PSG: Mbappé, Messi, Parc des Princes... L'intégrale de l'interview de Nasser Al-Khelaïfi dans Rothen s'enflamme

Jean-Louis Tourre: Cest l’événement dans Rothen s’enflamme, on va faire le bilan du PSG à la mi-saison avec le président Nasser Al-Khelaïfi.

Jérôme Rothen: Quel honneur président de nous recevoir.

Nasser Al-Khelaïfi: Bonjour, bonne année tout le monde.

Jérôme Rothen: Meilleur vœux. Est-ce que vous allez bien?

Nasser Al-Khelaïfi: Ça va, ça va, merci.

Jérôme Rothen: C’est un grand plaisir de vous avoir pour dresser un bilan à mi-saison.

Jean-Louis Tourre: Et puis en plus il y a plein de dossiers à aborder…

Jérôme Rothen: Plein de dossiers à aborder donc on est là pendant trois heures… je plaisante. Déjà, expliquez-nous un peu le changement de stratégie du Paris Saint-Germain. Parce qu’il y a eu un vrai virage aux mois de juin et juillet dans la politique sportive.

Nasser Al-Khelaïfi: Oui, je pense que l’on a essayé beaucoup de choses sur les onze ou douze dernières années. Certaines choses marchent et d’autres choses ne marchent pas. C’est aussi une expérience pour nous je pense. On a fait aussi beaucoup de bonnes choses. On a aussi fait des erreurs, c’est normal et c’est aussi le foot et c’est le travail. Mais aujourd’hui, la vision cette saison c’est de construire une équipe jeune, forte et aussi française. Je pense que c’était très important. On croit au long terme et sur le plan stratégique aussi. On n’est pas pressés du tout. On a aussi construit une équipe forte pour le scouting avec le directeur sportif, le coach aussi c’est un fantastique coach que l’on a aujourd’hui. On veut aussi connaître le système dans lequel on joue. Quand je regarde mon équipe, c’est du plaisir de regarder un match. On joue un football offensif. L’équipe joue comme une équipe, collectivement. On défend ensemble, on attaque ensemble. Chacun travaille pour les autres, sur le terrain et à l’extérieur. L’ambiance aujourd’hui au centre d’entraînement quand je regarde, elle est magnifique et positive. Quand j’y vais aujourd’hui c’est vraiment un grand plaisir, c’est comme si j’allais à Disneyland. C’est un plaisir.

Jean-Louis Tourre: Comme si vous alliez à Disney?

Nasser Al-Khelaïfi: Exactement!

Jérôme Rothen: Sauf qu’à Disney vous payer et là vous ne payez pas…

Nasser Al-Khelaïfi: On paye pour les joueurs… Mais vraiment c’est un grand plaisir. Je passe vraiment un très bon moment quand je regarde l’entraînement ou les matchs. Beaucoup de choses ont changé.

"Le meilleur club pour Kylian, c’est Paris"

Jérôme Rothen: Il y a donc une bonne atmosphère au centre d’entraînement. Mais je voudrais revenir sur… Je comprends le changement de politique et j’étais un des premiers à dire qu’il fallait passer à autre chose, qu’il y avait eu de bonnes choses comme des moins bonnes et des erreurs. Mais rappelez-vous quand on s’était vu il y a un an au Qatar, pendant la Coupe du monde, vous nous aviez dit beaucoup de bonnes choses sur Messi, sur Neymar, sur Verratti. Qu’est-ce qui vous a fait prendre conscience qu’au bout d’un moment il fallait passer à autre chose?

Nasser Al-Khelaïfi: Je pense que c’était aussi une période importante pour le club. Il ne faut pas dire que ce n’était pas bien ou pas bon avec Verratti. Aujourd’hui c’est le bon moment pour changer.

Jérôme Rothen: Pour faire autre chose?

Nasser Al-Khelaïfi: Pour changer, pour construire quelque chose. A Paris on a le meilleur joueur au monde. Vous allez demandez après qui c’est, c’est sûr que c’est Kylian.

Jean-Louis Tourre: Effectivement, on va arriver à Mbappé. On y arrive.

Jérôme Rothen: Êtes-vous sûr? (Rires)

Nasser Al-Khelaïfi: Je pense vraiment qu’aujourd’hui on a un des meilleurs clubs au monde. Aujourd’hui je regarde le classement de l’UEFA, on est quatrième. On est un grand club. On est arrivés en 2011, je ne sais pas quel était le classement UEFA du Paris Saint-Germain mais la stratégie c’était d’arriver dans un des meilleurs clubs en Europe. Aujourd’hui on veut continuer. On ne va pas dire qu’on veut gagner la Ligue des champions, ça on travaille et on est patients.

Jérôme Rothen: Là-dessus, vous avez changé président. Quand vous êtes arrivés, je me souviens que l’objectif était, et c’était franchement une obsession, de gagner de la Ligue des champions. Et c’est normal quand on investi beaucoup d’argent. Mais là ce n’est plus obsession?

Jean-Louis Tourre: D’ailleurs, est-ce que ça a été une erreur de trop mettre la pression sur la victoire en Ligue des champions?

Nasser Al-Khelaïfi: Peut-être, peut-être. Mais même avec l’arrivée d’un nouvel investisseur, le foot ce n’est pas facile, Jérôme le sait mieux que tout le monde, vraiment c’est difficile. On attend on veut construire une équipe qui joue un bon football offensif. C’est un plaisir pour les supporteurs et pour vous les médias quand vous regardez les matchs.

Jérôme Rothen: Le respect du maillot?

Nasser Al-Khelaïfi: Exactement! Il faut défendre le club, les valeurs du club. Et là j’étais deux ou trois jours, le dernier dimanche avec les jeunes au centre d’entraînement, on a parlé des valeurs du club, du respect et de la discipline. Il faut être fier du Paris Saint-Germain, être fier d’être Parisien.

Jérôme Rothen: C’est intéressant président ce que vous dites sur le respect et l’institution. Mais tout ça se fait forcément, et la question vous l’avez devinée, sur Kylian Mbappé. Avec un projet comme ça, il est libre dans six mois, est-ce que vous vous êtes dit que c’était possible de le perdre libre?

Nasser Al-Khelaïfi: Écoutez, comme je l’ai dit, j’étais sûr que vous alliez me demander ça. C’est normal mais…

Jérôme Rothen: C’est normal parce que c’est le capitaine de l’équipe de France, le meilleur joueur français et l’un des meilleurs joueurs du monde voire le meilleur.

Nasser Al-Khelaïfi: Pour moi c’est le meilleur joueur du monde. La vérité c’est qu’aujourd’hui c’est pour moi le meilleur joueur au monde.

Jérôme Rothen: Peut-il partir libre?

Nasser Al-Khelaïfi: J’ai une très bonne relation avec lui. Kylian, c’est un grand homme, un grand joueur, mais aussi une grande personne. Comme il l’a dit après le Trophée des champions, il a un accord avec moi. Jérôme, vous avez aussi été un joueur parisien. Ca reste entre nous, je ne veux pas sortir ce qui est dans cet accord mais il y a un accord.

Jérôme Rothen: D’accord, donc il n’y a pas de négociations en ce moment?

Nasser Al-Khelaïfi: Pas trop. Mais je pense qu’aujourd’hui Kylian le sait. Il a 25 ans, il est encore jeune, c’est le meilleur joueur au monde. C’est sûr qu’il peut gagner beaucoup de trophées avec nous, avec l’équipe nationale aussi. Il a encore, j’espère, dix ans exactement.

Jean-Louis Tourre: Juste pour préciser, l’accord dont vous parlez ce sont des infos que nous avons déjà sorties. C’est autour de plusieurs dizaines de millions d’euros de prime que Mbappé accepterait d’abandonner.

Nasser Al-Khelaïfi: Je n’en parle pas.

Jean-Louis Tourre: Je donnes les infos mais vous n’êtes pas obligé de répondre…

Nasser Al-Khelaïfi: Je ne veux pas parler d’argent et de dire combien vaut l’accord. On a un 'gentleman agreement', notre accord ce n’est pas une question d’argent. C’est entre un joueur et le président du club, le directeur sportif et le coach. C’est plus ça qu’un accord signé.

Jérôme Rothen: Président, dernière question sur Kylian…

Nasser Al-Khelaïfi: On a beaucoup parlé de Kylian, laissez-le tranquille. Il a aussi besoin de s’entraîner, il faut le laisser tranquille.

Jérôme Rothen: J’en parle parce que j’ai beaucoup de respect pour lui et pour le Paris Saint-Germain aussi. Mais quand on est président, on a forcément envie de le prolonger?

Nasser Al-Khelaïfi: Écoutez, je ne vais pas cacher de chose. C’est sûr que je veux que Kylian reste. C’est certain. Pour moi c’est le meilleur joueur au monde, et pour moi le meilleur club pour Kylian c’est Paris.

Jérôme Rothen: C’est quand même mieux que le Real…

Nasser Al-Khelaïfi: Kylian aujourd’hui, toute l’équipe c’est Kylian au centre. Il a le meilleur centre d’entraînement au monde, le meilleur entraîneur, chaque année il joue la Ligue des champions. Chaque année depuis qu’on est arrivés, on est minimum en huitièmes, quarts, demies, finale, chaque année on est là avec les grands clubs. Le championnat français a beaucoup changé, c’est difficile le championnat de France car il y aussi eu des changements sur les droits TV en France et à l’international. L’année prochaine, avec le nouveau format de la Ligue des champions, on jouera plus de matchs de Ligue des champions, plus de matchs compétitifs. On va jouer contre des équipes du même niveau que le nôtre. Si on est dans le chapeau 1, on jouera des équipes du même niveau.

Jérôme Rothen: Et c’est pour ça que c’est important de continuer avec un joueur comme Kylian...

Jean-Louis Tourre: Est-ce que vous lui avez déjà proposé quelque chose pour qu’il reste?

Nasser Al-Khelaïfi: C’est une discussion entre lui et moi.

Jérôme Rothen: Président, ce n’est pas pour vous tirer les vers du nez…

Nasser Al-Khelaïfi: Vous pouvez essayer trois heures, je ne dirais rien (rires). Je rigole.

Jérôme Rothen: La seule chose, c’est qu’une saison avec Kylian Mbappé ce n’est pas la même qu’une saison sans lui. Parce que ce joueur-là est difficilement voire impossible à remplacer sinon par plusieurs joueurs. Mais ça, cela se prépare. Est-ce-que vous vous êtes mis une date butoir en disant par exemple il faut que fin mars ce soit réglé sinon cela vous gênerait pour recruter?

Nasser Al-Khelaïfi: Ca c’est une question de feeling. On a beaucoup de matchs très importants, la Ligue des champions, Lens dimanche. Vraiment je demande à tout le monde de laisser Kylian tranquille. Laissez-nous tranquille, on est bien. J’ai confiance en lui, jamais il ne fera quelque chose contre le club. J’ai confiance en lui et il l’a déjà dit. Laissez-le tranquille, nous on est dans la même famille, lui c’est ma famille. Aujourd’hui je veux protéger le joueur. Tous les joueurs de l’équipe sont importants et là c’est une période très sensible donc je vais demander aux médias de le laisser un petit peu.

"On n’a pas besoin de stars, la star c’est le Paris Saint-Germain"

Jérôme Rothen: Président, on va parler plus globalement de la saison actuelle. Vous nous avez parlé du changement de stratégie, êtes-vous satisfait du recrutement et de ce qu’il se passe sur le terrain depuis six mois?

Nasser Al-Khelaïfi: Pas seulement satisfait mais très satisfait. De tout ce qu’on a fait. La vérité c’est que je ne pense pas que l’on puisse mieux commencer que ce que l’on a fait. Je suis aussi très content de la façon dont on joue aujourd’hui. Pour moi, quand on a joué le premier match à la maison contre Lorient, on a fait match nul mais j’ai senti qu’on a construit quelque chose. Je suis parti après le match mais j’ai dit "félicitations" au coach parce que je sais ce qu’il veut construire. J’ai beaucoup de confiance en nôtre entraîneur, avec Luis Campos, pour développer et arriver à ce que l’on veut. On a besoin de temps.

Jérôme Rothen: Et c’est bien d’avoir changé président. C’est bien parce qu’on a l’impression que vous êtes plus patient. Vous déléguez et vous laissez le sportif faire. Vous avez mûri en fait parce que vous me parlez de Luis Campos, de Luis Enrique. Et c’est vrai que c’est l’image que le club dégage aujourd’hui avec ces deux personnes fortes aujourd’hui. Ce sont eux qui décident, bien sûr avec votre aval, mais ce sont eux qui décident et ça va dans le bon sens.

Nasser Al-Khelaïfi: Même avant. La vérité c’est que quand on parle. J’ai beaucoup de respect et je veux remercier tous les entraîneurs qui ont été avec nous. Depuis le premier Kombouaré jusqu’à Christophe Galtier, j’ai de très bonnes relations avec lui et c’est aussi un top coach. Un coach ça peut marcher avec vous, avec les joueurs, avec le club mais c’est difficile. Ce ne sont pas des mauvais coachs, pas du tout. Nous avec Luis Enrique nous avons mis en place une stratégie. On lui a dit: "Écoute, on est derrière vous jusqu’à la fin". C’est ce qu’il veut.

Jean-Louis Tourre: Cela veut dire qu’il aura du temps? Même s’il y a élimination en Ligue des champions dès les huitièmes?

Nasser Al-Khelaïfi: Vraiment, même si on n’est pas qualifiés en Ligue des champions il va rester parce qu’on est très contents de son travail.

Jean-Louis Tourre: Même s’il avait été éliminé dès les phases de poules ? Il serait resté?

Nasser Al-Khelaïfi: Exactement.

Jérôme Rothen: Il est donc là pour plusieurs années?

Nasser Al-Khelaïfi: Exactement.

Jérôme Rothen: Il est là pour plusieurs années et cela ressemble un peu, je ne dis pas que vous avez copié, au projet de Manchester City qui a fait ça il y a plusieurs années avec Pep Guardiola. En acceptant certaines…

Nasser Al-Khelaïfi: Oui on a une différente avec Luis Enrique qui est pour moi le meilleur entraîneur du monde aujourd’hui. Il a aussi une philosophie pour prendre des jeunes joueurs. Il suffit de regarder en Coupe de France, il aime les jeunes joueurs et n’aime pas les vieux (rires), les retraités. Il veut que les joueurs courent.

Jérôme Rothen: Il aime les faire progresser…

Nasser Al-Khelaïfi: Exactement. Il aime la technique et que cela joue au foot. C’est son style. Une fois où je parlais avec lui, j’ai dit: "Coach, on est très heureux de votre travail, de votre style de jeu offensif et continuez comme ça". Il a rigolé et m’a demandé si j’avais eu des doutes sur le fait qu’il allait changer. J’étais très content de sa réponse.

Jérôme Rothen: Et est-ce que vous avez aussi envie de continuer avec Luis Campos? Parce qu’on a vu qu’il avait arrêté au Celta de Vigo?

Nasser Al-Khelaïfi: Luis Campos, le sportif et le scouting, le coach et les joueurs, on veut qu’ils restent. On a construit quelque chose pour le long terme.

Jean-Louis Tourre: Il est donc aussi là pour longtemps?

Nasser Al-Khelaïfi: La vérité c’est que le club est plus grand que n’importe qui mais les deux sont là avec nous. On est très content de son travail. Je suis très satisfait du travail des deux. Le coach est fantastique, on regarde chaque semaines les matchs. Luis aussi avec le recrutement.

Jérôme Rothen: Le recrutement, il est justement en plein dedans. Un nom est sorti lundi, vous parlez de jeunes joueurs et vous avez recruté Beraldo, mais là cela a parlé de Kimmich? C’est un joueur confirmé, avec de l’expérience mais est-ce que c’est une possibilité?

Nasser Al-Khelaïfi: Écoutez, moi je ne veux pas parler d’un joueur d’un autre club car je respecte beaucoup le Bayern Munich. J’ai de très bonnes relations avec le Bayern et avec Rummenigge aussi. Si on a un intérêt pour un joueur, on va en parler avec le club. Mais la vérité c’est qu’aujourd’hui on regarde sur le mercato. Mais on sait que le mercato c’est difficile mais on regarde chaque possibilité, comment on peut et comment on veut développer pour faire progresser l’équipe.

Jérôme Rothen: Président, c’est fini les stars au PSG?

Nasser Al-Khelaïfi: On n’a pas besoin de stars. Aujourd’hui la star c’est le Paris Saint-Germain.

Jérôme Rothen: Ca fait plaisir d’entendre ça. Moi qui suis issu de la formation parisienne, pour un Parisien comme moi cela fait plaisir d’entendre ça. On en a parlé il y a un an, moi je n’ai pas aimé Messi. Je n’ai pas aimé l’attitude qu’il a eu et surtout, selon moi, il s’est moqué du PSG et il s’en moque encore aujourd’hui dans les déclarations. Je n’ai pas envie de revivre ça avec l’arrivée de certains noms clinquants. Et je préfère des joueurs qui viennent progresser et faire gagner l’équipe et transpirer PSG.

Nasser Al-Khelaïfi: Nous on a besoin de joueurs qui respectent le maillot, qui respectent le club et qui donnent tout pour le logo ou pour le maillot du Paris Saint-Germain. Qu’est-ce qu’on veut? Personne ne peut garantir le résultat.

Jérôme Rothen: Mais président, est-ce-que vous êtes d’accord avec ce que je dis sur Messi?

Jean-Louis Tourre: Ce qui t’a rendu fou, Jérôme, c’est aussi ses déclarations depuis qu’il est parti? Tu avais l’impression que Messi crachait un peu sur le club.

Jérôme Rothen: Dans ses relations avec les supporteurs c’est pareil…

Nasser Al-Khelaïfi: Je vais dire une chose sur Messi, le meilleur joueur monde et le meilleur joueur de l’histoire. Ce n’était pas facile pour lui de venir ici après quelques années, il faut aussi regarder ça, à Barcelone. Là-bas, tout était pour Messi: les joueurs, les coachs, et le management. Il vient ici et ce n’est pas la même chose, on a aussi d’autres joueurs, on a Kylian et aussi Neymar.

Jérôme Rothen: Mais il a été placé à la Tour Eiffel quand même…

Nasser Al-Khelaïfi: Oui, oui mais je veux dire pour Messi. J’ai un grand respect pour lui mais si quelqu’un veut parler mal du Paris Saint-Germain après, ça ce n’est pas bien. Ca ce n’est pas le respect.

Jean-Louis Tourre: Vous n’avez pas digéré ses déclarations?

Nasser Al-Khelaïfi: Pour moi, comme je l’ai dit, si quelqu’un parle sur le fait qu’on ne l’a pas assez célébré après qu’il a gagné la Coupe du monde. On est en France et il a gagné contre Kylian. On est un club français. Je ne veux pas non plus que tout le stade soit contre lui.

Jérôme Rothen: Oui, c’est normal.

Nasser Al-Khelaïfi: Je pense qu’il faut respecter ça. Mais ce n’est pas un mauvais garçon mais je n’aime pas ça. Je vais dire, ce n’est pas que pour lui mais c’est pour tout le monde, on parle quand on est là, pas quand on est parti. Ca ce n’est pas notre style.

"On a aussi mis Paris sur la carte mondiale"

Jean-Louis Tourre: Autre élément important qui t’énerve autour du PSG, Jérôme, c’est le dossier du Parc des Princes…

Jérôme Rothen: Le terrain de mes exploits, le Parc des Princes.

Jean-Louis Tourre: On en avait parlé il y a un an, je vous vois déjà souffler président Al-Khelaïfi. La mairie de Paris et son adjoint au maire ont fait des déclarations récentes en disant que cela poserait un problème que Paris vende le Parc des Princes au Qatar. David Belliard a dit à Sud Radio qu’il s’opposerait à toute vente et que c’était à la charge du PSG de faire des travaux parce qu’il en a les moyens. Désormais, on enlève la possibilité du Stade de France car vous n’êtes pas candidat au rachat et il y a toujours cette idée d’une vente du Parc des Princes qui revient.

Nasser Al-Khelaïfi: Pourquoi? Parce qu’on est le Qatar, parce qu’on est Arabes? Non, ça ce n’est pas bien.

Jean-Louis Tourre: Vous pensez que c’est pour cela que David Belliard dit ça ?

Nasser Al-Khelaïfi: Je pense que même légalement il ne peut pas dire ça. C’est vraiment grave.

Jean-Louis Tourre: C’est du racisme selon vous?

Nasser Al-Khelaïfi: C’est grave. Je ne suis pas l’avocat et je ne sais pas exactement ce qu’il a dit mais c’est grave, vraiment.

Jérôme Rothen: C’est grave, parce qu’ils vous prennent pour des pigeons…

Nasser Al-Khelaïfi: Ça m’a fait très mal. Pas pour moi parce que je ne sais pas vraiment qui est cet adjoint. Mais si j’entends ça vraiment comme un être humain, ce n’est pas bien. On est France, on est dans le pays de la liberté. Je pense que ça c’est vraiment très grave. Pour le stade, on ne s’en cache pas, la vérité c’est qu’on a un nouvel investisseur américain Arctos et une des conditions qu’il veut c’est d’être propriétaire de notre stade. Aujourd’hui si on veut vraiment être compétitif avec les autres clubs européens, on est obligé d’avoir notre stade. Pour moi le Parc des Princes c’est le meilleur stade au monde, il n’y a aucune question là-dessus. Mais nos supporteurs ont besoin de plus grand et de plus près du terrain, un peu comme en Angleterre. Quand on joue, on veut avoir un des meilleurs stades du monde et on veut investir.

Jérôme Rothen: Vous l’avez déjà fait.

Nasser Al-Khelaïfi: On l’a fait mais on veut faire encore plus avec notre stade. Aujourd’hui avec le fair-play financier, avec notre investisseur, on est obligé. On n’a pas le choix.

Jérôme Rothen: Et si la mairie de Paris ne veut pas, président?

Nasser Al-Khelaïfi: On part.

Jean-Louis Tourre: Vous iriez construire un stade ailleurs?

Nasser Al-Khelaïfi: C’est le mauvais choix, le pire choix.

Jérôme Rothen: Mais si la mairie ne vous laisse pas le choix?

Nasser Al-Khelaïfi: Pour moi cela me ferait mal parce que je pense que l’on a aussi beaucoup fait pour la ville de Paris en tant que club. Je pense que l’on a aussi mis Paris sur la carte mondiale. J’aimerais qu’on regarde les statistiques pour voir combien de personnes viennent à Paris pour le Paris Saint-Germain, pour regarder des matchs ou autre. Je pense qu’il y en a beaucoup. Les investissements qu’on a fait à Paris et en France, je pense que la mairie peut plus nous respecter. Si l’investisseur il veut partir, cela fait beaucoup de mal au championnat de France. Moi j’adore Paris et la France. Je suis fier d’être là, vraiment.

Jérôme Rothen: Heureusement président, parce que cela fait 12 ans maintenant...

Nasser Al-Khelaïfi: La vérité c’est que je le fais avec passion, avec ma ville. Mais si la ville nous traite mal... C’est comme ça qu’elle traite l’un de ses plus grands partenaires en France, nos supporteurs, notre club, nos joueurs?

Jérôme Rothen: Président, avez-vous parfois pensé à partir?

Nasser Al-Khelaïfi: On parle aujourd’hui avec beaucoup d’investisseurs et il faut aussi voir qui on prendrait. Mais on est là! Honnêtement, avec la ville de Paris, je ne veux pas… Moi je veux que l’on ait une discussion honnête et avec du respect. On n’a pas été respecté sur ça et cela fait très mal, vraiment, parce que l’on a fait de bonnes choses pour la ville.

Jean-Louis Tourre: On sent que cela vous touche sincèrement.

Jean-Louis Tourre: Il y a aussi beaucoup d’affaires sur lesquelles on ne va pas revenir en détail car il y a des enquêtes en cours et la justice qui fait son travail Nasser Al-Khelaïfi. Dans Rothen s’enflamme, on se concentre essentiellement sur le sportif. C’est pour cela qu’on n’aborde pas ces affaires dans le détail et on imagine que vous avez vos avocats sur le coup pour faire face à la justice.

Jérôme Rothen: Etes-vous blessé par tout cela président?

Nasser Al-Khelaïfi: La vérité c’est, vous savez, que comme je suis une personnalité publique.

Jérôme Rothen: Importante?

Nasser Al-Khelaïfi: Je ne veux pas dire importante mais publique.

Jérôme Rothen: En privé vous m’avez dit que vous étiez la personnalité numéro une devant Emmanuel Macron (rires).

Nasser Al-Khelaïfi: Jamais je ne vais dire ça.

Jérôme Rothen: Et devant Anne Hidalgo, ça je le confirme (rires).

Jean-Louis Tourre: Trouvez-vous que l’on vous accorde un traitement particulier? Qu’on ne vous pardonne pas certaines choses qu’on pardonne à d’autres?

Nasser Al-Khelaïfi: Je pense, peut-être que comme je suis président du club on cherche à me toucher. Mais vraiment, je n’ai rien à voir avec ça. Je ne prends pas beaucoup de temps sur ça. Je me connais et je connais mon éducation. Tout le monde doit prendre le jugement qu’il mérite.

Jean-Louis Tourre: Selon vous, vous n’avez rien fait d’illégal?

Nasser Al-Khelaïfi: Non, bien sûr. Je ne veux pas beaucoup parler des affaires car je n’ai pas le temps pour ça. L’avocat s’occupe de ça. Je fais très confiances au juge qui va prendre la meilleure décision contre celui qui fait les choses mal.

Jérôme Rothen: Là on dit quand même qu’il y a de la corruption au PSG… C’est quand même incroyable.

Jean-Louis Tourre: Votre ancien bras droit, Jean-Martial Ribes a quand même été mis en examen pour des chefs d’accusation précis.

Nasser Al-Khelaïfi: Je ne veux pas parler de certaines choses mais sil vraiment il y a quelque chose de mal, on veut savoir. Le club et moi-même, on a confiance. On est très propres, on a tout fait légalement. On n’a rien fait contre personne.

Jean-Louis Tourre: Je voulais aussi vous posez une question sur les droits TV parce que vous êtes aussi président du conseil d’administration de beIN Sports.

Jérôme Rothen: Et puis vous avez parlé tout à l’heure des droits TV avec le fait que Kylian reste ou pas. C’est important pour le championnat que les droits TV existent et soient importants. Est-ce que vous avez été rassuré de ce côté-là? Est-ce que vous avez envie d’avoir une réponse assez vite de la part du président de la Ligue et de la LFP?

Nasser Al-Khelaïfi: Ici j’ai un seul intérêt, c’est monter au maximum les droits TV. Voilà ce qui m’intéresse aujourd’hui. Mais la vérité c’est que je ne parle pas de ça, je ne parle pas de beIN parce qu’aujourd’hui mon intérêt en tant que président de club, si je veux être compétitif avec les autres clubs européens, c’est d’avoir le maximum de droits TV. Pour moi on a le meilleur produit aujourd’hui qu’on a développé avec la Ligue. Je pense vraiment que les droits TV méritent un bon chiffre.

Jean-Louis Tourre: Est-ce que vous pouvez nous dire si beIN Sports va participer à l’appel d’offres?

Nasser Al-Khelaïfi: Je ne parle pas de ça. Parlez-en avec Yousef Al-Obaidly (PDG et membre du conseil d'administration beIN Media Group, ndlr). C’est lui qui s’occupe de ça.

Jérôme Rothen: On va prendre Youssef Al-Obaidly au téléphone alors…

Jean-Louis Tourre: Merci Nasser Al-Khelaïfi, bonne fin de saison.

Jérôme Rothen: Merci président et bon courage.

Nasser Al-Khelaïfi: Merci beaucoup. Vraiment c’était un grand plaisir de parler avec vous.

Jérôme Rothen: On se revoit pour la prolongation de Kylian (rires).

Nasser Al-Khelaïfi: J’espère. Encore merci à vous.

Article original publié sur RMC Sport