Vers une grève des médecins généralistes ?
Plusieurs jours de mobilisation sont prévus, notamment pour réclamer une hausse du prix de la consultation, de 25 à 50 euros.
Si vous avez déjà du mal à trouver un rendez-vous chez votre médecin généraliste, la situation pourrait s'aggraver dans les prochains jours. En cause, plusieurs appels à la grève et donc à la fermeture des cabinets des médecins généralistes.
Premier acte ce jeudi 17 novembre, où le premier syndicat de médecin généraliste MG France vient en soutien au mouvement des internes et étudiants en médecine. La raison de la colère ? L’ajout d’une quatrième année d’internat en médecine générale, qui doit être effectuée "en priorité dans des zones où la démographie médicale est sous dense", selon le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), et des propositions visant à réguler l’installation des médecins.
✊🏼Les #etudiants en #medecine de #Tours, #Angers, #Poitiers mobilisés avec nous pour manifester à #Nantes
❌NON à la #coercition et à une #4èmeannéebaclée ❌#CauchemarEnMedecine @Sante_Gouv @Senat @AssembleeNat pic.twitter.com/dTJ6bHscwg— CNEM (@CNEMedecine) November 17, 2022
Conséquences, plusieurs cabinets de médecins généralistes sont fermés ce jeudi, comme dans la région lyonnaise, rapporte France 3.
Un appel à la grève lancé par un collectif de 13 000 médecins
Le deuxième acte pourrait avoir encore plus de conséquence au quotidien pour les patients. À l'appel du collectif "Médecins pour demain", les médecins généralistes libéraux sont appelés à faire grève les 1er et 2 décembre. Ce collectif apolitique et asyndical, qui regroupe 13 000 médecins, a été créé "en septembre dernier sur la colère de la base des médecins libéraux, pas uniquement des généralistes, sur les conditions de travail qui se dégradent, afin d'obtenir une revalorisation des actes", nous explique son porte-parole Julien Sibour, médecin généraliste dans les Bouches-du-Rhône.
"Aujourd'hui on se mobilise également contre les mesures inscrites au PLFSS (projet de loi de financement de la Sécurité sociale), de coercition à l'installation des généralistes, ou encore à la consultation en zone sous dotée pour médecin généralistes déjà installés", ajoute le porte-parole de Médecins pour demain.
"Il faut un choc tarifaire pour attirer les jeunes"
Mais la principale revendication reste le passage de la consultation à 50 euros, contre 25 actuellement. Une mobilisation qui reçoit, pour l'instant, le soutien de l'ensemble des syndicats de la profession, dont l'UFML. "On a besoin d'un choc tarifaire et d'un choc de relance pour la médecine libérale. Les jeunes ne s'installent pas ou mettent du temps, l'attractivité baisse. Face aux difficultés d'exercice et au manque de jeunes médecins généralistes, il faut une prise de conscience de ce que vaut un acte médical et revaloriser pour attirer", plaide son président, le docteur Jérôme Marty.
Un constat que partage le porte-parole de Médecins pour demain, qui déplore qu'à l'issue de leurs études, les généralistes s'orientent vers le secteur privé ou le salariat, "mais ne s'installent que très peu en libéral, à cause de la faible attractivité".
Vers une grève plus longue ?
"Cette revalorisation, c'est un coût supplémentaire de 6 milliards d'euros. C'est le moment d'investir dans la santé. Cela a plusieurs effets positifs pour la société : un meilleur accès à la santé, redynamiser les territoires où les généralistes s'installent... On parle du coût de la santé, mais il faut aussi voir le coût de la non santé pour la société", prolonge le président du syndicat UFML.
Un mouvement qui pourrait durer, à en croire l'un des principaux instigateurs. "Les 1er et 2 décembre sont un coup de semonce. On n'a pas voulu surcharger nos collègues hospitaliers qui sont déjà en difficulté en faisans une grève longue, mais sans avancée, on peut aller vers un mouvement plus long" menace le porte-parole de Médecins pour demain. Selon le collectif, plusieurs milliers de médecins se sont déclarés comme grévistes pour le 1er et 2 décembre prochain.
VIDÉO - Pénurie de médecins généralistes: le gouvernement veut étendre les gardes médicales aux infirmiers, sages-femmes et dentistes