PSG: cadeau fiscal, armée numérique... Al-Khelaïfi au coeur de nombreuses investigations

Depuis l’arrivée de Qatar Sports Investments (QSI) au PSG en 2011, Nasser Al-Khelaïfi s’est imposé comme un personnage incontournable du football mondial. Président du PSG mais aussi de l’ECA (le syndicat des clubs européens), le dirigeant se retrouve au cœur de plusieurs affaires révélées par le biais de Football Leaks. Si des perquisitions ont été menées et des investigations sont en cours, il n'a pas été condamné et n’est poursuivi dans aucune affaire. "La vérité, c’est que je suis une personnalité publique", s'est-il défendu dans Rothen s'enflamme sur RMC mardi. "Peut-être parce que je suis président du club, tout le monde veut me toucher. Je n’ai rien à voir avec ça. Je me connais, je connais mon éducation. (...) Je ne veux pas beaucoup parler des affaires car je n’ai pas le temps pour ça. Mon avocat s’occupe de ça. Je fais confiance au juge pour prendre la meilleure décision".

Une tentaculaire enquête de barbouzerie au coeur des révélations

Le nom de Nasser Al-Khelaïfi est apparu dans le viseur de la justice française dans la tentaculaire affaire de barbouzerie et de soupons de trafic d’influence qui éclabousse le club depuis septembre 2022. A cette période, trois hommes - dont deux anciens policiers du renseignement -, avaient été placés en garde à vue dans le cadre d’une enquête ouverte depuis 2021 pour violation du secret professionnel, trafic d'influence, corruption, faux et usage de faux, aide à l'entrée et au séjour irrégulier en bande organisée, détournement de finalité d'un fichier de données, compromission du secret de la défense nationale et prise illégale d'intérêts. Selon les enquêteurs, des informations confidentielles de police ont été consultées et vendues pour des intérêts privés et pourraient avoir bénéficié au PSG. Cela concernait notamment l’identité du supporteur rennais giflé par Neymar en avril 2019 après la finale de la Coupe de France. "En réponse aux reportages des médias en France concernant les enquêtes en cours contre trois individus pour des activités illégales potentielles, nous confirmons catégoriquement et absolument que cela n'a rien à voir avec Nasser Al-Khelaifi", s’étaient alors défendus les avocats du président parisien, Francis Szpiner et Renaud Semerdjian.

Il aurait validé certaines opérations de l’armée numérique

Selon de nouvelles révélations de Mediapart lundi, Jean-Martial Ribes, ancien dircom' du PSG et bras droit de "NAK", a confirmé face aux enquêteurs que Nasser Al-Khelaïfi avait validé certaines opérations de l’armée numérique, créée pour discréditer des personnalités médiatiques ou des joueurs comme Kylian Mbappé et Adrien Rabiot. Selon Mediapart, il aurait notamment été informé des attaques prévues contre l’ancien directeur de la rédaction de L’Equipe, Jérôme Cazadieu, en 2018. L’existence de cette armée numérique avait été révélée en 2022.

Des cadeaux pour l'ancien chef de France Football pour le Ballon d'or de Messi?

Selon des révélations du Monde et de Mediapart, le PSG aurait accordé plusieurs cadeaux à Pascal Ferré, à l'époque où il était rédacteur en chef du magazine France Football, en charge de l'organisation du Ballon d'or. En échange, le club de la capitale aurait tenté d'influer sur le résultat du Ballon d'or 2021 même si l'ancien journaliste, désormais au PSG, avait accord son premier vote à Robert Lewandowski.

Une perquisition juste avant la présentation de Luis Enrique

Le 5 juillet 2023, Nasser Al-Khelaïfi était arrivé en retard pour la présentation de Luis Enrique, nouvel entraîneur du PSG. A son atterrissage à Paris, le président du PSG était attendu par un juge d’instruction et des policiers de l’Office central de lutte contre le crime organisé (OCLCO) qui lui avaient demandé de les suivre en vue d’une perquisition à son domicile dans le cadre de l’enquête pour "enlèvement", "séquestration avec torture et actes de barbarie" et "extorsion en bande organisée". Il avait signé une décharge pour que la perquisition se déroule à son domicile en son absence.

Quelques jours plus tôt, des perquisitions avaient été menées dans la mairie du VIIe arrondissement et dans deux cabinets d’avocat. Elles étaient en lien elles avec l’information judiciaire ouverte en janvier 2023 à Paris, à la suite d’une plainte déposée en août 2022 par le lobbyiste franco-algérien Tayeb Benabderrahmane, assurant avoir été séquestré pendant six mois au Qatar et avoir été interrogé sur des documents compromettants qu’il aurait détenus sur le Al-Khelaïfi. Il avait finalement été libéré contre la signature d’un accord de confidentialité, selon ses déclarations

Un accord fiscal supposé avec Darmanin pour le transfert de Neymar en 2017

Selon Libération, Mediapart et L’Equipe, le PSG est soupçonné d’avoir bénéficié d’un généreux coup de pouce de Gérald Darmanin, alors ministre des Comptes publics, et son directeur de cabinet Jérôme Fournel lors du transfert de Neymar pour échapper à des dizaines de millions d’euros de taxes pour garantir le transfert de Neymar au parisien en 2017. D'après Mediapart, l’administration fiscale aurait pu réclamer entre 67 et 224 millions d’euros dans cette affaire puisqu'il ne s'agissait pas d'une indemnité de transfert mais d'un versement au joueur pour lui permettre de payer lui-même sa clause. Plusieurs échanges directs ou indirects auraient eu lieu sur le sujet entre des dirigeants du PSG (Jean-Claude Blanc, ex-directeur général, et Jean-Martial Ribes, ancien directeur de la communication et bras droit d’Al-Khelaïfi) et de hauts responsables politiques (Jérôme Fournel, mais aussi Hugues Renson et Gérald Darmanin).

Acquitté dans l’affaire de corruption sur l’attribution des droits TV

Nasser Al-Khelaïfi a été acquitté par la justice suisse en juin 2022 dans une affaire de corruption sur la cession des droits TV des Coupes du monde 2026 et 2030 pour laquelle le parquet avait requis 28 mois de prison contre le dirigeant. Il s’en était sorti sans poursuite, comme cela avait été le cas lors de son procès en première instance en octobre 2020. Le président parisien était poursuivi avec Jérôme Vlacke, ancien numéro 2 de la FIFA, pour "instigation à gestion déloyale aggravée" dans le cadre d’une procédure ouverte en 2017 par le ministère public de la Confédération suisse (MPC) pour l’octroi des droits télévisés des Coupes du monde de football 2026 et 2030 à la chaîne qatarie BeIN Sports. Le MPC soupçonnait Valcke d’avoir reçu d’Al-Khelaïfi des avantages estimés entre 1,4 million et 2,3 millions d’euros, à savoir "l’usage exclusif de la villa Bianca" (située en Sardaigne) de mars 2014 à septembre 2015, ainsi qu’un remboursement de 500.000 euros après versement d’un acompte pour la villa en question.

Al-Khelaïfi n’en a pas tout à fait terminé avec la justice suisse que, selon Le Monde, il devra encore s’expliquer dans le cadre d’une procédure contradictoire écrite après que le ministère public de la Confédération (MPC) a interjeté recours auprès du Tribunal fédéral suisse de Lausanne.

Article original publié sur RMC Sport