Retraites: les déplacements de Macron et des ministres perturbés même après la promulgation du texte

"Il y a des gens qui saluent, qui sont contents, et des gens qui ne sont pas contents". Le président de la République Emmanuel Macron a brièvement réagi au micro de BFM Alsace après avoir été copieusement hué lors d'un bain de foule ce mercredi à Sélestat (Bas-Rhin).

Pour son premier déplacement sur le territoire depuis la promulgation de la réforme des retraites, qui continue d'être majoritairement rejetée par une majorité de Français, le chef de l'État a souhaité défendre la politique de réindustrialisation de son gouvernement. Mais les personnes présentes pour l'accueillir ont fait savoir leur ferme opposition à la réforme qui prévoit le recul de l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans.

"Il faut que tous les gens puissent s'exprimer librement. Après, il faut aussi que le pays avance et qu'on continue à progresser", a ajouté Emmanuel Macron au micro de BFM Alsace.

Le président, qui a multiplié les déplacements à l'étranger ces derniers mois, a déjà été interpellé par des jeunes manifestants la semaine dernière lors d'une visite à La Haye (Pays-Bas). Preuve que tourner la page de la crise sociale et politique du pays est plus compliquée que ce à quoi s'attendait le président de la République.

Concert de casseroles pour le ministre Christophe Béchu

Et il n'est pas le seul parmi les membres de l'exécutif à se retrouver confronté au mouvement de contestation. Cela a également été le cas ce mercredi du ministre de la Transition écologique Christophe Béchu.

En déplacement à Coulaines, près du Mans (Sarthe), pour évoquer la prévention des feux de forêt, il a été accueilli cet après-midi par un concert de casseroles et des chants de gilets jaunes. Des images capturées par l'organisation politique Révolution Permanente montre des manifestants tenus à l'écart du ministre mais huant en groupe ce dernier.

Des comités d'accueil pour plusieurs ministres

Cette journée de mercredi ressemble à bien des égards à celle de mardi pour le gouvernement. Le ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées Jean-Christophe Combe a été accueilli à la CAF (caisse des allocations familiales) de Paris par des sifflets et par le chant populaire On est là! entonné par des manifestants.

Dans le même temps, un comité d'accueil s'est constitué devant l'université Paris-Saclay où - selon des manifestants - la ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche Sylvie Retailleau devait inaugurer un nouveau bâtiment. Selon nos confrères du HuffPost, l'université a effectivement invité la ministre pour cette inauguration. Invitation déclinée en raison de problèmes d'agenda selon Paris-Saclay, alors que le cabinet de la ministre assure au pureplayer qu'aucun déplacement de la sorte n'était annoncé.

Échanges avec des opposants pour Lescure et Braun

Et la journée de lundi n'était guère différente. Le ministre délégué à l'Industrie Roland Lescure avait échangé sous escorte policière - avant sa visite de l'usine Duralex à La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret) - avec des manifestants opposés à la réforme des retraites.

"On est dans le début de la fin de la séquence des retraites et dans le début de l'après", a expliqué le ministre ce mercredi soir sur BFMTV, évoquant une "période de transition" pour le pays.

Même scène pour le ministre de la Santé François Braun qui, à sa sortie de l'hôpital de Langon en Gironde où il a annoncé un investissement pour la rénovation du centre hospitalier, a discuté avec des manifestants sous les huées, les appels à la démission et au retrait du texte.

Le ministre de l'Éducation Pap Ndiaye, interpellé la semaine dernière par Dominik Moll qui a reçu le César des Lycéens, a également été accueilli à Reims par des opposants à la réforme des retraites. En déplacement pour évoquer les vacances apprenantes, le ministre a dû arriver par l'entrée arrière du collège qui le recevait selon nos confrères de France Bleu.

Une conférence avec la ministre Agnès Firmin-Le Bodo annulée

Un climat de tensions et qui perturbe les agendas des ministres. Dernière annonce: l'annulation d'une conférence prévue jeudi à Dijon avec la ministre déléguée chargée de l'Organisation territoriale et des professions de santé Agnès Firmin-Le Bodo et axée sur la fin de vie a été annulée. Une décision prise "suite à des menaces sérieuses et avérées d’origine syndicale et en lien avec le mouvement contre la réforme des retraites", selon le député Renaissance Didier Martin, à l’initiative de la soirée.

Emmanuel Macron avait annoncé lundi - lors de son allocution aux Français - une période de "100 jours d'apaisement, d'unité, d'ambition et d'action au service de la France". Si l'exécutif entend afficher son ambition et son action "sur le reste" dans les prochaines semaines, force est de constater que les images d'apaisement et d'unité du pays attendront.

Article original publié sur BFMTV.com