La proposition de consultation à 26,50 euros fait bondir les médecins

Manifestation des médecins à Paris le 5 janvier 2023 REUTERS/Benoit Tessier
Manifestation des médecins à Paris le 5 janvier 2023 REUTERS/Benoit Tessier

Les médecins libéraux réclament une revalorisation du tarif de base de la consultation, fixé à 25 euros. La proposition de l'Assurance maladie est loin de leurs attentes.

"Choquant", "une provocation"... Les négociations entre syndicats de médecins libéraux et l'Assurance maladie se passent mal. À moins d’un mois de la date-butoir des négociations, la proposition de revaloriser d'1,50 euros le tarif de base de la consultation, passant ainsi de 25 à 26 euros 50, a du mal à passer auprès des médecins.

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Après un premier appel à la grève en décembre dernier, le collectif médecins pour demain a appelé à une nouvelle mobilisation, début janvier, entrainant la fermeture de plusieurs cabinets de médecins. À Paris, une manifestation a réuni des milliers de médecins devant le ministère de la Santé, pour réclamer notamment la hausse de la consultation de base.

Une mobilisation massive qui n'aboutit pas à des propositions suffisantes, selon les médecins. "On est choqués, le tarif de 25 euros n'a pas bougé depuis 2017, sauf qu'entre temps, tout a augmenté : le loyer, les charges de personnels... Cette revalorisation d'1,50 euros est inférieure au niveau de l'inflation, qui porterait la consultation à 28 ou 29 euros" nous expose Moktaria Alikada, du collectif Médecins pour demain, à l'origine de la grève du mois de décembre pour une revalorisation à 50 euros.

"Ça ne va pas calmer la colère des médecins"

"Dans un contexte de baisse d'attractivité de la médecine de ville, on s'attendait à des revalorisations massives et une baisse des charges administratives. Là, avec 1 euro 50 de revalorisation, c'est un message clair envoyé aux médecins de ne pas s'installer en libéral, avec pour conséquence une population qui n'accède pas aux soins. Mais visiblement cela n'inquiète pas le gouvernement", poursuit le Dr Moktaria Ali Kada

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Même son de cloche du côté de l'un des principaux syndicats, l'Union Française pour une Médecine Libre (UFML). "Ce n’est pas ce qui va calmer la colère des médecins. On se demande à quel jeu joue le gouvernement. Monsieur le ministre de la Santé, il faut maintenant miser sur la médecine de ville, c'est la seule qui peut à la fois sauver le secteur public, aménager le territoire, ramener le soin aux patients, et faire installer tous ces jeunes", explique Jérôme Marty.

Vers une médecine à deux vitesses ?

Si les négociations n'aboutissent pas, les médecins craignent "une médecine à deux vitesses, qui pousse les médecins à se déconventionner, ce qui ferait que seuls les plus aisés pourront consulter. On est face à un choix politique qui en dit long sur les priorités en terme de santé", redoute le docteur Moktaria Ali Kada.

Une nouvelle manifestation est d'ores et déjà prévue pour le 14 février de la part des médecins, afin de mettre un peu plus la pression sur le gouvernement, et obtenir une revalorisation plus conséquente de la consultation de base.

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