Projet Lyon-Turin : Pourquoi Sandrine Rousseau demande aux élus d’aller à la manifestation interdite

Sandrine Rousseau, sur France info le 16 juin 2023.
Sandrine Rousseau, sur France info le 16 juin 2023.

POLITIQUE - Rendez-vous en vallée de Maurienne. Ce vendredi 16 juin la députée écologiste Sandrine Rousseau a dit son soutien aux manifestations (interdites à ce stade) prévues samedi et dimanche contre la ligne ferroviaire Lyon-Turin. Elle encourage les élus à s’y rendre, aussi bien pour dénoncer le projet que pour protéger les manifestants.

Les manifestations, annoncées de longue date par une dizaine d’organisations dont les Soulèvements de la Terre, menacé de dissolution, et les No-Tav italiens, entendent dénoncer les impacts écologiques, notamment sur la ressource en eau, de ce chantier « ferroviaire titanesque, impliquant le forage de 260 km de galeries à travers les massifs alpins ». Elles ont été interdites jeudi par la préfecture de Savoie pour des « risques de débordements ». Les organisateurs ont depuis saisi le tribunal administratif de Grenoble dont la décision est attendue ce vendredi.

Sandrine Rousseau se réjouit que des élus aillent sur place que l’interdiction soit maintenue ou qu’elle soit levée. Le maire EELV de Grenoble Éric Piolle et la présidente des députés LFI Mathilde Panot ont notamment prévu de s’y rendre. La députée écologiste n’y sera pas car retenue par d’autres engagements. Mais « ils ont raison, c’est très bien qu’il y ait des élus qui aillent sur place pour protéger les manifestants et pacifier les situations », déclare-t-elle sur franceinfo ce vendredi, avant la décision du tribunal administratif.

La présence des élus peut permettre de « protéger les manifestants contre certains d’entre eux qui peuvent vouloir faire déborder le vase » fait-elle valoir. Elle juge aussi utile de « mettre aussi des écharpes entre les forces de l’ordre et les manifestants de sorte que les affrontements ne soient pas directs ».

Une ligne inutile pour les écologistes

Soutenue par l’Union européenne, cette nouvelle ligne grande vitesse doit à terme relier Lyon et Turin, avec 70 % des voies en France et 30 % en Italie, avec un tunnel de 57,5 km traversant les Alpes entre Saint-Jean-de-Maurienne et Suse - soit 45 km creusés en France et 12,5 km en Italie, pour un coût évalué à plus de 26 milliards d’euros.

La société franco-italienne Telt, en charge du tunnel, assure que l’objectif est justement d’augmenter le frêt ferroviaire, avec une circulation à double sens dans le tunnel et des voies dédiées des deux côtés des Alpes. La nouvelle ligne « permettra de délester les routes alpines d’un million de poids lourds et de réduire chaque année les émissions de gaz à effet de serre d’environ un million de tonnes d’équivalent CO2 », soit « l’équivalent produit par une ville de 300 000 habitants », selon les données fournies par le constructeur.

L’idée est aussi de favoriser le développement économique régional et de raccourcir le temps de trajet pour les passagers en mettant Turin à 1H47 de Lyon en train (contre 3H47 actuellement, arrêts compris) et Milan à 4H30 de Paris (contre environ 7 heures aujourd’hui, arrêts compris).

Mais les opposants pointent son inutilité au regard des besoins. « Il y a déjà des lignes qui existent et en vingt ans, le fret ferroviaire entre la France et l’Italie a été divisé par 5. Il a été saccagé ces dernières années par manque de soutien public », affirme Sandrine Rousseau. « Les millions qui sont mis (sur ce projet, NDLR) devraient être mis sur le soutien à un réseau de fret existant partout en France, à la rénovation des lignes, au renforcement des infrastructures», estime-t-elle.

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