Réforme des retraites : les déplacements de ministres, même les moins connus, perturbés

Photo d’illustration prise le 19 avril en marge d’un déplacement d’Emmanuel Macron dans le Bas-Rhin, où des manifestants opposés à la réforme des retraites l’attendaient.

Jean-Christophe Combe, Geneviève Darrieussecq, François Braun ou encore Roland Lescure, tous ont eu droit à des comités d’accueil lors de leurs dernières venues sur le terrain.

POLITIQUE - Jusqu’ici peu connus, ils ne passent plus inaperçus. La colère contre la réforme des retraites complique les déplacements des ministres, qu’ils soient de premier plan ou moins identifiés. Désormais, où qu’ils aillent, la majorité d’entre eux a droit à un comité d’accueil.

Lundi 17 avril, quelques heures avant l’allocution du président de la République, le ministre délégué à l’industrie Roland Lescure s’est retrouvé face à des manifestants lors d’un déplacement dans une usine près d’Orléans. Le même jour, son collègue à la Santé François Braun était hué à Langon près de Bordeaux tandis qu’une trentaine de manifestants attendaient le ministre de l’Éducation nationale Pap Ndiaye devant un collège de Reims, comme en témoignent ces images.

Le lendemain, mardi 18 avril, d’autres ministres bien moins médiatiques et moins haut placés dans l’ordre protocolaire ont droit aux mêmes scènes.

À la CAF de Paris, le ministre des Solidarités, de l’autonomie et des personnes handicapées Jean-Christophe Combe et sa ministre déléguée Geneviève Darrieussecq sont accueillis sur l’air de « On est là, on est là ! Même si Macron ne veut pas, nous, on est là ! » avant de se retrouver bloqués à l’intérieur.

Des déplacements « possibles et même indispensables »

À quelques kilomètres de là, à l’université Paris Saclay, des banderoles « Bienvenue Sylvie, faucheuse de l’Enseignement supérieur et de la recherche » et « Régime spécial pour toutes et tous » surgissent. Les manifestants attendent la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, Sylvie Retailleau, annoncée pour l’inauguration d’un bâtiment dans son ancien campus. Elle ne viendra finalement pas.

Contactée par nos soins pour en savoir plus, l’université confirme avoir sollicité la ministre, ancienne du campus, mais évoque des questions d’agenda qui « ne lui ont pas permis de répondre favorablement ». Le cabinet de Sylvie Retailleau assure lui au HuffPost qu’aucun déplacement n’avait été annoncé…

Le cafouillage illustre le malaise. Alors qu’Emmanuel Macron martèle sa volonté d’avancer et a déjà fixé les trois prochains chantiers du gouvernement, ses membres seront-ils contraints de travailler enfermés entre les quatre murs de leurs ministères ? Roland Lescure n’y renoncera pas : même si les rassemblements « compliquent un peu la logistique, si le ministre de l’Industrie ne se rend pas dans les usines, il ne fait pas son boulot », répond-il à Libération.

Le porte-parole du gouvernement ne veut pas non plus en entendre parler. « Non seulement c’est possible, mais c’est souhaitable et c’est même indispensable que les membres du gouvernement puissent se rendre sur l’ensemble du territoire national pour à la fois décliner les réformes en cours et passer et montrer des résultats depuis 6 ans », a déclaré Olivier Véran à la sortie du Conseil des ministres ce mercredi.

« Échanger avec les Français, c’est toujours une chance »

Mais le dialogue est-il encore possible ? « Échanger avec les Français, ce n’est jamais compliqué et c’est toujours une chance », assure Olivier Véran, qui « différencie le dialogue direct et franc (...) des mobilisations, parfois partisanes, politisées et qui voudraient empêcher le dialogue ». « Quand on rencontre les Français au quotidien, ils parlent avec nous, on parle avec eux et on échange sur les politiques qui sont conduites. Ils nous disent ce qui va mieux, ce qui ne va pas mieux et ce qu’ils attendent de nous », assure le porte-parole.

Lui-même se rendra dans le Var dès ce jeudi. Emmanuel Macron sera lui dans l’Hérault pour un déplacement consacré à la préparation de la rentrée scolaire, avec les ministres Pap Ndiaye et Patricia Mirallès. Le terrain risque fort d’être à nouveau mouvementé. Depuis la fin mars, le président de la République n’a jamais réussi à se déplacer sans une forte mobilisation policière pour encadrer les manifestants. Encore ce mercredi dans le Bas-Rhin, une petite centaine d’entre eux a été repoussée par les forces de l’ordre.

Olivier Véran assure que « le président de la République est à l’évidence le meilleur ambassadeur de la politique conduite depuis 6 ans ». Le meilleur ambassadeur et donc le moins apprécié.

VIDÉO-Réforme des retraites : "moi, je bloquerais Paris", les manifestants bien décidés à poursuivre la mobilisation, 49-3 ou pas