Qu'est-ce que l'AfD, le parti d'extrême droite allemand dont veut s'écarter le RN ?

Partenaire historique du principal parti d'extrême droite allemand au parlement européen, le Rassemblement national a annoncé prendre ses distances.

Maximilian Krah, la sulfureuse tête de liste de l'AfD aux élections européennes (Photo : Stefan Puchner/picture alliance via Getty Images)

Pour le Rassemblement national (RN), cet allié était devenu de plus en plus encombrant au fil des mois. Ce mardi 21 mai, le principal parti d'extrême droite français a annoncé officiellement sa rupture avec son homologue allemand, l'AfD (Alternative für Deutschland), au côté duquel il siégeait au parlement européen depuis 5 ans.

Dans des propos relayés par Libération, le directeur de campagne de Jordan Bardella a annoncé une véritable rupture avec ce partenaire historique. "Nous ne siégerons plus avec eux lors du prochain mandat" a indiqué Alexandre Loubet au quotidien. Motivée par de récentes déclarations sulfureuses du candidat de l'AfD aux élections européennes de juin prochain, cette décision apparaît aussi comme la conclusion de plusieurs mois de tensions entre le RN et son désormais ancien allié.

Ce mardi, le RN a annoncé prendre ses distances avec l'AfD en raison de propos tenus par Maximilian Krah, tête de liste du parti pour le scrutin européen à venir (qui se tiendra le 9 juin en Allemagne, comme en France). Dans une interview récemment accordée à La Repubblica, ce dernier a en effet tenté, selon Libération, de "réhabiliter les SS", l'une des principales et plus meurtrières organisations du régime nazi.

"Je ne dirai jamais que quiconque portait un uniforme SS était automatiquement un criminel, a ainsi déclaré le candidat allemand dans les colonnes du journal italien. Il faut évaluer la culpabilité au cas par cas, à la fin de la guerre, il y avait près d'un million de SS. Même Günter Grass faisait partie de la Waffen-SS. Parmi les 900 000 SS, il y avait aussi beaucoup de paysans : il y avait certainement un pourcentage élevé de criminels mais pas seulement."

Régulièrement au cœur de polémiques outre-Rhin, l'AfD n'en est pas à son coup d'essai en termes de prises de position tendancieuses. Fermement anti-euro et anti-Union européenne, le parti s'était déjà fait remarquer en janvier dernier par la presse allemande. Elle l'accuse de vouloir pousser des millions de personnes à quitter l'Allemagne avec son projet dit de "remigration".

Un terme qui aurait été évoqué lors d'une réunion tenue secrète, fin novembre 2023, et révélée par la suite par le média d'investigation indépendant "Correctiv". Dans les faits, il s'agit de favoriser l’expulsion des demandeurs d’asile, étrangers et citoyens considérés “non assimilés” sur le territoire, qu’ils détiennent ou non la nationalité allemande.

Après ces révélations, de vives manifestations ont secoué le pays. Dans la foulée, Marine Le Pen a désavoué publiquement ce projet d'expulsion. Au RN, "jamais nous nous n’avons défendu une quelconque “rémigration”, en ce sens que l’on retirerait la nationalité française à des gens qui l’ont acquise, y compris en vertu de conditions que nous contestons", a-t-elle clarifié.

Pourtant, au Parlement européen, le Rassemblement national siège au même groupe que l'AfD depuis 2019 : "Identité et Démocratie". Leur socle commun, évoqué sur leur site, est, entre autres, la "création d'emplois et la croissance, le renforcement de la sécurité, la lutte contre l'immigration clandestine". "L'Islam ne fait pas partie de l'Allemagne" affirmait notamment le parti d'extrême droite dans un document politique en 2016.

En février dernier, un épisode avait cependant illustré à quel point cette alliance est devenue gênante pour le RN. Après s'être entretenue avec Marine Le Pen et Jordan Bardella, Alice Weidel, la co-présidente de l'AfD s'était félicitée de cette rencontre et d'un "accueil chaleureux" sur les réseaux sociaux. De son côté, le Rassemblement National n'en avait pas dit mot.

Une ligne "anti-woke" et anti-féministe

Créé en 2013 pour s'opposer à la politique européenne de sauvetage de la Grèce, l'Alternative pour l'Allemagne est né comme parti national-conservateur, eurosceptique et anti-immigration. Selon les sondages, il représente désormais la deuxième force politique du pays avec 23% d'intentions de vote pour les élections européennes.

Après de nombreux conflits internes en 2020, le parti a radicalisé sa ligne en ajoutant à ses discours anti-immigration et anti-islam des déclarations "anti-woke" (une supposée tendance qu'ils définissent comme une "folie" et une menace) et anti-féministe. "Les hommes et les femmes ne sont pas égaux, même si les recherches sur le genre prétendent le contraire" affirmaient-ils déjà en 2013, comme le relate le Zeit.

Aujourd’hui, l'Alternative pour l'Allemagne revendique plus de 40 000 adhérents, contre 10 000 à sa création. Et plusieurs polémiques de poids. De quoi représenter pour le RN un allié très embarrassant, au point, donc, de finir par s'en séparer..." affirmait notamment le parti d'extrêmedroite dans un

VIDÉO - Allemagne : manifestations contre la progression de l'extrême droite et du parti de l'AfD