Rencontres de Saint-Denis : qui vient et qui ne vient pas au rendez-vous fixé par Emmanuel Macron

Snobé par Faure, Bompard et Ciotti, le rendez-vous rassemblera néanmoins plusieurs membres de l’opposition. De gauche comme de droite.

POLITIQUE - Cette fois, le buffet sera moins garni. Ce vendredi 17 novembre à Saint-Denis, les chefs de partis sont (encore) invités par Emmanuel Macron à échanger sur la simplification du référendum d’initiative partagée, la décentralisation, l’international mais aussi « les pistes d’évolution du référendum » et ce, dans le prolongement des « rencontres de Saint-Denis », nom donné à la première édition de ce format organisé fin août.

Un ordre du jour qui ne suffit pas à remplir toutes les chaises, certains membres de l’opposition, de gauche comme de droite, ayant décliné — pour des raisons proches — l’invitation du chef de l’État. Pour rappel, le « format Saint-Denis » réunit tous les chefs de partis représentés au Parlement.

Étaient donc présents, fin août, lors de la première édition Jordan Bardella (RN), Éric Ciotti (LR), Olivier Faure (PS), Hervé Marseille (UDI), François Bayrou (MoDem), Édouard Philippe (Horizons), Marine Tondelier (Les Écologistes), Manuel Bompard (LFI), Stéphane Séjourné (Renaissance) et Fabien Roussel (PCF). À ceux-ci s’ajoutent la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, son homologue du Sénat Gérard Larcher et celui du Cese Thierry Beaudet.

À gauche, sans Faure ni Bompard

Un casting qui voit la part des oppositions se réduire de moitié. Premier chef de parti à refuser : Olivier Faure. Le 6 novembre, le premier secrétaire du PS a adressé une fin de non-recevoir au chef de l’État. « C’est non car je ne veux pas supprimer le Parlement, je crois à la démocratie », justifiait-il, dénonçant une « mascarade » visant selon lui à blanchir les propositions du RN et de LR en faveur d’un référendum sur l’immigration.

Le lendemain, la France insoumise a diffusé un communiqué pour justifier son refus de participer à ce nouveau rendez-vous, en dénonçant « la multiplication de ces exercices monarchiques visant à contourner le débat organisé dans ses formes constitutionnelles ». Ces absences, qui interviennent au moment où s’écrivent les nécrologies de la NUPES, ne valent pas position commune à gauche. En effet, Marine Tondelier et Fabien Roussel ont eux décidé de répondre présent. « Nous irons, notamment pour pouvoir parler de Gaza et de la Palestine puisque c’est à l’ordre du jour », a déclaré sur France 2 le leader communiste. Dans une lettre ouverte adressée à Emmanuel Macron le 11 novembre, la cheffe de file des écolos a justifié sa présence par la nécessité de porter les questions environnementales.

À noter qu’un petit nouveau fait son arrivée : Guillaume Lacroix. Président du Parti radical de gauche, il était absent les fois précédentes. Or, depuis le renouvellement du Sénat, son parti préside le groupe Rassemblement démocratique et social européen (RDSE). Voilà pourquoi il est invité à la table.

Ciotti choisit la chaise vide

À droite, Éric Ciotti a surpris nombre d’observateurs en annonçant mardi 14 novembre qu’il déclinait l’invitation, en faisant savoir que le refus du chef de l’État de participer à la marche contre l’antisémitisme avait achevé de le convaincre. Fustigeant dans Le Figaro « une énième démarche de communication », le président des Républicains pose un lapin à Emmanuel Macron au moment où les troupes macronistes et les parlementaires LR doivent s’entendre pour faire passer le projet de loi immigration.

Auprès du HuffPost, le député LR Antoine Vermorel-Marques justifie le refus. « Éric a raison de ne pas s’y rendre. Le Président connaît nos propositions, il peut les reprendre sans grand-messe s’il les partage », explique l’élu de la Loire. Ce qui est loin de faire l’unanimité dans ce camp. « Je n’aime pas la politique de la chaise vide. Je pense en plus que, quand il y a des possibilités de dialoguer, il ne faut jamais les refuser », a regretté sur France 2 le président LR de la région des Hauts-de-France Xavier Bertrand, dénonçant aussi une incohérence entre cette absence et la participation annoncée du président LR du Sénat Gérard Larcher. Auprès du Parisien, un parlementaire LR fustige en « off » la « connerie » du député des Alpes-Maritimes, qui offre par son absence davantage de place au président du RN Jordan Bardella.

« Les portes resteront ouvertes »

Invité par Le HuffPost à réagir à ces refus, l’Élysée affirme ne pas en prendre ombrage. « Jusqu’à vendredi, les portes de cette rencontre resteront ouvertes à tous ceux qui y ont été conviés », affirme l’entourage du chef de l’État, rappelant que des questions brûlantes d’actualité sont à l’ordre du jour, comme « la situation internationale, notamment au Proche-Orient, dont les conséquences se sont traduites en France par une augmentation des actes antisémites ».

« Je pense que c’est une faute politique majeure de la part de ces dirigeants (...) L’absence à une réunion de travail sur des réformes constitutionnelles est absolument indigne » de leur part, a déclaré le président français lors d’une conférence de presse au premier jour de sa visite d’État en Suisse. « Aucun prétexte ne le justifie et surtout pas d’utiliser le contexte géopolitique actuel », a encore dit le chef de l’État, en allusion au conflit au Proche-Orient.

Auprès du HuffPost, un ministre affirmait dans la semaine qu’Emmanuel Macron a évoqué ces défections lors du Conseil des ministres. « Sur les rencontres de Saint-Denis, il a indiqué que “c’était très paradoxal que LR et le PS, qui prétendent être des partis de gouvernement, ne viennent pas”, et il a insisté sur le fait que “c’est eux qui laissent s’installer le face à face avec le RN ”», assure notre interlocteur.

Car, effectivement, le président du RN, Jordan Bardella, compte bien répondre présent, cette rencontre permettant au parti d’extrême droite de poursuivre sa stratégie de « normalisation », tout en poussant ses propositions sur l’immigration au plus haut sommet de l’État. Auprès du Monde, le patron de l’UDI Hervé Marseille le regrette déjà : « il va occuper tout l’espace, Ciotti lui fait un cadeau somptueux ». Le sénateur des Hauts-de-Seine sera bien présent, tout comme tous les chefs de partis de la galaxie macroniste, ainsi que le député Renaissance Éric Woerth, qui a été missionnée par le chef de l’État pour plancher sur la décentralisation.

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