dans le port de Toulon. Départs des centres d'accueil des mineurs non accompagnés, imbroglio autour des expulsions... Sa gestion du dossier a été critiquée par la droite et le RN.

Si le ministre de l'Intérieur a multiplié les clins d'œil en direction de ses anciens amis politiques - assurant défendre "tout ce que les LR ont toujours demandé" -, l'un des axes de la réforme ne passe pas. Les députés de droite ne goûtent guère la création d'un titre de séjour pour les travailleurs sans-papiers dans les secteurs en tension.

Un vrai caillou dans la chaussure pour le gouvernement qui ne peut pas, là encore, se passer de leur soutien pour faire voter sa réforme migratoire. Un revers en la matière serait particulièrement symbolique alors que le gouvernement a réussi depuis le mois de juin à faire voter tous ses textes - à l'exception notoire des budgets de l'État et de la sécurité sociale.

• Hausse des prix de l'énergie sur fond de réforme du nucléaire

Dernière embûche pour le gouvernement :l'énergie. Le gouvernement se sait attendu au tournant alors que les prix des factures de gaz et d'électricité augmenteront de 15% cette année dans un contexte de forte inflation. De quoi mettre un gros coup de projecteur sur le projet de loi qui veut accélérer le déploiement du nucléaire en France, actant la construction de six réacteurs EPR dans les prochaines années.

En pleine tension sur l'approvisionnement électrique du pays, le texte pourrait prendre des allures de catalyseur des difficultés économiques des Français. Le projet de loi sur les énergies renouvelables, dont les débats se sont déroulés dans une ambiance plutôt sereine, sera voté le 10 janvier prochain.

Il a lui aussi valeur de symbole alors que la fin de la ristourne à la pompe - remplacée par un chèque de 100 euros pour "les gros rouleurs"- et ses conséquences sur le porte-monnaie des Français, sont suivis de près par l'exécutif.

Avec une angoisse: une éventuelle coagulation des mécontentements. Les appels à relancer le mouvement des Gilets jaunes le 7 janvier prochain se sont multipliés ces derniers jours, quelques jours à peine après des grèves, loin des syndicats, des médecins et des contrôleurs de la SNCF.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - Emmanuel Macron évoque la reforme des retraites dans ses vœux pour 2023