Récit complet de la très frustrante soirée des Bleus lors de Pays-Bas - France, dans l'ombre de Mbappé
Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé. Un poncif mais si vrai ce vendredi soir sur la pelouse de Leipzig. Sans Kylian Mbappé, resté sur le banc en raison de sa fracture du nez, les Bleus ont montré un visage pâle face aux Pays-Bas sur la pelouse de Leipzig (0-0) pour leur deuxième match de l’Euro.
Malgré l’absence du nouveau joueur du Real Madrid, tout était réuni pour une belle soirée: des supporters chauds, une qualification en jeu… Les fans des Bleus auront finalement eu droit à une flopée de gestes manqués, le premier 0-0 de la compétition et beaucoup de regrets. "Kylian, c'est Kylian, on ne va pas le comparer aux autres", a d'abord soufflé Didier Deschamps au micro de M6. "Forcément Kylian, c'est un des meilleurs joueurs du monde donc un joueur comme ça qui n'est pas sur le terrain ça nous manque", a de son côté avoué Aurélien Tchouaméni. Pourtant, l'ombre du crack de Bondy a plané au-dessus de la pelouse pendant l'intégralité de la rencontre.
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Une copie offensive à parfaire
Après une entrée en matière crescendo face à l’Autriche (0-1), l’équipe de France voulait et devait enclencher le mode diesel pour assurer sa qualification pour les huitièmes de finale dès ce vendredi. Pourtant, les Bleus ont été sur courant alternatif. D’abord menacés dès la première minute sur une frappe de Frimpong arrêtée par Maignan, les hommes de Didier Deschamps se sont montrés les plus dangereux devant les buts de Verbruggen. Aligné en tant que deuxième attaquant, Antoine Griezmann a croqué devant le but, à l’image de ses deux incroyables occasions gâchées où ses appuis se sont dérobés, tout en montrant du déchet sur les coups de pied arrêtés.
Du déchet, Marcus Thuram et Ousmane Dembélé en ont aussi montré sur le front de l’attaque. Souvent esseulé, le joueur de l’Inter a eu peu de munitions à se mettre sous la dent, et les seuls ont souvent terminé en eau de boudin, comme sa frappe complètement dévissée qui s’est envolée dans le ciel incertain de Leipzig. Sur son côté droit, le Parisien a tenté de faire parler sa vitesse, mais une grande partie de ses courses et ses choix ont souvent fait chou blanc. De quoi laisser de nombreuses interrogations dans ce secteur de jeu, le seul but français marqué dans la compétition étant le csc de l’Autrichien Wöber lors du premier match.
"Il y a des périodes où tout rentre, d'autres où c'est plus compliqué. L'important, c'est de se créer ces situations. Avec la qualité qu'on a, j'ai confiance que ça soit mieux avec de la réussite et de la confiance. Le 4-4-2, on l'a appris le jour du match. C'est un système dans lequel on a joué pendant des années, ça ne change pas grand-chose, on a joué en 4-4-2 ou en 4-3-3 pendant des années", a relativisé Kingsley Coman au micro de RMC au coup de sifflet final.
Kanté, la tournée du patron
Les scories offensives ont également mis en lumière du déchet dans le jeu et un manque de rythme sur certaines séquences, même si N’Golo Kanté a encore livré une prestation XXL sur tous les fronts, de quoi lui permettre de ramener un deuxième trophée d'homme du match dans ses valises. "Il est rayonnant. C'est une très bonne chose pour nous. J'ai beaucoup de joueurs en capacité d'être titulaire, notamment en milieu de terrain. Mais NG a une capacité à se projeter très intéressante", a souligné un Deschamps admiratif sur M6.
Plusieurs erreurs tricolores ont d'ailleurs offert des munitions aux Néerlandais, tout aussi maladroits dans le dernier geste (Frimpong, Gakpo). Déjà intéressante face à l’Autriche, la charnière Upamecano-Saliba à de nouveau marqué des points et a permis aux Tricolores d’enchaîner un quatrième clean sheet de rang.
Plus tranquille au retour des vestiaires, l’arrière-garde française a pourtant flanché sur la seule opportunité des Bataves dans le second acte, conclue par un but refusé de Xavi Simons pour un hors-jeu de Dumfries sur l’action. Une décision "difficile à digérer" pour le principal intéressé et une réalisation "clairement valable" pour Ronald Koeman et les Néerlandais, qui n'ont pas hésité à crier au scandale au coup de sifflet final.
"Ok, notre joueur (Dumfries, ndlr) est en position de hors-jeu. Mais regardez les images: il ne gêne pas le gardien français, qui est en retard et n'a quoi qu'il en soit pas la possibilité de plonger. La présence d'un joueur dans ses parages n'y change rien. Regardez: dès le tir de Simons, Maignan est battu. Il n'est plus en possibilité d'empêcher le but", a pesté le sélectionneur batave au micro de la chaîne NOS.
Un nul pas si nul?
Un brin de réussite pour des Bleus toujours en panne lorsque leur numéro 10 n’est pas sur le terrain. Sur les sept derniers matchs sans son capitaine, l’équipe de France n’a jamais gagné (cinq victoires, deux défaites) et les options pour le remplacer n’ont pas donné satisfaction. Globalement, les choix opérés par Didier Deschamps ce vendredi n’ont pas été payants. Malgré les nombreuses choses à corriger, le sélectionneur tricolore n’a opéré qu’à deux changements (Giroud et Coman entrés dans le dernier quart d’heure) trop tardifs pour espérer changer une dynamique ronronnante d'un collectif amputé d'heures de récupération en moins par rapport à son adversaire du soir.
Une donnée toujours pas digérer par "DD". "C'était un match avec une grosse intensité, une équipe des Pays-Bas plus prudente que d'habitude. Par rapport à l'adversaire, on a eu pas moins de 36 heures de moins de récupération. On a répondu sur le plan athlétique malgré tout. On a fait tout ce qu'il fallait pour récupérer au maximum mais bon", a semblé regretter le sélectionneur.
Si on préfère voir le verre à moitié plein, cette soirée de Leipzig est loin d’être une catastrophe. Certes, le jeu développé est à des années-lumières du tiki-taka espagnol, mais la soirée est réussie d’un point de vue comptable. Avec quatre points en deux journées, l’équipe de France a un pied en huitièmes de finale (pour au moins accrocher une place dans les quatre meilleurs troisièmes). "On n'a pas réussi à concrétiser. Ça arrive parfois, mais 0-0 c'est bon à prendre", selon Coman.
Une qualification qu’il faudra aller chercher face à une Pologne au bord du précipice, mardi à Dortmund. De quoi offrir encore un peu de temps à Mbappé pour soigner son nez et redonner de l’élan aux Bleus en vue du sprint final. "La situation s'améliore chaque jour. Si c'était un match décisif on aurait peut être agi autrement mais il faut le laisser le temps de récupérer", a estimé Didier Deschamps après la rencontre. Pour une montée en puissance vers la gloire?