Que retenir de la visite du pape François en Mongolie ?

Alors que le pape François vient de rentrer au Vatican au terme d'un voyage historique à Oulan Bator en Mongolie, la méfiance de Pékin vis-à-vis de l'Eglise catholique reste bien présente.

Tandis que François a vanté les mérites et l'histoire du peuple mongol lors de son déplacement, les autorités chinoises n'ont pas tardé à réagir en faisant interdire un livre emblématique : l'"Histoire générale des Mongols". Cet ouvrage publié en 2004 a été retiré des archives et des bibliothèques et a même été qualifié d'exemple de "nihilisme historique" par Pékin.

Le régime chinois a également interdit à des groupes de catholiques chinois conduits par leurs prêtres de se rendre en Mongolie pour saluer le pape. Certes, quelques fidèles, probablement momentanément stationnés en Mongolie, ont pu manifester leur affection au souverain pontife en apportant même un grand drapeau de la Chine communiste à l'un des rassemblements. Mais les menaces et les intimidations sur les communautés religieuses restent monnaie courante en Chine.

Les mystères de l'accord secret entre la Chine et le Vatican

Mais qu'est-il donc advenu de l'accord secret qui, depuis des années, semble permettre à l'Église de Rome de multiplier ses fidèles en Chine ? De nombreux vaticanistes spéculent depuis quelque temps déjà sur une négociation utilisée par le Parti communiste chinois uniquement pour endiguer ou contenir (sous le strict contrôle de l'État) l'éventuelle croissance du nombre de catholiques en Chine continentale (ils ne sont actuellement que quelques millions). C'est ce qu'a confirmé à Euronews le vaticaniste britannique Christopher Lamb qui, comme ses collègues, ignore les détails du traité entre la Chine et le Vatican dont l'impénétrable gardien est le secrétaire d'Etat du Vatican Pietro Parolin.

Les spécialistes en viennent à penser que cet accord politique est au point mort et que l'Église catholique se porte bien à Hong Kong et à Taïwan mais reste essentiellement l'expression d'une religion marginalisée en Chine continentale.

L'annulation de l'histoire mongole

Comme l'a rapporté en détail l'agence de presse Asianews, la nouvelle de l'annulation de l'histoire des Mongols sur le sol chinois a été diffusée par le quotidien pro-Pékin de Hong Kong, Sing Tao, qui cite une directive émise le 25 août par la branche de Mongolie intérieure de l'Association pour la distribution des livres et des périodiques, une agence gouvernementale chinoise. Ce qui est encore plus intriguant est que l'ouvrage en question, qui est l'œuvre d'universitaires du département d'études mongoles de l'institut d'éducation de Mongolie intérieure, encadrait déjà la culture mongole dans une perspective nationaliste chinoise.

Un échiquier asiatique d'un intérêt absolu

L'ensemble de l'échiquier de l'Extrême-Orient, avec ses landes sans limites et ses populations apparemment éloignées, est aujourd'hui d'une importance capitale. Alors que les tensions internationales se multiplient sur fond de guerre en Ukraine et que des acteurs majeurs comme la Chine, la Russie et les États-Unis manœuvrent dans les profondeurs de toutes sortes de dossiers, la religion risque elle aussi de se retrouver laminée par ces tensions mondiales. À cet égard, Christopher Lamb a expliqué à Euronews que si l'ancienne administration de Donald Trump regardait d'un œil inquisiteur la politique étrangère du Vatican et même son traité avec Pékin, Joe Biden semble plus intéressé par le rôle que les catholiques peuvent jouer en Chine, malgré la situation difficile.

En effet, des paroles de grande ouverture et d'amitié pour le peuple chinois prononcées par le pape François dimanche à la fin de la messe à Oulan-Bator, y compris son exhortation à tous les catholiques à être de bons chrétiens et de bons citoyens, ces déclarations d'amitié n'ont pas été reprises dans les médias officiels chinois.

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