Le régiment Azov est désormais une “organisation terroriste” pour la justice russe

Présentés tantôt comme des néonazis, tantôt comme des héros patriotes notamment lors de la bataille de Marioupol, les membres du bataillon Azov sont au cœur d’une guerre de propagande entre la Russie et l’Ukraine. Sans surprise, la Cour suprême russe vient de déclarer le régiment “organisation terroriste”, exposant ses soldats à de lourdes peines.

La Cour suprême russe a classé, mardi 2 août, le régiment ukrainien Azov comme “organisation terroriste” et a interdit ses activités sur le territoire de la Fédération de Russie, satisfaisant une requête formulée dans ce sens par le Parquet général. Ce bataillon créé en 2014 par la frange la plus dure de l’extrême droite ukrainienne, comptait à l’origine 800 hommes. Selon Kiev, il a depuis été renforcé et intégré à l’armée ukrainienne comme régiment. Avant le déclenchement de la guerre avec la Russie, il comptait entre 3 000 et 5 000 hommes qui n’étaient pas tous d’obédience néonazie.

Une partie de l’audience s’est tenue à huis clos, précise le journal en ligne Gazeta.ru, en raison du “caractère confidentiel” de certains documents. Plusieurs “experts” ont été convoqués devant les juges de la Cour suprême. Sans surprise, leurs témoignages ont mis en exergue le caractère “néonazi” et “terroriste” de l’organisation. Aleksandr Dioukov, directeur de la Fondation pour la mémoire historique, a par exemple présenté un document intitulé “Néonazisme et terrorisme dans l’idéologie et l’activité du mouvement Azov en Ukraine” et cité des articles des fondateurs du régiment contenant, selon lui, des signes de “racisme biologique extrême”.

Plusieurs enquêtes ouvertes en Russie

Selon le Code pénal russe, les membres d’une organisation terroristes risquent entre 10 et 20 ans de prison ; ses dirigeants, de 15 à 20 ans, précise Gazeta.ru. Le journal rappelle aussi que plusieurs actions en justice sont déjà menées en Russie contre les membres d’Azov, pour des crimes prétendument commis en Ukraine. Une enquête a notamment été ouverte pour “le meurtre de policiers à Marioupol”, ville prise par l’armée russe au terme de violents combats, et une autre pour le bombardement de civils dans le Donbass.

Vu d’Ukraine, les membres du régiment Azov se sont surtout illustrés dans la défense désespérée de la ville de Marioupol face aux envahisseurs russes, bien plus nombreux et mieux équipés. Selon les chiffres du ministère russe de la Défense, plus de 2 000 d’entre eux ont accepté de se rendre en mai dernier, après la chute d’Azovstal, l’aciérie près de Marioupol où ils s’étaient retranchés. Certains ont pu être échangés contre des prisonniers russes, mais la plupart sont emprisonnés dans les républiques séparatistes du Donbass dans l’attente d’un jugement que les autorités russes veulent “exemplaire”.

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