Retraites : À l’Assemblée, Borne a eu bien du mal à se faire entendre sur les inégalités sur les femmes

French Prime Minister Elisabeth Borne (L) speaks with French Junior Minister for the Relations with the Parliament Franck Riester (R) during a session of questions to the government at the National Assembly, French Parliament lower house, in Paris on January 24, 2023. (Photo by BERTRAND GUAY / AFP)

La Première ministre a tenté d’éteindre la polémique née d’une étude dévoilée lundi et entretenue par des déclarations de Franck Riester.

POLITIQUE - Élisabeth Borne a vécu une après-midi agitée ce mardi 24 janvier à l’Assemblée nationale. Vivement interpellée sur l’impact de la réforme des retraites sur les femmes, la Première ministre a tenté d’éteindre la polémique, assurant qu’elle allait « réduire » les inégalités avec les hommes.

« Je ne peux pas laisser dire que notre projet ne protégerait pas les femmes. Au contraire », a lancé Élisabeth Borne, lors de la séance des questions au gouvernement, en réponse à la députée socialiste Mélanie Thomin qui a estimé que les femmes seront « plus lourdement pénalisées » par le report de l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans.

Longuement chahutée sur les bancs de la gauche, la Première ministre a assuré que la réforme réduirait « les inégalités inacceptables entre les femmes et les hommes au moment de la retraite ».

« Nous protégeons les femmes qui ont des carrières incomplètes et hachées, les femmes qui ont commencé à travailler tôt, les femmes qui ont des petites pensions », a-t-elle insisté. « Les femmes seront les premières bénéficiaires de la revalorisation des petites pensions », a-t-elle ajouté.

« La réforme contribuera à réduire l’écart de pension entre les hommes et les femmes », a encore dit la cheffe du gouvernement, dénonçant un « faux procès », mais ajoutant espérer que le débat parlementaire permettrait de « continuer à enrichir le projet ».

La polémique est née d’une étude dévoilée lundi, présentée par le gouvernement comme une étude d’impact de la réforme. Elle montre que cette dernière va pousser les femmes à allonger leur carrière davantage que les hommes, tout en contribuant à réduire les écarts de pensions entre les deux sexes.

« C’est une sortie de route »

Lundi, l’exécutif a d’abord semblé mal à l’aise pour justifier ces impacts. Les femmes « sont un peu pénalisées par le report de l’âge légal, on n’en disconvient absolument pas », avait ainsi assuré le ministre des Relations avec le Parlement Franck Riester. « Les trimestres par enfant ne jouent pas sur le report de l’âge, ils jouent sur la durée de cotisation », avait-il expliqué.

« C’est une sortie de route », soupire un conseiller ministériel. Opposée au report de l’âge légal, la gauche s’est en effet immédiatement saisie des propos de Franck Riester.

« Même le gouvernement finit par reconnaître que les femmes seront ’pénalisées’ par le report de l’âge légal. Plus les jours passent et plus tout démontre l’injustice de ce projet », a tweeté le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure.

« Décidément, la Macronie est aux abois : écoutez-le, on n’aurait pas dit mieux », s’est exclamée l’eurodéputée La France insoumise Manon Aubry.

« Comment ça !? Les femmes qui ont plus de carrières hachées et de moins bons salaires que les hommes risquent d’y perdre avec l’augmentation de la durée nécessaire de cotisation et le recul de l’âge de la retraite, quelle surprise !! », a aussi vilipendé l’économiste de gauche Thomas Porcher, toujours sur le réseau social.

Comme en réponse à l’avalanche de critiques, le porte-parole de Renaissance Loïc Signor a estimé que les opposants à la réforme « ne veulent pas corriger le système actuel… Et pourtant il creuse les écarts de pensions entre hommes et femmes ». « Notre réforme va enfin les réduire. Nous l’assumons. Et nous en sommes même fiers ! », a-t-il tweeté.

VIDÉO - Élisabeth Borne : "Nous réduisons les inégalités inacceptables entre les femmes et les hommes au moment de la retraite"

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