Résultats élections législatives: 5 cartes pour comprendre le premier tour du scrutin

Vers une majorité absolue pour le Rassemblement national et ses alliés? Le parti d'extrême droite apparaît en position de force après le premier tour des élections législatives anticipées, qui s'est tenu ce dimanche 30 juin. Il pourrait obtenir de 255 à 295 sièges à l'Assemblée nationale, selon notre projection Elabe pour BFMTV, RMC et La Tribune dimanche - le seuil de la majorité absolue étant fixé à 289 députés.

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Suffisant donc, potentiellement, pour envoyer Jordan Bardella à Matignon. Mais le scrutin est loin d'être terminé: un second tour aura lieu dans de nombreuses circonscriptions dimanche 7 juillet. Avant cela, BFMTV vous propose 5 cartes pour mieux comprendre les résultats de ce premier tour et cerner les enjeux du second.

• Le RN enregistre une large progression

Une progression inexorable? Aux législatives de 2012, le Rassemblement bleu Marine obtenait seulement deux élus à l'Assemblée nationale: Marion Maréchal-Le Pen, dans le Vaucluse, et Gilbert Collard, dans le Gard. Cinq ans plus tard, en 2017, le Front national envoyait 8 députés à l'Assemblée nationale. En 2022, le Rassemblement national engrangeait un total de 89 élus. Et désormais, il pourrait être en mesure d'en avoir plus de 250 selon notre projection.

La carte ci-dessous montre comment le RN s'est installé, élection législative après élection législative depuis 2012. Pour chaque scrutin, apparaissent en bleu les circonscriptions dans lesquels le candidat étiqueté FN ou RN est arrivé en tête au premier tour ou a réalisé un score suffisant pour se qualifier au second tour.

• Le RN a "diversifié et élargi" son électorat

La performance du parti d'extrême droite est "spectaculaire", selon l'institut Ipsos, qui a publié une enquête pour France Télévisions et Public Sénat qui détaille "un nouvel électorat RN diversifié et élargi". "Tout comme celui du Nouveau Front populaire, qui résiste et progresse même significativement chez les jeunes", note l'institut.

Le Rassemblement national et ses alliés surperforment auprès de ses soutiens traditionnels, "mais dans des proportions qui n'avaient toutefois jamais été mesurées sur un premier tour": il recueille ainsi par exemple 57% de suffrages chez les ouvriers, soit 12 points de plus qu'aux législatives de 2022.Longtemps considéré comme un vote de la France "populaire", le parti de Marine Le Pen et Jordan Bardella semble aussi avoir convaincu les électeurs les plus aisés.

En effet, les sondés ayant un niveau de revenu supérieur à 3.000 euros disent avoir voté à 32% pour le RN et ses alliés, loin devant la gauche (26%) et Ensemble (23%). À titre de comparaison, en 2022, le rapport de force dans cette catégorie sociale était totalement inversé: le RN obtenait 15%, le camp présidentiel 28% et la gauche 22%.

• La gauche résiste

En 2022, la gauche partait réunie sous la bannière de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale, abregée sous le nom de Nupes. Associés, La France insoumise, le Parti socialiste, Europe Écologie et le Parti communiste devenaient la première force d'opposition dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale avec 131 élus. .

Et en 2024? La gauche, cette fois-ci réunie avec le Nouveau Front populaire, devrait obtenir de 120 à 140 élus, selon notre projection Elabe pour BFMTV, RMC et La Tribune dimanche - peu ou prou le même étiage qu'avant la dissolution.

La carte ci-dessous montre comment l'union de la gauche a resisté par rapport à 2022. Pour chaque scrutin, apparaissent en rouge les circonscriptions dans lesquels le candidat étiqueté Nupes ou NFP est arrivé en tête au premier tour ou a réalisé un score suffisant pour se qualifier au second tour.

• La macronie s'effondre

En 2017, La République en marche obtenait plus de 300 sièges aux législatives et bouleversait le visage de l'Assemblée nationale en explosant le vieux clivage gauche-droite. En 2024? La macronie est en passe de basculer dans l'opposition au Palais-Bourbon. Les candidats Ensemble arrivent en troisième position au niveau national, avec 20,04% des suffrages selon les résultats complets publiés par le ministère de l'Intérieur.

La coalition obtiendrait de 90 à 125 députés, selon notre projection Elabe pour BFMTV, RMC et La Tribune dimanche - deux fois moins qu'avant la dissolution.

La carte ci-dessous montre comment les candidats macronistes ont peu à peu disparu du paysage depuis 2017. Pour chaque scrutin, apparaissent en orange les circonscriptions dans lesquels le candidat étiqueté Ensemble est arrivé en tête au premier tour ou a réalisé un score suffisant pour se qualifier au second tour.

• 76 députés élus dès le premier tour

Dans 76 circonscriptions, il ne sera pas nécessaire de se déplacer dimanche prochain: l'un des candidats a été élu dès le premier tour ce dimanche 30 juin, en recueillant à la fois une majorité des suffrages exprimés, mais aussi en obtenant un nombre de voix équivalent à au moins 25% des inscrits.

Parmi ces députés du premier tour, 39 sont issus des rangs du Rassemblement national ou de ses alliés. Ces derniers performent particulièrement dans leurs bastions du Nord-Est et du Sud-est de la France, à l'image de Thierry Frappé, député sortant et vainqueur avec 60,6% des suffrages dans le 10e circonscription du Nord.

Le Nouveau Front populaire peut aussi compter sur 32 députés dès ce dimanche soir, notamment élus en Île-de-France. Dans la 6e circonscription de Seine-Saint-Denis, le député sortant, l'insoumis Bastien Lachaud, a ainsi recueilli 71,43% des voix.

• Plus de 300 triangulaires possibles au second tour

Que se passera-t-il dans les autres circonscriptions? Étant donné la forte participation enregistrée lors de ce premier tour, plus de 300 triangulaires sont possibles, selon le décompte de BFMTV - deux tiers d'entre elles opposant le RN au Nouveau Front populaire et à la coalition présidentielle Ensemble. Cinq quadrangulaires sont même envisageables.

Mais cette configuration n'est pour l'heure que théorique: les candidats qualifiés pour le second tour ont jusqu'à mardi 18 heures pour déclarer leurs intentions. Et soit se présenter à nouveau aux suffrages des électeurs, soit se désister.

À gauche, l'appel au barrage face au Rassemblement national semble faire consensus. Dans le camp présidentiel, Emmanuel Macron a lui appelé à "un large rassemblement clairement démocrate et républicain", mais ses contours précis restent à définir.

Article original publié sur BFMTV.com