Rentrée littéraire : quand Proust change vraiment votre vie

Laure Murat et Marcel Proust. - Credit:©Photo Josse/Leemage
Laure Murat et Marcel Proust. - Credit:©Photo Josse/Leemage

«Toute mon adolescence, écrit Laure Murat, j'ai entendu parler des personnages de La Recherche, persuadée qu'ils étaient des oncles ou des cousines que je n'avais pas encore rencontrés. » Pour celle qui naît princesse dans une famille prestigieuse (elle descend de Joachim Murat par son père et des Luynes par sa mère), lire À la recherche du temps perdu signifie croiser plusieurs aïeux (son arrière-grand-oncle, le duc d'Uzès, est cité parmi les amis de Robert de Saint-Loup) et voir revivre ces salons de la Belle Époque dont l'hôtel Murat, sis rue de Monceau, fut l'un des lieux phares. « Maman Cécile », l'arrière-grand-mère de l'autrice, y reçut d'ailleurs Marcel Proust lui-même sans grand enthousiasme, plaçant « ce petit journaliste » en bout de table. Proust, roman familial pourrait n'être que l'évocation pittoresque mais anecdotique d'un monde aristocratique qui agonisait déjà au temps de l'écrivain. C'est au contraire un livre intense, passionnant. Parce qu'il raconte au présent comment une rencontre avec un chef-d'œuvre peut bouleverser une vie. « Ce fut un choc », résume Laure Murat, universitaire et essayiste réputée (sa Maison du docteur Blanche publiée chez Lattès en 2001 remporta le prix Goncourt de la biographie).

Clef de compréhension. Née en 1967 dans cette haute aristocratie exsangue, saturée de codes, dévastée par un terrifiant manque d'affection maternelle et consciente d'une différence sexuelle ô combien proustienne, l'historienne trouve dans [...] Lire la suite