“Radio Metronom”, quand des airs de rock faisaient souffler un vent de liberté sur la Roumanie

À première vue, Radio Metronom raconte l’histoire de deux amoureux [deux adolescents de 17 ans, Ana et Sorin], dans la Roumanie de 1972. Leurs derniers jours ensemble avant une séparation définitive. Avions-nous besoin d’un film de plus sur l’époque communiste [et la dictature de Nicolae Ceausescu (1967-1989)] ?

Quand on y regarde de plus près, il est clair qu’il ne s’agit ni d’un objet de collection ni d’une histoire romantique. Il y est question de maturité, de risque, du courage qui se mue en peur avant de redevenir courage, de l’incertitude et de décisions difficiles. Le climat politique et culturel de la Roumanie des années 1970 pèse sur chaque aspect de l’existence. Pour tous les personnages du film, à l’exception des personnages négatifs, la liberté est une chimère, le présent n’est pas satisfaisant et l’espoir s’exprime plus par la musique que par des mots.

HOTNEWS. Metronom était une émission musicale diffusée sur Radio Free Europe [une radio clandestine financée par les Américains durant la guerre froide]. Qu’est-ce qui t’a attiré dans cette émission et dans le programme musical de son présentateur, Cornel Chiriac ?

ALEXANDRU BELC. L’idée de liberté. L’idée de liberté transmise d’au-delà des frontières. Chez nous, ils essayaient de tenir les gens en laisse, de former une typologie de la pensée, à travers la propagande. Par l’intermédiaire de Radio Free Europe [et de l’émission Metronom, qui diffusait du rock occidental], on combattait cette propagande. Pour nous, c’était l’idée de liberté qui nous arrivait par la musique. J’ai cherché un moyen de transmettre cela dans un film.

J’ajoute aussi que je suis de toute façon fasciné par l’histoire, par l’histoire récente. Nous parlons d’un temps où les Roumains ont pu avoir un avant-goût de la liberté. Et puis, peu à peu, l’étau s’est resserré [en 1971, dans un discours intitulé les “Thèses de juillet”, Ceausescu appelle à une mise au pas des artistes et amorce un durcissement de son régime ; cette année-là, chanter en anglais devient notamment interdit].

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