Ces professionnels de l’autopromo

« Regardez-moi, applaudissez-moi, ce que je fais est formidable ! »  - Credit:Soledad Bravi
« Regardez-moi, applaudissez-moi, ce que je fais est formidable ! » - Credit:Soledad Bravi

Que les choses soient claires : je vais, peut-être, poster cette chronique sur LinkedIn. Pour que nos écrits, emportés par le fleuve effrayant du Web, aient une petite chance d'y surnager et de capter l'attention d'un minimum de lecteurs, il faut les balancer sur les réseaux, comme des bouteilles à la mer, et espérer quelques pouces levés ou quelques retweets. Comme le font désormais la plupart des journalistes, qui y sont d'ailleurs encouragés par leurs directions, je poste donc régulièrement les unes du Point, les articles de mes chers collègues et aussi, parfois, certains de mes propres papiers…

Mais j'ai toujours un peu honte de ces accès de fièvre autopromotionnelle. Comme si, dans une pièce peuplée d'inconnus, je venais sur un coup de folie de me percher sur une estrade en hurlant à la cantonade : « Regardez-moi, applaudissez-moi, ce que je fais est formidable ! »

« Truman Show »

Comme vous sans doute, du moins ceux qui sont nés au siècle dernier, j'ai grandi dans l'idée que la modestie, qu'elle soit réelle ou feinte, est toujours plus classieuse que la vantardise, que rien n'est plus pathétique, vraiment, qu'un individu faisant sa propre publicité. Hier encore, on riait, il me semble, de ces gens qui, en société, se « poussent du col », détaillent leur poste mirifique, leur promotion éclair ou leur brillant carnet d'adresses… Que s'est-il donc passé pour que, en quelques années l'autopromo devienne non seulement admissible, mais se pr [...] Lire la suite