Sur le rachat des RTT, Jadot et Piolle dénoncent « le cheval de Troie d’une régression sociale »

L’Assemblée nationale lors d’une séance avec la Première ministre Élisabeth Borne en juin 2021. (Photo by Bertrand GUAY / AFP)
BERTRAND GUAY / AFP L’Assemblée nationale lors d’une séance avec la Première ministre Élisabeth Borne en juin 2021. (Photo by Bertrand GUAY / AFP)

BERTRAND GUAY / AFP

L’Assemblée nationale a voté une mesure en faveur du rachat des RTT.

POLITIQUE - Pour ces seize personnalités dont les écologistes Yannick Jadot et Éric Piolle, la possibilité pour les entreprises de racheter aux salariés les jours de RTT est « un cheval de Troie de la régression sociale », jugent-ils dans une tribune publiée samedi 30 juillet sur le site internet du JDD.

Ils estiment que cette mesure adoptée le 22 juillet à l’Assemblée, qui est une proposition des députés LR dans le cadre du projet de loi de finances rectificatives, « accroît le lien de subordination entre le salarié et l’employeur, affaiblit le dialogue social en entreprise et porte un coup sans précédent aux 35 heures ».

La mesure stipule que « le salarié, quelle que soit la taille de l’entreprise, peut, sur sa demande et en accord avec l’employeur, renoncer à tout ou partie des journées ou demi-journées de repos acquises au titre des périodes postérieures au 1er janvier 2022 et jusqu’au 31 décembre 2023 en application d’un accord ou d’une convention collective instituant un dispositif de réduction du temps de travail », rappellent les signataires.

Les signataires dénoncent une remise en cause des 35 heures

Comme la gauche à l’Assemblée, ils fustigent une disposition qui n’a pas besoin de « négociation sociale » pour être appliquée et se trouve être un « formidable outil unilatéral de remise en question des 35 heures ». Elle « sert surtout à éviter de traiter le vrai sujet du pouvoir d’achat : les augmentations de salaires », ajoutent-ils.

Ces personnalités, dont des représentants syndicaux de la CFE-CGC et de la CFDT Cadres, y voient « un puissant levier pour l’employeur, lui permettant de refuser l’attribution de jours de repos en arguant du paiement de ceux-ci, face à un salarié tiraillé entre son besoin de repos et l’amélioration de son pouvoir d’achat ».

Une « amélioration relative au demeurant, car proposer de payer des RTT majorées à 10 % plutôt que des heures supplémentaires majorées à 25 %, c’est offrir de ’travailler beaucoup plus pour gagner peu’ », écrivent-ils.

Apres négociations pour les projets de loi pouvoir d’achat et de bugdet rectifié

Le dispositif de Réduction du temps de travail (RTT) alloue des journées ou demi-journées de repos aux salariés dont le temps de travail est supérieur à 35 heures par semaine, qui disparaissent actuellement si elles ne sont pas prises. Le rachat n’est possible que par accord d’entreprise ou de branche ou dans des cas précis.

De plus, « la possibilité ’encadrée’ de monétisation est soumise à cotisations, contribuant ainsi au financement de la protection sociale. La nouvelle disposition, elle, exonère l’employeur du versement de cotisations patronales, ce qui affaiblit ce financement », soulignent-ils.

Les projets de loi sur le pouvoir d’achat et de budget rectifié ont donné lieu à des débats acharnés entre la majorité et les oppositions à l’Assemblée. En particulier entre le gouvernement et les élus de gauche qui ont des visions économiques diamétralement opposées sur la façon de redonner du pouvoir d’achat aux Français face une forte inflation.

Les sénateurs se lanceront lundi dans le budget rectificatif pour 2022, avec un débat sur une possible taxe sur les « superprofits » qui s’annonce houleux.

À voir également aussi sur le Huffpost : Le gouvernement épinglé pour ses voitures à l’arrêt moteur allumé

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