Réseaux sociaux: un député propose une loi pour encadrer les publications d'enfants

Le député de la majorité présidentielle, Bruno Studer, veut "garantir le respect du droit à l'image des enfants".

1,3 million. C'est le nombre de personnes abonnées au compte Instagram de Tiago, âgé de seulement 4 ans. Son profil est bien alimenté: des centaines de photos sont postées par ses parents, Julien et Manon Tanti, des stars de la téléréalité.

Cette pratique, encadrée par la loi, s'étend néanmoins au-delà du monde des influenceurs. On la retrouve au sein de familles ordinaires, avec une prolifération, parfois non-maîtrisée, d'images même si les enfants n'ont pas de relation commerciale.

1300 photographies avant l'âge de 13 ans en moyenne

Afin d'encadrer le phénomène, Bruno Studer, député Renaissance du Bas-Rhin, a déposé une proposition de loi visant "à garantir le respect du droit à l'image des enfants". "La garantie de la protection de la vie privée des enfants doit être au XXIe siècle, à l’heure des réseaux sociaux, une des grandes missions des parents", explique le parlementaire de la majorité sur BFMTV.

"Même s’il ne s’agit pas de tout dramatiser, il faut avoir conscience de ce qui peut arriver à une photo quand on la poste, notamment quand on met en scène un enfant."

Dans son texte, il indique qu'un enfant, en moyenne, "apparaît sur 1300 photographies publiées en ligne avant l'âge de ses 13 ans, sur ses comptes propres, ceux de ses parents ou de ses proches".

Les risques pour lui sont multiples. "Sur internet, il y a un certain nombre de personnes qui ne sont pas forcément des gens très fréquentables et qui peuvent très bien exploiter ces contenus à des fins de pédopornographie", explique sur BFMTV Thomas Rohmer, directeur de l'Observatoire de la parentalité et de l'éducation nationale.

"Harcèlement"

Ainsi, selon Bruno Studer, "50% des photographies qui s'échangent sur les forums pédopornographiques avaient été initialement publiées par les parents sur leurs réseaux sociaux".

Les conséquences pour les enfants sont parfois également de l'ordre psychologique. Par exemple, ils "peuvent être victimes de moqueries de leurs camardes qui retrouvent des vieilles photos d'eux plus jeunes", ou impactés dans "leur estime d'eux-mêmes", indique Socheata Sim sur BFMTV. Elle est responsable de la mission sociale au sein de l'association Caméléon, dont le but est de protéger les enfants des violences sexuelles.

"Les enfants grandissent et peuvent être la cible de harcèlement au fur et à mesure de leur parcours scolaire", abonde Bruno Studer. Avant d'insister: "Et que dire si la matière première du harcèlement, ce sont des photos ou des vidéos prises et publiée par la famille elle-même".

Un examen en mars

Pour lutter contre le phénomène, il propose notamment d'"introduire la notion de vie privée dans la définition de l'autorité parentale". Mais également d'ouvrir "la voie à une délégation forcée de l'autorité parentale dans les situations où l'intérêt des parents rentre en conflit avec l'intérêt de l'enfant dans l'exercice du droit à l'image de ce dernier".

Le texte de Bruno Studer pourrait être soumis au vote de l'Assemblée nationale lors de la deuxième semaine du mois de mars.

Article original publié sur BFMTV.com

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