"Qu'il aille plutôt planter des fraises" : les coulisses du clash entre Bruno Le Maire et Marine Le Pen

À l'Assemblée nationale ce mardi, Bruno Le Maire a réclamé des excuses après avoir été traité de "lâche" par un député RN. De quoi précipiter le départ de l'Hémicycle du groupe présidé par Marine Le Pen.

Il n'a fallu qu'un mot pour mettre le feu aux poudres dans l'hémicycle. Ce mardi après-midi, lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, le député Rassemblement national Alexandre Loubet a invectivé le ministre de l'Economie, lui reprochant ses réponses floues sur l'état de l'industrie en France. Un scénario plutôt classique lors des débats à l'Assemblée nationale.

Mais c'est un mot en particulier qui a suscité le clash entre la majorité et le groupe de Marine Le Pen : celui de "lâche", prononcé par le député RN à l'égard de Bruno Le Maire. Ni une, ni deux, ce dernier a demandé des "excuses solennelles" pour ce choix de vocabulaire.

"Des excuses, Madame Le Pen"

Si la réaction du ministre a été applaudie côté majorité, l'ensemble des députés RN se sont levés sous l'impulsion de la présidente du groupe Marine Le Pen pour quitter l'hémicycle. Selon nos informations, au passage de celle-ci, Bruno Le Maire a exigé une fois de plus "des excuses, des excuses, Madame Le Pen, des excuses".

"Ne menacez pas les députés, Monsieur Le Maire", lui a-t-elle répondu, selon les mêmes sources.

Un membre du groupe RN ayant assisté à la scène ajoute que le ministre de l'Economie pointait du doigt les députés tout en leur intimant de faire "attention". Une parole jugée menaçante par les intéressés.

"Il nous menaçait en nous pointant du doigt. Je lui ai dit que je n'accepterai jamais que les députés RN se fassent menacer", abonde Marine Le Pen auprès de BFMTV.

Alexandre Loubet écope d'un rappel à l'ordre

Bruno Le Maire aurait également interpellé le ministre Franck Riester pour demander qu'une sanction soit prise après l'épisode, ajoute un membre du gouvernement.

Revenant un peu plus tard dans l'après-midi sur l'incident, la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a en effet décrété un rappel à l'ordre pour Alexandre Loubet, avec inscription au procès-verbal, qualifiant d'"insulte" le mot utilisé par le député RN.

"Cela ne vous dispense pas de présenter vos excuses au ministre", a-t-elle ajouté.

Face à elle, un sourire goguenard aux lèvres, Alexandre Loubet a secoué la tête de gauche à droite en signe de réprobation.

"Qu'il aille plutôt planter des fraises", lance Marine Le Pen

S'est en suivie une passe d'armes entre Marine Le Pen et Bruno Le Maire. Dans les couloirs de l'Assemblée nationale, la première a de nouveau déploré face à la presse la réaction du ministre, martelant que les députés de son groupe "ne se [laisseraient] pas insulter par un ministre quel qu'il soit".

"S'il n'est pas capable de garder son sang-froid, qu'il aille plutôt planter des fraises", a-t-elle commenté.

Sur Twitter, c'est le mot "inadmissible" que la présidente du RN a utilisé pour décrire les propos de Bruno Le Maire.

Bruno Le Maire "attend toujours" des excuses

Réponse de ce dernier : "Quand un député insulte un ministre qui vient de lui répondre de manière républicaine en le traitant de 'lâche', ce ministre est en droit d'exiger des excuses. Je les attends toujours."

"L'insulte ne doit pas avoir de place dans notre débat politique national. (...) C'est tout simplement une ligne rouge qui a été franchie dans notre débat démocratique", déclare-t-il encore dans une vidéo Twitter ce mardi soir, renouvellant sa "demande d'excuses" au RN.

Plus tard dans la journée, c'est un autre député du groupe RN qui a écopé d'un rappel à l'ordre : après avoir posé une question sur les tenues islamiques à l'école au ministre de l'Education nationale Pap Ndiaye, Frédéric Boccaletti a qualifié ce dernier de "communautariste". Yaël Braun-Pivet lui a alors administré la même sanction qu'à Alexandre Loubet, sous les applaudissements conjoints - fait assez rare pour être souligné - de la majorité et de la Nupes.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - Après la demande d'excuse de Bruno Le Maire qui a été traité de "lâche" par un député RN, le groupe de Marine Le Pen quitte l'hémicycle