Profils supprimés, bugs... Critiquée, la plateforme "Mon master" accorde un délai supplémentaire aux étudiants

"La phase de candidature sur la plateforme Mon Master est prolongée jusqu’au jeudi 20 avril 2023, 23h59", au lieu du 18 avril", a prévenu lundi le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Contacté, le ministère confirme qu'un délai a été décidé pour laisser du temps aux étudiants qui n'auraient pas pu rentrer leurs demandes en raison de problèmes techniques sur le site.

Éléonore Schmitt, porte-parole de l'Union étudiante, déclare en effet à BFMTV.com qu'il "y a un délai supplémentaire parce que les organisations étudiantes l'ont demandé", en raison de difficultés sur la plateforme. "Il y a énormément de bugs", abonde Imane Ouelhadj, présidente de l'Unef (Union nationale des étudiants de France).

Les derniers jours avant la clôture, plusieurs étudiants ont ainsi relevé ne pas pouvoir accéder à leurs dossiers, et ont partagé sur les réseaux sociaux les messages "erreur inattendue" ou "maintenance technique en cours" qui s'affichaient sur leurs écrans.

"Des étudiants n'arrivaient pas à se connecter"

Ouvert depuis le 22 mars, ce portail doit permettre "de faciliter le dépôt de candidature des élèves auprès des universités, d'harmoniser le calendrier et d'accélérer les réponses aux candidats", expliquait le ministère en mars dernier, mais les critiques pleuvent depuis sa mise en place.

"Dès les premiers jours des étudiants n'arrivaient pas à se connecter", raconte Imane Ouelhadj.

Éléonore Schmitt déclare également que "des dossiers en cours étaient supprimés, il fallait alors tout recommencer, cela rajoute du stress". Elle-même a connu des difficultés sur une plateforme qu'elle décrit comme "pas facile d'usage". "Personne n'a eu de préparations sur Mon Master, ni les professeurs, ni les étudiants", déplore la représentante de l'Unef.

Le Monde rapporte également que certaines formations ont été, à certains moments, retirées pour des erreurs de paramétrages. Le ministère assure au quotidien que seules 7% des formations ont été concernées et pas de façon définitive. Mais la situation a fatalement généré anxiété et incompréhension chez les étudiants planifiant leur avenir.

"J’ai perdu toutes mes données et je n’ai pas été prévenue quand la formation a de nouveau été disponible", rapporte ainsi une étudiante en licence de droit au Monde.

Selon des chiffres du ministère, sur les 160.000 candidats inscrits, 18.500 ont rencontré des problèmes de téléversements, soit des difficultés pour charger des pièces de dossier. "Aucun d'entre eux ne sera pénalisé personnellement", assure le ministère qui explique être entré en contact avec les étudiants bloqués, "il n'y aura pas de conséquence pour ces étudiants", assure-t-on.

"Toutes les formations demandent des pièces en plus"

Sans parler de bugs, des étudiants soulèvent également des difficultés pour enregistrer les documents en ligne, ou encore les demandes de documents spécifiques pour certaines formations, transformant l'inscription en casse-tête. Les étudiants doivent ainsi remplir un premier profil avec leurs informations, comme leur identité et leurs notes, mais doivent parfois les ressaisir pour certaines formations. Imane Ouelhadj parle de "démarches administratives à rallonge".

D'autre part, "toutes les formations demandent des pièces en plus", explique Éléonore Schmitt. Elle raconte que certaines peuvent même demander des fiches de lecture sur des livres que les étudiants n'ont pas forcément lus et découvrent, alors que le candidat n'a que trois semaines pour rendre ces devoirs nécessaires à l'admission. "Certains demandent même des minis-mémoires", déclare Imane Ouelhadj.

"Il n'y a pas d'uniformisation" dans les candidatures déplore la porte-parole de l'Union étudiante.

Enfin, les responsables de masters soulignent également une forte augmentation du nombre de dossiers reçus pour parfois peu de places et craignent de mal trier les candidats.

"48h en plus pour les candidats, ça veut dire 48h en moins pour les commissions… ben ça va pas nous aider à regarder en détail les dossiers, ni à faire un classement plus juste", écrit ainsi Anna Colin Lebedev, responsable du master risques, sécurité et conflits à l’université Paris-Nanterre. Mardi, elle expliquait avoir reçu 338 dossiers validés pour son master de 20 places. D'après Le Parisien, l'université Panthéon-Assas avait de son côté enregistré lundi 39.850 candidatures contre 24.000 l’an dernier.

Le ministère assure de son côté qu'il n'y a "pas de crainte" à avoir de ce côté-là et que si les universités prestigieuses pourraient en effet recevoir un peu plus de demandes, "il n'y a pas de signal d'un gros sursaut à l'échelle globale."

Article original publié sur BFMTV.com