Sur la réécriture des livres de Roald Dahl, même la Reine Camilla s’en est mêlée

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© Alastair Grant / POOL / AFP

POLÉMIQUE - L’écrivain Salman Rushdie, le Premier Ministre britannique Rishi Sunak et maintenant la reine consort Camilla. Tous les trois ont pris position contre le projet de réécriture des livres de Roald Dahl, entrepris par sa maison d’édition sur demande de ses ayants droit.

Lors d’une réception ce jeudi 23 février, la nouvelle souveraine d’Angleterre a appelé les écrivains à ne pas se laisser impressionner par « ceux qui veulent restreindre votre liberté d’expression ou imposer des limites à votre imagination », ajoutant en levant les yeux au ciel et souriant : « Tout est dit ».

Si la reine n’a pas directement fait allusion à l’opération « lissage » des œuvres de Dahl, ses propos ont largement été interprétés par la presse outre-Manche comme une missive à l’intention des éditions Puffin. Ainsi, le quotidien The Independent estime que le discours de Camilla « a forcé l’éditeur Puffin à renoncer à sa censure des livres de Roald Dahl ».

En effet, la maison d’édition britannique vient d’annoncer ce vendredi 24 février le maintien de la publication des versions originales de « James et la Grosse Pêche », « Matilda » ou encore « Charlie et la Chocolaterie ». Les dix-sept livres du célèbre écrivain pour enfants vont paraître dans une collection spéciale. Elle sortira dans le courant de cette année « pour garder en circulation les textes classiques de l’auteur » en parallèle de leurs nouvelles versions, précise Puffin dans un communiqué.

Francesca Dow, directrice des équipes au sein de la « Penguin Random House Children’s » – le groupe d’édition qui détient Puffin –, se félicite de cette alternative qui permet de satisfaire tous les fans de Dahl, tout en intégrant les problématiques actuelles sur l’inclusivité. « Nous offrons aux lecteurs le choix de décider comment ils souhaitent vivre les histoires magiques et merveilleuses de Roald Dahl » déclare-t-elle dans un communiqué.

Selon le quotidien anglais The Telegrah, la maison d’édition prévoit de modifier « plusieurs centaines » d’occurrences. Dans la nouvelle version de Charlie et la chocolaterie, le mot « gros », utilisé pour décrire le personnage d’Augustus Gloop, est supprimé. Idem pour les « Oompa Loompas », ces employés de la chocolaterie de Willy Wonka ; ils sont passés de « minuscules » ou « pas plus haut qu’un genou », à seulement « petits ». Et dans le roman Les deux gredins, la qualification de « laide » du personnage féminin est adoucie.

D’autres références à la santé mentale, aux questions raciales et au genre font l’objet d’un lissage. En France, Gallimard Jeunesse, qui édite les œuvres de Dahl, a assuré qu’une réécriture n’était pas d’actualité. Dans un contexte où les réactions indignées se multiplient face au manque de représentativité dans la culture, cette polémique relance le débat de la liberté d’expression face à la « cancel culture ».

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