La rentrée scolaire 2022 placée sous le signe de l’activité physique

Small children doing sport with instructor.
Halfpoint Images / Getty Images Small children doing sport with instructor.

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Les 30 minutes de sport par jour à l’école semblent être difficiles à mettre en place pour les enseignants.

SPORT - C’est la nouveauté de la rentrée : les élèves d’écoles élémentaires (du CP au CM2) devront désormais pratiquer 30 minutes d’activité physique chaque jour. Une mesure voulue par Emmanuel Macron, mais décriée par plusieurs syndicats qui regrettent une impréparation criante.

« Un grand flou, né d’une grande précipitation », résume la secrétaire générale du SNUipp-FSU, Guislaine David : « Au final, le risque est que cette mesure passe silencieusement à la trappe. » La mesure est inspirée de ce qui se fait en Écosse et destinée à lutter contre la sédentarité des élèves. Mais elle a visiblement pris de court le monde enseignant. Une directive du ministère de l’Éducation nationale est tombée en plein été, fin juillet, pour tenter de border le dispositif : pas besoin de logistique, pas besoin de tenue pour les élèves, et des outils pédagogiques mis à disposition des enseignants.

Un dispositif déjà testé dans 7 000 écoles

Le ministre de l’Éducation Nationale Pap Ndiaye a précisé le 26 août que cette séance devait se dérouler « au sein de l’établissement scolaire », donc dans une cour, sous un préau, ou dans une salle dédiée. Marche active, yoga, relaxation, jeux de ballon, corde à sauter… Le panel des activités proposé semble bien large. « Sur le principe, on est d’accord, faire de l’activité physique pour lutter contre la sédentarité c’est super. Mais la méthode n’est pas bonne », regrette aussi Benoit Hubert, secrétaire national du Snep-FSU. « Là, ce qui est proposé c’est du gigotage, ce n’est pas très sérieux ».

Le dispositif a déjà été expérimenté durant la dernière année scolaire, dans plus de 7 000 écoles primaires sur les 44 000 que compte l’Hexagone. « Et l’expérience a vraiment bien fonctionné », assure l’entourage de la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra. Sauf que le son de cloche diffère côté enseignant. « Cela a été fait à la va-vite, un effet d’annonce à deux ans des JO de Paris, une lubie de l’ancien ministre Jean-Michel Blanquer », regrette Guislaine David.

Expérimentation dans les collèges

Comme le rapporte France Info, une expérimentation pour stimuler l’activité physique chez les collégiens sera lancée à partir du lundi 7 octobre dans les établissements volontaires. Ils seront amenés à aménager les emplois du temps de manière que les élèves — là aussi, volontaires — fassent deux heures de sport supplémentaires par semaine.

Mais selon Benoît Hubert, le syndicat majoritaire des professeurs d’EPS, « rester sur une pratique volontaire, sur un temps périscolaire, ne va pas les inciter à pratiquer davantage. »

Des chiffres inquiétants

Le jour de la rentrée scolaire, c’est également la date choisie par Santé publique France pur le lancement d’une campagne destinée à faire bouger les adolescents. Déclinée pendant un mois sur différents supports (TV, cinéma, radio, réseaux sociaux…), elle vise à « booster les parents en les incitant à proposer à leurs enfants davantage d’activités physiques », explique Anne-Juliette Serry, responsable de l’unité alimentation et activité physique chez SPF. Ils peuvent par exemple « leur proposer de faire du sport en famille, avec des copains, ou servir d’exemple en étant eux-mêmes actifs. »

La campagne est basée sur plusieurs études qui démontrent la sédentarité des jeunes français. La première, réalisée en 2015, a montré que parmi les enfants de 6-17 ans, seulement 50,7 % des garçons et 33,3 % des filles atteignaient la recommandation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) : pratiquer au moins 60 minutes d’activité physique d’intensité modérée à élevée par jour.

Passé l’âge de 10 ans, une nette baisse de l’activité physique est observée, davantage marquée chez les filles : sur la tranche d’âge 11-14 ans, 33,7 % des adolescents et 20,2 % des adolescentes atteignent cette recommandation. La proportion de jeunes passant trois heures ou plus devant un écran chaque jour atteint 45 % chez les 6-10 ans, 70 % chez les 11-14 ans, 71 % chez les filles et 87 % chez les garçons de 15-17 ans.

Une autre étude menée par Santé publique France avec Kantar public a aussi montré que les parents ont fréquemment le sentiment que le niveau d’activité de leur enfant est suffisant, perception qui se fonde sur des critères non objectifs (« il n’est pas en surpoids », « il se sent bien », « il fait du sport à l’école »).

À voir également sur le HuffPost : « C’est mieux que rien » : Avant la rentrée, la formation express des enseignants contractuels

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