PSG: "Un soldat qui meurt avec sa philosophie", le management de Luis Enrique raconté par l’un de ses anciens joueurs

Luis Enrique gardera à jamais une place à part dans la carrière de Junior Tallo. Il y a plus de dix ans, à la fin de la saison 2011-2012, c’est lui qui l'a lancé en professionnel. Après l’avoir longtemps snobé, malgré des performances remarquées avec la réserve, le technicien s’était résolu à lui offrir sa chance en équipe première de l'AS Roma.

"Il a mis du temps à me faire monter avec l’équipe première. J’y suis arrivé en février (2012) et lors du premier entraînement, je suis stressé, je n’arrive pas à faire un contrôle donc ça lui donne raison, retrace Junior Tallo pour RMC Sport. Luis Enrique m’a donné une seconde chance. Je suis resté avec l'équipe première jusqu'à la fin de la saison. Et avant de partir (Luis Enrique a quitté la Roma à la fin de la saison 2011-2012, NDLR), il s’était même excusé, j’avais trouvé ça un peu surréaliste. Il m’avait dit : 'Je m’excuse de ne pas avoir décelé ton talent plus tôt et j’espère que tu feras une belle carrière et je te rappellerai'. Et dans son club suivant, au Celta Vigo, un an plus tard, il m’a appelé. Moi j’étais encore à l’AS Roma, j’avais de grands rêves donc j’avais refusé de partir mais c’est quelqu’un de loyal. Quand il donne une parole, il la maintient, il est très droit."

Borné... mais droit

En plus d'un manager loyal et patient avec les jeunes, Junior Tallo a appris à découvrir un homme aussi borné que droit. Ses souvenirs, confiés à RMC Sport avant que le conflit avec Kylian Mbappé éclate, permettent de cerner le personnage, dont le management est plus que jamais au cœur de l’actualité au regard du traitement réservé à l’attaquant tricolore.

"Il est vraiment sûr de lui, de ce qu’il sait du foot, assure l’attaquant ivoirien. ll a sa philosophie et c’est un peu comme un soldat qui va dire: 'Je meurs avec ma philosophie'. C’était un joueur de tempérament et je ne pense pas qu’il va changer sa manière de voir le foot. Mais humainement, il est droit et je pense que c’est le plus important pour un joueur, il ne ment pas."

"Il juge les gens au mérite"

Mbappé n’est pas la première star à faire les frais de l’intransigeance de Luis Enrique. Dès ses premiers pas à Rome, à l’été 2011, il marqué d’entrée son autorité en plaçant Francesco Totti sur le banc. Légende vivante des supporteurs Giallorossi, le N°10 italien est remplaçant au coup d’envoi du match aller de tour préliminaire de Ligue Europa face au Slovan Bratislava (défaite 1-0). Au retour, Totti est titulaire et l’AS Rome rattrape son retard d’un but jusqu’à ce que Luis Enrique décide… de sortir Totti en fin de match. Résultat final? 1-1 et élimination de la Roma. Le lendemain, Totti débarque à l'entraînement avec un t-shirt sur lequel est inscrit "basta" ("assez").

"Il faut deux saisons pour que ça prenne"

"Quand il est arrivé à l’AS Rome il y avait de gros joueurs, de gros noms. Mais il a su imposer sa philosophie, appuie Junior Tallo. C’est typique Luis Enrique. Il juge les gens au mérite. Lui, ce n’est que le travail, au plus méritant. Si tu mérites de jouer, il te donnera ta chance."

Pour l’ancien Romain, passé par Ajaccio, Bastia et Lille après son expérience dans la Cité éternelle, la méthode Luis Enrique va finir par porter ses fruits. "Je pense qu’il faut deux saisons pour que ça prenne. Il aura le temps de faire son groupe, il faudra le juger l’année prochaine, avance Junior Tallo. Je pense qu’il peut avoir du succès. Il a toujours réussi partout où il est passé." Les supporteurs parisiens n’attendent que ça.

Article original publié sur RMC Sport