Rencontres d’Arles – Les films rêvés de Gregory Crewdson

Starkfield Lane, série « An Eclipse of Moths », épreuve pigmentaire, 2018-2019, de Gregory Crewdson.  - Credit:GREGORY CREWDSON / Avec l’aimable autorisation de l’artiste
Starkfield Lane, série « An Eclipse of Moths », épreuve pigmentaire, 2018-2019, de Gregory Crewdson. - Credit:GREGORY CREWDSON / Avec l’aimable autorisation de l’artiste

En découvrant le travail de Gregory Crewdson, ces paysages cadrés comme des tableaux d'Edward Hopper, ces silhouettes fantomatiques et ces rues désertées mises en scène avec une précision d'entomologiste, on a le sentiment très net de voir les images de films qui n'existent pas. « Eveningside 2012-2022 » nous entraîne dans ces films fantômes, dépouillés de tout récit ou plutôt construits par l'imagination du spectateur. Des films où l'on repère l'influence des maîtres Alfred Hitchcock et David Lynch.

« Je suis plus influencé par le cinéma que par la photographie, confiait récemment Crewdson, né à Brooklyn il y a tout juste soixante ans, au magazine Interview. J'ai vu Blue Velvet quand j'étais étudiant et ç'a été un choc considérable. » Dans « Eveningside »*, les personnages sont souvent des silhouettes lointaines, placées devant des lieux de travail : un magasin, un guichet de banque, un bureau… Les photos saisissent par leur beauté, mais procurent un sentiment persistant de malaise.

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Dans un documentaire intitulé Gregory Crewdson : Brief Encounters, le photographe au travail s'enthousiasme devant un décor possible : « Quel endroit bizarre ! » Compliment suprême ? Non, explique-t-il, car « tout autant que l'étrange, je cherche le familier, l'ordinaire, l'anonyme. » Comme un parfum d'inquiétante normalité.

*« Eveningside 2012-2022 », la Mécanique générale. Du 3 juillet au 24 septembre.