Révélations de Britney Spears, hostilité des fans... Le retour compliqué de Justin Timberlake

Justin Timberlake joue peut-être le coup le plus incertain de sa carrière. Le chanteur de 43 ans dévoile ce vendredi 15 mars son sixième album solo, Everything I Thought It Was, dans un contexte particulièrement défavorable: depuis plusieurs années, le chanteur s'enlise dans un enfer médiatique que les récentes révélations explosives de Britney Spears dans ses mémoires ont encore attisé.

Les premiers chiffres de ce come-back, six ans après son précédent opus, sont peu encourageants. Selfish, premier extrait du disque dévoilé fin janvier, s'est péniblement hissé à la 19e place des meilleures ventes aux États-Unis. Bien loin des tubes de son âge d'or tels que SexyBack, qui a caracolé en tête des charts pendant sept semaines en 2006. Un mois plus tard, le single Drown n'est même pas parvenu à intégrer le Top 100. Le tout sur fond de critiques tous azimuts aux quatres coins d'internet et d'accusations de toxicité.

Si le public est si remonté contre l'ancien enfant chéri de l'Amérique, c'est en partie en raison des déclarations de Britney Spears dans son autobiographie La Femme en moi, parue le 24 octobre dernier chez JC Lattès. Le portrait peu reluisant qu'elle y dresse de Justin Timberlake, ainsi que ses révélations sur le couple qu'ils ont formé entre 1999 et 2002, ont porté un coup à l'image du chanteur alors qu'il s'affairait en secret à préparer son come-back.

La rupture avec Britney, ou l'origine du mal

À l'aube du XXIè siècle, Britney Spears et Justin Timberlake forment le couple d'adolescents-stars qui passionne les médias du monde entier. Tels les Brad Pitt et Angelina Jolie des moins de 20 ans, ils se confient l'un sur l'autre à longueur d'interviews et posent ensemble sur les tapis rouges.

Quand intervient la rupture, le paysage médiatique choisit instantanément son camp: Britney Spears, présentée comme une femme infidèle par Justin Timberlake dans son clip Cry Me a River, endosse l'entière responsabilité de leur séparation et en paie le prix fort dans la presse à scandale. Celle qui a toujours été très discrète sur les dessous de cette rupture a offert au monde une version plus nuancée dans ses mémoires, vingt ans plus tard.

Elle y révèle être tombée enceinte de Justin Timberlake, et s'être résignée à un avortement face au refus du chanteur de devenir père: "Si la décision avait été la mienne, je ne l'aurais jamais fait", écrit-elle. Elle l'accuse par ailleurs de l'avoir trompée à plusieurs reprises tout en laissant entendre au public que la faute était inversée, pouvant ainsi capitaliser sur l'acharnement médiatique dont Britney Spears faisait les frais afin d'asseoir sa propre notoriété. Au sujet du clip de Cry Me a River, Britney Spears écrit: "Il avait décidé de me sacrifier sur l'autel du succès."

La parution du livre a fait déferler une telle vague d'animosité que le chanteur a dû désactiver la section commentaires de sa page Instagram. Le chanteur n'a pas donné d'explication mais, selon une source qui s'est confiée à Page Six, il cherchait ainsi à échapper aux propos "haineux et dégoûtants que les gens tiennent." Car sur le web, ils sont nombreux à qualifier le chanteur d'"homme le plus détesté d'Internet".

Mauvais timing

Au moment de ces révélations, Justin Timberlake n'a pas encore annoncé son retour à la musique. Mais dans la presse à scandale naît le bruit d'un projet à venir, contrarié par les révélations de Britney Spears.

Une source confie ainsi au Sun que Justin Timberlake prépare "un gros come-back musical", et qu'il "craint que toute la promotion soit centrée sur sa réaction aux propos de Britney."

Le très sérieux Forbes partage cette analyse: "Le timing du livre n'est pas bon pour lui, car Justin Timberlake est en plein cœur d'un potentiel retour", peut-on y lire. Le magazine note également que Justin Timberlake vient de sortir successivement un nouveau titre avec *NSYNC, le boy's band qui l'a fait connaître dans les années 1990, ainsi qu'une collaboration avec Timbaland et Nelly Furtado, reformant avec eux le trio grâce auquel il a cartonné au milieu des années 2000:

"Ces deux chansons, qui ont rappelé ses anciens succès au monde et les raisons pour lesquelles le public est tombé amoureux de lui, font sans doute partie d'une stratégie coordonnée pour faire oublier ses controverses", analyse le média américain.

De fait, Justin Timberlake continue à jouer sur la nostalgie. Il s'est produit avec *NSYNC mercredi 13 mars à Los Angeles, et l'un des morceaux de son nouvel album est en featuring avec ses quatre anciens collègues. Ce qui n'a pas empêché la promotion de Everything I Thought It Was d'être éclaboussée.

Notamment au moment de la sortie de Selfish, le 25 janvier dernier. Les fans de Britney Spears se sont rués sur iTunes ce jour-là pour écouter en masse un morceau de la chanteuse intitulé lui aussi Selfish, daté de 2011. Résultat, le titre de Britney Spears a été propulsé en tête des écoutes sur la plateforme, devançant la nouveauté de Justin Timberlake.

Si les révélations de Britney Spears ont agi comme un coup de grâce, la perte de popularité de Justin Timberlake prend sa source plus loin. La Femme en moi n'a fait qu'accélérer une tombée en disgrâce que le chanteur cherche à contrecarrer depuis des années.

Janet Jackson, l'autre dossier embarrassant

En 2018, Justin Timberlake dévoile l'album Man of the Woods et en fait la promotion en assurant le show de mi-temps du Super Bowl. Le disque se classe numéro 1 mais cette prestation lors de la rencontre sportive exhume un souvenir embarrassant pour le chanteur: celui de sa performance sur cette même scène une quinzaine d'années plus tôt, aux côtés de Janet Jackson, lorsqu'il avait dévoilé un sein de la chanteuse en arrachant une partie de son costume.

D'après CNN, ce geste de Justin Timberlake était censé révéler un bustier rouge, et un problème de couture a entraîné tout le tissu. Les conséquences ont été violentes et immédiates: ces quelques secondes ont tourné au scandale médiatique qui a porté un coup dur à la carrière de Janet Jackson... mais épargné celle de Justin Timberlake - la chanteuse avait été désinvitée des Grammy Awards la semaine suivante tandis que lui s'y est produit, comme le rapporte Glamour.

Ce deux poids, deux mesures, s'il n'a pas fait trop de vagues en 2004, a pris une nouvelle dimension en 2018. Quelques mois après les révélations de l'affaire Weinstein et les balbutiements de la révolution #MeToo, le retour de Justin Timberlake s'est retrouvé parasité par le rappel du traitement inégal que l'industrie du divertissement a réservé aux deux artistes. Le golden boy de la pop aux cinq numéros 1 devient soudain un opportuniste aux dents longues.

Cette prestation de 2018 est également marquée par l'apparition du hashtag #JanetJacksonAppreciationDay (traduisible par "Journée hommage à Janet Jackson") sur les réseaux sociaux, utilisé par les internautes pour marquer leur rancœur contre Justin Timberlake. Depuis, chaque année, ces quelques mots apparaissent sur X le jour du Super Bowl.

Un nouveau coup dur intervient en 2020 lorsque les médias du monde entier exhument sa rupture avec Britney Spears une première fois, trois ans avant la sortie du livre. La chanteuse, qui n'a même pas encore entamé les démarches pour être libérée de sa tutelle - elle obtiendra gain de cause en novembre 2021 - fait alors l'objet de toutes les inquiétudes sur les réseaux sociaux en raison de ce trouble régime juridique mis en place par son père 13 ans plus tôt. La diffusion d'un documentaire du New York Times, Framing Britney Spears, met un coup de projecteur supplémentaire sur l'affaire... et sur la séparation de la chanteuse avec Justin Timberlake.

"Je n'ai pas été à la hauteur"

Le long-métrage s'attardait sur l'acharnement médiatique subi par Britney Spears après leur séparation mais aussi sur le rôle actif qu'a joué Justin Timberlake avec le clip Cry Me a River. Quand sort le documentaire, à l'aune de la prise de conscience féministe de ces dernières années, le chanteur est à nouveau perçu comme un artiste à l'ambition dévorante, prêt à écraser les femmes qui se trouvent sur son passage dans son acension. L'incident du Super Bowl avec Janet Jackson est à nouveau déterré et, cette fois, le chanteur prend la parole sur les réseaux sociaux pour présenter des excuses.

"Je suis profondément désolé pour les fois où, dans ma vie, mes actions ont contribué au problème", écrit-il alors sur Instagram, dans une publication supprimée depuis, mais relayée par le New York Times.

"Je comprends que je n'ai pas été à la hauteur, dans ces moments comme dans beaucoup d'autres, et que j'ai bénéficié d'un système qui cautionne la misogynie et le racisme. Je souhaite en particulier présenter mes excuses à Britney Spears et Janet Jackson."

L'heure n'est manifestement plus à l'introspection et aux regrets. Fin janvier, lors d'un concert à New York, Justin Timberlake s'est adressé à son public au moment de chanter son fameux Cry Me a River: "J'aimerais profiter de ce moment pour dire que je ne m'excuserai auprès de personne!".

Article original publié sur BFMTV.com