Le RER B fermé à cause du CDG Express ? Clément Beaune répond aux critiques d’élus d’Île-de-France

Clément Beaune, en juillet 2023 lors d’une déplacement  à Marseille.
Clément Beaune, en juillet 2023 lors d’une déplacement à Marseille.

POLITIQUE - « Circulez, y’a rail à voir ». Alors que la fermeture exceptionnelle d’une partie du RER B ce lundi 14 août suscitait l’inquiétude pour les quelque 200 000 usagers quotidiens de la ligne, le ministre des Transports Clément Beaune a répondu à ceux qui présentent cette interruption du trafic comme la conséquence d’une décision prise par le gouvernement au profit « des plus riches » et au détriment des « plus pauvres ».

Depuis samedi et jusqu’à ce lundi 14 août inclus, le trafic du RER B est totalement interrompu dans les deux sens entre Gare du Nord et Mitry, et entre Gare du Nord et Aulnay-sous-Bois, en direction de l’aéroport Paris-Charles de Gaulle. Raison invoquée : la modernisation des voies de cette ligne, dont le trafic souvent perturbé transforme les déplacements en cauchemar.

Le CDG Express en ligne de mire

Mais pour Stéphane Troussel, président PS de Seine-Saint-Denis - département en partie desservi par le RER B - « une partie de ces travaux n’est pas liée à la modernisation du réseau en Île-de-France » mais « à la création d’une ligne de transport privée, le CDG Express que l’État a imposé contre l’avis des élus locaux. »

Le CDG Express doit relier Paris à l’aéroport de Roissy en 20 minutes, pour un tarif de 24 euros. Initialement prévu pour les JO-2024 et reporté à 2026, le projet s’est longtemps heurté à l’hostilité d’une partie des dirigeants franciliens d’Anne Hidalgo à Valérie Pécresse, inquiets notamment des répercussions des travaux sur les usagers.

« Si ce week-end et ce lundi 14 août il y a de telles difficultés, c’est parce que l’État a voulu accélérer ce projet indépendamment de tous les projets qui sont absolument nécessaires pour améliorer le réseau de transport en Île-de-France. Cela aurait pu être organisé différemment », accusait Stéphane Troussel, sur franceinfo, ce lundi matin.

La veille, le député PS de l’Essonne Jérôme Guedj et le maire adjoint à la mobilité de Paris David Belliard faisaient la même critique. « Pour ce train des riches, on arrête la circulation des lignes fréquentées par les plus pauvres, les travailleurs derniers de cordée », fustigeait ce dernier en dénonçant le nombre insuffisant de bus de substitution. « La priorité aux transports du quotidien, c’est juste après celle des plus riches », tacle l’élu écologiste.

Beaune défend le « en même temps »

En déplacement à la Gare du Nord dans la matinée, le ministre des Transports a une nouvelle fois défendu la nécessité des travaux de modernisation - reconnue par les opposants franciliens. Mais il a refusé d’opposer le chantier du RER B à celui de la création du CDG Express, estimant que les deux projets doivent être vus et appréciés ensemble et « pas l’un contre l’autre ». Il a notamment évoqué une enveloppe de 500 millions d’euros dédiés au RER B dans le budget global de plus de 2 milliards d’euros du CDG Express.

« Ces travaux (de modernisation) servent-ils à la construction du CDG Express ? Oui ! Ils la facilitent. Mais c’est un travail d’ensemble : quand on améliore la signalisation, le réseau, cela bénéficie en même temps au RER B et au futur CDG Express », a-t-il écrit sur les réseaux sociaux... Sans démentir donc frontalement les propos des oppositions.

L’échange s’est ensuite transformé en bataille politique en règle lorsque le ministre, à qui l’on prête des vues sur l’Hôtel de ville en 2026, a cinglé : « la Mairie de Paris contribue de manière dérisoire au financement des transports franciliens : si le sujet la préoccupe tout à coup, c’est une bonne nouvelle pour tous ».

De quoi remettre une pièce dans la guéguerre avec les élus locaux parmi lesquels Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la maire de Paris, qui a réfuté ces accusations et dénoncé une « polémique mesquine et mensongère ». David Belliard a lui accusé le ministre de faire preuve de « mauvaise foi » et de « dire n’importe quoi au sujet des financements par Paris des Transports en commun », faisant mine de s’interroger sur ses ambitions : « Peut-être parle-t-il en tant que candidat à la Mairie de Paris ? ou Président d’IDFM ? Ou Président de la SNCF ? On ne sait plus très bien », tacle-t-il. Même sur le RER B ce lundi matin, l’ambiance était moins tendue.

À voir également sur Le HuffPost :

Le prix du pass Navigo devrait encore augmenter en 2024, annonce Île-de-France Mobilités

Prix des billets SNCF : la compagnie propose de payer ses voyages en trois fois sans frais