Qui sont les rebelles Houtis accusés d'avoir tiré des missiles sur Israël depuis le Yémen?

Le conflit opposant Israël au Hamas impacte et ruisselle sur l'ensemble du Proche et du Moyen-Orient. Si à la frontière libanaise le mouvement du Hezbollah échange des tirs avec Israël ou si l'Égypte, voisine, autorise le passage d'un convoi humanitaire, le Yémen semble lui aussi être entré dans la partie ce jeudi.

Des missiles et des drones, envoyés depuis ce pays de la Péninsule arabique allant "potentiellement" vers Israël, ont été abattus par un destroyer américain "opérant dans le nord de la mer Rouge" dans le cadre de la présence militaire renforcée des États-Unis dans la région après le déclenchement le 7 octobre de la guerre entre Israël et le Hamas palestinien.

"Israël prêt à faire face à une telle menace"

Le porte-parole de Tsahal pour les médias arabes a confirmé cette information ce vendredi matin déclarant qu'Israël est "prêt à faire face à une telle menace", appuyé par sa capacité de défense aérienne, "l'une des meilleurs au monde" et par les capacités américaines dans la région".

Derrière ces tirs: les Houtis, une faction rebelle, soutenue par l'Iran, en conflit avec le gouvernement central yéménite, soutenu par l'Arabie saoudite, depuis 2014. Selon le média américain ABC News, leur chef Abdel-Malek al-Houthi a déclaré la semaine dernière que son groupe "répondrait par des tirs de drones et de missiles" si les États-Unis intervenaient directement dans le conflit de Gaza.

Une guerre et une crise humanitaire

Les Houtis sont une communauté de confession zaïdite, une branche de l'islam chiite, qui représente environ 40% de la population du pays. Ils sont les héritiers des imams zaïdites qui ont "gouverné le nord du Yémen durant un millier d'années jusqu'à leur renversement en 1962 par une révolution civile à dominante sunnite", note L'Orient le jour.

Par la suite, cette communauté n'a cessé de dénoncer sa marginalisation, sa mise à l'écart de la vie politique, économique et religieuse du pays. Six guerres ont été livrées contre eux de 2004 à 2010 par l'ancien président Ali Abdallah Saleh.

En 2004, leur leader, fils du "guide spirituel" dont ils tirent leur nom - Badreddin al-Houthi - a été tué. Et en 2011, en marge du Printemps arabe, les Houtis se sont immiscés dans la révolte populaire et ont contribué à la chute du président Ali Abdallah Saleh remplacé par Abd Rabbo Mansour Hadi.

L'ancien président et ses troupes, devenus alliés, ont contribué à leur montée en puissance. Pour renverser le pouvoir en place, les Houtis sont entrés dans la capitale Sanaa, en septembre 2014, déclenchant une guerre contre les forces gouvernementales.

Depuis, le pays connaît la plus grave crise humanitaire au monde. La famine fait rage et l'accès à l'eau potable est rare: 70% de la population a besoin d'une aide humanitaire. Quatre millions de personnes sont déplacées au sein du pays.

"Au Yémen, un enfant perd la vie toutes les dix minutes en raison de maladies évitables", note l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés.

Une paix prochaine?

Depuis une trêve établie en avril 2022, expirée en octobre suivant, les combats semblent s'être atténués. Le rapprochement entre l'Iran et l'Arabie Saoudite en mars dernier a conduit à des rencontres entre des responsables saoudiens et des Houthis, d'abord à Sanaa en avril, puis à Ryad en septembre. Les délégations ont qualifié ces discussions de positives, bien qu'elles n'aient pas abouti à un cessez-le-feu durable.

Ce mercredi, le ministre de la Défense saoudien a rencontré l'actuel président du Yémen, Rashad al-Alimi, son allié donc, "pour discuter des efforts communs en faveur de la paix au Yémen", écrit-il sur X (ex-Twitter).

"J'ai également souligné l'importance d'une solution politique globale, atteinte par toutes les parties yéménites sous la supervision de l'ONU, pour mettre fin à la crise et parvenir à une paix et une prospérité durables au Yémen", a-t-il déclaré.

De son côté, le Quai d'Orsay fait état depuis le 15 octobre "d'une offensive militaire d’ampleur en cours dans la région d’Hodeïda, susceptible de provoquer d’importants mouvements de population".

Des rebelles soutenus par l'Iran

Ce conflit au Yémen n'est autre que le terrain d'affrontement des deux grandes puissances de la région : l'Iran et l'Arabie Saoudite. Téhéran, protecteur des chiites, aide financièrement et logistiquement les Houtis. L'Arabie Saoudite, de population sunnite, s'est quant à elle engagée dans le conflit en 2015 en lançant une intervention aérienne en coalition avec neuf autres pays arabes, soutenue par les États-Unis, pour anéantir la rébellion houthie.

Ce récent lancé de missiles du territoire yéménite en direction "potentielle" de l'Israël, interceptés par les États-Unis, braque de nouveau les projecteurs sur Téhéran. Les États-Unis se sont gardé de les accuser d'être derrière les attentats du 7 octobre par le Hamas en Israël mais le doute subsiste.

Article original publié sur BFMTV.com