Raphaël Quenard est aussi nommé aux César pour « L’acteur », un docu auquel il ne faut pas trop se fier

Raphaël Quenard, ici dans le court-métrage documentaire « L’acteur », en compétition aux César 2024.
Capture d’écran France.tv Raphaël Quenard, ici dans le court-métrage documentaire « L’acteur », en compétition aux César 2024.

CINÉMA - « J’ai engagé Raphaël sans même le voir jouer pour de vrai. Et de manière très transparente, je m’en mords les doigts. » Ces mots amers, ce sont ceux de Jean-Baptiste Durand à propos de Raphaël Quenard dans L’acteur, sorte d’ovni d’une vingtaine de minutes filmé sur le tournage de Chien de la casse. Il concourt aux César, ce vendredi 23 février, dans la catégorie du meilleur court métrage documentaire.

« Je suis marron tous les jours. Soit, je ne rentre pas ma journée et je le regarde faire son show. Soit je rentre ma journée et je n’ai que de la merde. Parce qu’en fait, ce n’est pas un comédien », continue de maugréer le cinéaste face à Hugo David, coréalisateur du court-métrage aux côtés de Raphaël Quenard, lui-même.

Ses partenaires à l’écran Galatéa Bellugi et Anthony Bajon décrivent, eux, un enfer. Pour l’une, il était impossible d’être sa voisine de chambre. Raphaël Quenard répétait toutes les nuits en hurlant. Pour l’autre, impossible de comprendre ce que lui disait l’acteur au phrasé si particulier.

On le découvre sous les traits d’un homme narcissique, incompris et imprévisible qui n’en ferait qu’à sa tête au péril de la réussite de ses collaborateurs. Vraiment ? Hugo David nous rassure : « Tout s’est bien passé. » Ces séquences ont été créées de toutes pièces.

L’acteur, entre fiction et réalité

Disponible sur France.tv, L’acteur n’est pas un documentaire comme un autre sur le comédien que tout le monde s’arrache. Il est né « un peu par accident », nous dit Hugo David. Engagé pour le making of de Chien de la casse, ce dernier a très vite trouvé en Raphaël Quenard un bon client : « il est très généreux à l’écran et a toujours une bonne blague ». Le jeune homme décide de le suivre à la trace.

Devant sa caméra, son acolyte s’amuse, improvise et disserte à « flux tendu » sur le métier de comédien. « Deux semaines avant la fin du tournage, on trouve qu’un personnage se dessine, continue Hugo David. C’est un personnage divertissant qui dit un peu n’importe quoi, quand tout à coup, lui vient un éclair de génie qui va nous mettre le doute. La minute d’après, il ressort une ânerie, brouillant à nouveau les pistes. »

Le documentaire, lui, floute les frontières entre réalité et fiction. Un choix délibéré. « Si par moments, il arrive d’avoir un doute, c’est que la performance a visé juste dans sa tentative de viser à côté », nous confirme son coréalisateur. Proche du « documenteur », un genre qui entretient le doute jusqu’à la fin, L’acteur ne se revendique d’aucune étiquette, selon Hugo David.

Derrière L’acteur, un vrai message

« En revanche, on est content de voir que les César partent du principe que c’est un documentaire, estime ce dernier. C’est aussi saluer tout l’aspect du film pris sur le vif mettant en scène des personnes qui ne savent pas qu’elles sont filmées. »

Ces mots n’ont rien d’anodin, ils rappellent que beaucoup de documentaires s’autorisent des moments de fiction. Également nommé aux César, Little Girl Blue de Mona Achache avec Marion Cotillard est un exemple. Les films de Sébastien Lifshitz (Petite fille, Adolescentes) dans leur mise en scène, aussi.

Cela ne retire en rien le « vrai message » du court-métrage, revendique Hugo David. Lequel ? « Comment transmettre un vrai message. » Ce n’est pas aussi métaphysique qu’il y paraît. Derrière les monologues philosophiques de Raphaël Quenard sur son jeu d’acteur, les deux hommes livrent en réalité un ingénieux discours sur le métier de comédien. C’est, d’après eux, « quelqu’un à travers qui quelqu’un d’autre (un metteur en scène, ndlr) s’exprime ».

Mais alors « où se trouve le vrai message d’un comédien, si son métier consiste juste à réciter les mots d’un autre ? » s’interroge Hugo David. Et nous aussi.

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