Tensions avec Messi, Totti humilié… Avant Mbappé, comment Luis Enrique gérait les ego des stars au Barça et à la Roma
L’histoire retiendra que Luis Enrique restera le seul entraîneur du PSG à avoir osé remplacer Kylian Mbappé à la pause d’un match officiel depuis l’arrivée du crack de Bondy à Paris en 2017. Un choix si fort qu’il a éclipsé la deuxième période du choc PSG-Monaco vendredi soir au stade Louis II (0-0). Un choix assumé, aussi. "100% décision de l'entraîneur", a confirmé l’Espagnol après la rencontre. "Tôt ou tard, il faudra nous habituer à jouer sans Kylian."
Si ce management intervient après la décision de Mbappé de quitter le PSG, cette décision forte n’est pas un cas isolé dans la carrière d’entraîneur de Luis Enrique. A Rome et à Barcelone, l’ex-sélectionneur de la Roja a dû gérer d’autres ego surdimensionnés.
A l’AS Roma, il met la légende Totti sur le banc
En 2011, pour sa première expérience sur un banc majeur en tant que n°1, Luis Enrique, 41 ans, opte pour l’AS Roma. Un choix risqué. Dans un bouillant vestiaire romain, il marque d’entrée son autorité en plaçant Francesco Totti, 34 ans, légende vivante des supporters de la Louve, sur le banc pour un match aller du tour préliminaire de Ligue Europa face au Slovan Bratislava (il n’entrera qu’en fin de match). Humiliation suprême. Défaite 1-0. Au retour, Totti est titulaire. Son équipe rattrape son retard d’un but jusqu’à ce que Luis Enrique sorte... l’attaquant romain en fin de match. Score final 1-1. Élimination de l’AS Roma et énorme polémique en Italie. Le lendemain, Totti débarque à l'entraînement avec un t-shirt sur lequel est inscrit "basta" ("assez"). Bonne ambiance.
"Une équipe n’est pas composée d’un seul joueur, mais c’est un groupe formé par des individualités", se défend alors Luis Enrique. "Je gère un groupe large, et à chaque match, je dois choisir les joueurs les mieux préparés. Je ne changerai pas ma façon de travailler. Il n’y a de traitement de faveur pour personne. La force d’une équipe dépend du groupe, pas des individualités." Des déclarations qui n’apaiseront pas les esprits entre les deux hommes, lesquels entretiendront des relations tendues durant plusieurs mois, la star en fin de carrière effectuant d’autres passages sur le banc des remplaçants. "Je ne marque pas mon territoire, je ne suis pas un chien de chasse", lâchera Luis Enrique en 2014, agacé par une question sur sa gestion de Totti.
Après une seule saison au stade Olympique, puis un passage au Celta Vigo, Luis Enrique rejoint le Barça et sa constellation de stars en 2014. En trois saisons en Catalogne, il gagne tous les trophées, notamment lors d’une année 2015 exceptionnelle marquée par le triomphe en Ligue des champions. Mais au Camp Nou aussi, sa gestion des ego fait des étincelles.
Quand Messi refuse de sortir face à Eibar
Au mois d’octobre 2014, à 15 minutes de la fin du match face à Eibar (3-0), il veut sortir Lionel Messi afin de le préserver avant un match de Ligue des champions contre l’Ajax. Alors que Munir se prépare à entrer, Luis Enrique interpelle son numéro 10. "Leo ! Sur le banc, tu sors !" Mais Lionel Messi n’a clairement pas envie de sortir. Et il le lui fait bien comprendre. Luis Enrique sourit, crispé. C’est finalement Neymar qui doit céder sa place. "Avant de faire des changements, on demande aux joueurs et on prend la décision par la suite", explique alors l’Espagnol.
Quelques semaines plus tard, le 4 janvier 2015, il place Lionel Messi mais aussi Neymar, Daniel Alves et Gérard Piqué sur le banc contre la Real Sociedad. Le Barça s’incline. Des tensions avec la Pulga font à nouveau les choux gras de la presse espagnole. Luis Enrique se défend : "C'est le meilleur joueur du monde, donc de cette équipe. Au même titre que je ne traite pas mes enfants de la même manière, je ne traite pas mes joueurs de la même manière. Mais il y a une série de règles communes à respecter et le plus important, c'est le groupe, au-dessus des individualités."
Après avoir quitté le FC Barcelone en 2017, Luis Enrique reviendra sur la gestion difficile de l’Argentin: "Avec Leo, c’était les montagnes russes", reconnaît-il au micro de la Radio Catalunya en 2019. "Jusqu'à ce que tout soit résolu, il y a eu un temps de tensions, que j'ai dû gérer et qui a duré 15 jours. Mais aujourd’hui, je ne peux que parler des merveilles de Leo." Sera-t-il aussi élogieux à l’égard de Kylian Mbappé dans quelques années?