Les propos de Kanye West sur Hitler, l’aboutissement de mois de dérives antisémites

Montage AFP du logo Twitter affiché sur un téléphone portable avec une photo de Kanye West en arrière-plan, le 28 octobre 2022 à Washington, DC. 
(Photo : OLIVIER DOULIERY / AFP)
OLIVIER DOULIERY / AFP Montage AFP du logo Twitter affiché sur un téléphone portable avec une photo de Kanye West en arrière-plan, le 28 octobre 2022 à Washington, DC. (Photo : OLIVIER DOULIERY / AFP)

ÉTATS-UNIS - Même Elon Musk lui reproche d’avoir été « trop loin ». Twitter a suspendu ce vendredi 2 décembre le compte de Kanye West pour « incitation à la violence ». Le rappeur américain avait publié une image représentant une croix gammée entrelacée avec une étoile de David, a annoncé le patron du réseau social Elon Musk. La veille, l’artiste évoquait son amour pour Hitler et les nazis, sur le plateau de l’émission InfoWars du complotiste Alex Jones. Bien que choquant, ce torrent de propos antisémites n’est que l’aboutissement d’une longue dérive qui a commencé il y a déjà plusieurs mois.

« J’en ai assez des étiquettes, tout être humain a apporté quelque chose ayant une valeur, surtout Hitler », a-t-il affirmé dans l’émission télévisée diffusée en direct ce jeudi. Le rappeur a redoublé de provocation en affirmant « J’adore les nazis ». De quoi mettre mal à l’aise Alex Jones lui-même, pourtant amateur de sorties hautement polémiques.

Trump, veux-tu être mon « vice-président » ?

Et cette énième controverse survient seulement une semaine après un dîner choquant partagé avec Donald Trump et un suprémaciste blanc, Nick Fuentes. Ce jeune homme de 24 ans est connu pour diffuser les idées de Kanye West dans ses podcasts.

Cette soirée, réunissant trois hommes reconnus pour leurs sorties surréalistes, a été très vivement critiquée, même dans le camp de Trump. « Toute entrevue, même de courtoisie, avec un antisémite comme Kanye West et une ordure comme Nick Fuentes est inacceptable » , a regretté David Friedman, son ancien ambassadeur en Israël sur Twitter.

Très ami avec Donald Trump, Kanye West lui a même proposé lors de ce tête-à-tête de devenir son colistier pour la prochaine présidentielle. L’artiste a en effet déclaré sa candidature pour 2024 via une série de vidéos publiées sur son compte Twitter dans la nuit de jeudi à vendredi, accompagnées du logo « Ye 24 ».

Dans l’une d’entre elles, le rappeur de 45 ans évoque une conversation qu’il a eue avec l’ancien président Donald Trump, qui a lui-même annoncé sa candidature à l’élection américaine de 2024. « Je lui ai demandé d’être mon vice-président », déclare Ye, assurant que Donald Trump a « commencé à (lui) hurler dessus ». Le trublion de la musique et de la mode s’était déjà lancé dans une improbable candidature à l’élection américaine de 2020, recueillant seulement 70 000 voix.

Les marques le fuient une à une

Ce type de comportement problématique et ses propos antisémites et racistes ont fait fuir une à une les marques avec qui il collaborait. La chaîne de prêt-à-porter Gap, suivit de la maison de couture française Balenciaga ont annoncé fin octobre ne plus avoir « aucune relation ni aucun projet futur avec cet artiste ».

Un mois plus tard, c’est l’équipementier sportif Adidas qui a mis fin à sa collaboration avec la star à cause de remarques à caractère antisémite et raciste. Le rappeur a notamment porté un t-shirt barré de la mention « White Lives Matter » lors d’un défilé de mode à Paris. Ce slogan, utilisé par l’extrême droite américaine, détourne le nom du mouvement « Black Lives Matter », qui milite contre le racisme envers les Afro-Américains. Des employés de la marque ont également accusé le rappeur de comportement à caractère sexuel déplacé et d’intimidations.

La marque de baskets Skechers a même dû le chasser de ses bureaux à Los Angeles le 25 octobre, après que la star est arrivée « sans prévenir et sans invitation », a relaté l’entreprise. « Skechers n’envisage pas et n’a aucune intention de travailler avec West. Nous condamnons ses récentes remarques clivantes et ne tolérons pas l’antisémitisme ou toute autre forme de discours de haine », a poursuivi la société.

Star déchue sur les réseaux sociaux

La star pourtant suivie par plus de 100 000 personnes sur Instagram et Twitter perd aussi sa communauté sur les réseaux sociaux. Suite à sa dernière tirade sur son amour pour le nazisme, il a reçu une avalanche de critiques et nombreux internautes ont dénoncé la dangerosité de tel propos, notamment venus d’une célébrité très connue.

« Rien ne peut justifier l’antisémitisme de Kanye West. Triste et dangereux. Cela n’a rien à voir avec la liberté d’expression. Les personnes influentes peuvent encourager l’ignorance et la haine. Quel est le plan de Twitter pour créer un environnement sain pour un débat productif et l’échange d’informations ? », s’est interrogé un internaute, comme beaucoup d’autres.

D’autres s’interrogent aussi sur l’importance de la santé mentale du rappeur, diagnostiqué d’un trouble bipolaire il y a deux ans.

La réponse de Twitter n’a pas tardé : le rappeur a été radié du réseau social. Une suspension qui est intervenue après un échange entre Elon Musk et le rappeur, que ce dernier a ensuite rendu public. « Désolé mais tu es allé trop loin, ce n’est pas de l’amour », a écrit le patron de Twitter dans un message privé. West a répondu en défiant Elon Musk : « qui a fait de vous le juge » ?

Kanye West est allé si loin que même le réseau social Parler, une plateforme prisée des militants d’extrême droite qu’il convoitait depuis ses démêlés avec d’autres plateformes, a annoncé renoncer à se faire racheter par la star déchue.

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