Réforme des retraites : comment Macron critique ses opposants sans sortir du bois

Emmanuel Macron photographié en marge du sommet européen à Bruxelles le 10 février
LUDOVIC MARIN / AFP Emmanuel Macron photographié en marge du sommet européen à Bruxelles le 10 février

POLITIQUE - C’est un classique de la communication politique. Faire passer un message sur un dossier sensible sans prendre le risque de s’exposer via des proches qui se chargent de relayer la bonne parole sur le ton de la confidence. Et sur l’explosive réforme des retraites, Emmanuel Macron n’échappe pas à cette règle.

À la veille d’une cinquième journée de mobilisation contre le projet par Élisabeth Borne, plusieurs propos prêtés au chef de l’État ont filtré dans la presse ce mercredi 15 février. D’abord dans Le Canard enchaîné, où il est question de la pertinence des manifestations.

« En fait, ce sont toujours les mêmes, à quelques dizaines de milliers près, qui manifestent », a glissé lundi 13 février le président de la République devant ses collaborateurs, cités ce mercredi par l’hebdomadaire satirique.

« J’entends dire que la bataille de l’opinion est perdue. Elle est difficile, mais elle n’est pas perdue », aurait-il poursuivi, toujours selon ces mêmes sources, avant de s’en prendre à « l’opposition hystérique et haineuse de l’extrême gauche à l’Assemblée » qui « interdit toute conciliation ». Voilà pour la première lame.

Conseil des ministres

La deuxième, intervient dans des propos tenus au Figaro, dont la teneur a été confirmée à l’AFP dans la foulée. Durant le Conseil des ministres qui s’est tendu ce mercredi, Emmanuel Macron en a remis une couche contre ses adversaires. « Les oppositions n’ont plus de boussole et sont totalement perdues », a-t-il taclé, estimant que celles-ci « considèrent comme d’habitude que les Français ne sont que le décor de leur action faute d’être au cœur de leurs préoccupations ».

Cité par des participants au Conseil des ministres, le locataire de l’Élysée est visiblement assez remonté contre Les Républicains, qui ont dû mal à soutenir franchement la réforme des retraites. « Ceux qui ont défendu les 65 ans secs il y a moins d’un an s’opposent maintenant aux 64 ans avec accompagnements », s’est-il indigné, dans une scène qui avait donc vocation à quitter les murs du salon Murat, où se tient cette réunion hebdomadaire.

Une colère qui intervient quelques heures après le rejet de l’article 2 de la réforme de la retraite, celui instaurant l’index sénior, avec le concours de plusieurs députés LR ayant voté contre. Un épisode évoqué par Emmanuel Macron : « La gauche nous demande depuis des semaines d’en faire plus sur le chômage des seniors mais applaudit debout avec le RN lorsqu’elle réussit à supprimer une mesure pensée à cet effet. »

Des échos qui permettent au chef de l’État de s’immiscer dans le débat parlementaire, sans avoir l’air d’intervenir directement.

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