« Il reste encore demain » : le retour de la grande comédie italienne

Le film réalisé par Paola Cortellisi a séduit le public en s’ancrant dans le passé pour mieux évoquer le présent des femmes violentées. - Credit:CLAUDIOIANNONE
Le film réalisé par Paola Cortellisi a séduit le public en s’ancrant dans le passé pour mieux évoquer le présent des femmes violentées. - Credit:CLAUDIOIANNONE

Le jour où Il reste encore demain – son premier film en tant que réalisatrice – est sorti dans les salles italiennes, le 26 octobre 2023, l'actrice et imitatrice Paola Cortellesi a tout de suite senti qu'il se passait quelque chose. « D'habitude, quand un film sort, on fait une tournée en région pour l'accompagner, donner envie aux gens de le voir, explique-t-elle. Là, partout où on passait, les gens faisaient déjà la queue, il y avait foule. Comme si le public attendait ce film pour pouvoir, enfin, se libérer en parlant de ce sujet. » Le sujet en question – celui qui brûle les lèvres des Italiens au point que 5 millions d'entre eux sont allés voir ce film en noir et blanc, le faisant triompher au passage des deux géants américains Barbie et Oppenheimer –, c'est la violence conjugale.

Delia (jouée par la cinéaste elle-même) est une mère de famille comme une autre dans la Rome de l'immédiat après-guerre. Quand le film commence, dans le lit conjugal, son mari (Valerio Mastandrea) lui assène une gifle monstrueuse, exagérée, une vraie gifle de bande dessinée. Façon de signaler d'emblée qu'Il reste encore demain sera une comédie dans l'esprit de Dino Risi et Mario Monicelli : outrancière, caricaturale, et pourtant fidèle en tout point à la réalité. Le 12 novembre, dix-sept jours après la sortie du film, la jeune Giulia Cecchettin, 22 ans, succombe à 26 coups de couteau infligés par son petit ami. Ce féminicide de plus (le 105e cette année-là) bouleverse l'Italie [...] Lire la suite