Procès Mendy: "Je savais que quelque chose n’allait pas", raconte une plaignante qui accuse Saha Matturie de viol

Louis Saha Matturie, co-accusé du procès Mendy - Icon Sport
Louis Saha Matturie, co-accusé du procès Mendy - Icon Sport

Le viol présumé de Louis Saha Matturie sur une huitième plaignante, qui serait survenu en mars 2021, était encore au centre des débats ce jeudi au tribunal de Chester, où Benjamin Mendy et son co-accusé sont jugés depuis plus d’un mois. Au cours de cette journée, la victime présumée a subi le contre-interrogatoire de l'avocate de Saha Matturie.

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Après une fête, la plaignante affirme qu'elle s'est réveillée et qu’elle a trouvé Saha Matturie au-dessus d’elle en train de coucher avec elle. La jeune femme a reconnu qu'elle avait bu des spiritueux et du vin plus tôt dans la nuit et qu'elle était "assez ivre". Les jurés ont appris que la plaignante a pris des médicaments pendant "de nombreuses années". Me Wilding, l'avocate de M. Matturie, a alors suggèré qu'ils "ne se mélangent pas très bien avec l'alcool".

"Je pense que quelque chose m'est arrivée pendant que j'avais perdu connaissance "

"Cela dépend si je l'ai pris trop tard dans la journée, alors ce n'est pas le cas, mais je pense que je l'ai pris le matin", a rétorqué la victime présumée, dans des propos rapportés par le Manchester Evening News. La plaignante a reconnu qu'elle pouvait devenir "très ivre et émotive" si elle prend son médicament "trop tard dans la journée". Me Wilding l'a relancée en assurant que l'alcool et les médicaments s'étaient "très mal mélangés". "Je ne pense pas", a répondu la plaignante. "C'est possible mais je pense que je l'avais eu le matin."

La défense a alors demandé à la jeune femme si elle et Saha Matturie étaient allés dans une chambre et avaient eu des relations sexuelles. Elle a indiqué qu'elle ne s'en souvenait pas. "Vous dites que vous ne vous souvenez de rien de tout cela, pouvez-vous m'aider, s'il vous plaît, comment vous vous êtes réveillé et avez fini par quitter la pièce?", a interrogé l'avocate de Matturie. "Comme je l'ai dit dans mon entretien, je me suis réveillée sur une sorte de matelas par terre. Je pense que quelque chose m'est arrivée pendant que j'avais perdu connaissance, a répondu la plaignante. Quand j'ai finalement réalisé et entendu la voix de mon ami, je suis partie et puis je pense que j'ai essayé de partir le plus tôt possible."

Me Wilding a ensuite demandé à la plaignante si elle était gênée d'avoir eu des relations sexuelles avec un homme qu'elle n'avait rencontré que cette nuit-là. "Non, a répondu la plaignante. J'étais encore confuse à propos de ce qui m'était arrivé, j'étais encore sous le choc."

Lorsque la défense lui a demandé si elle pensait "fermement" qu'elle avait été violée lorsqu'elle a quitté l'appartement, la jeune femme a estimé qu'elle ne l'avait "pas vraiment accepté". "Mais je savais que quelque chose n'allait pas, a-t-elle précisé. Je pense que je l'ai accepté plus tard. Je savais juste que quelque chose n'allait pas quand je partais." La plaignante a indiqué qu'elle était ensuite retournée dans son appartement et qu'elle a affirmé à des amis qu'elle avait été violée. Elle a expliqué que, au début, elle était "inflexible" sur le fait qu'elle ne voulait pas signaler le crime présumé à la police.

La défense suggère que la jeune femme a simplement eu honte de coucher avec Saha Matturie

L'avocate de la défense a ensuite suggéré que la plaignante avait eu honte d'avoir eu une relation sexuelle avec Saha Matturie. "Vouliez-vous que vos amis pensent que vous ne vous souveniez pas de certaines choses parce que vous étiez trop gênée de ce qui s'était réellement passé?", a demandé l'avocate de la défense. "Non", a tranché la plaignante.

Mme Wilding a suggéré que la victime présumée avait décrit Saha Matturie comme étant un homme noir, âgé d'environ 40 ans, quii était "vieux" et avait des "rides". L'avocate a également assuré qu'elle avait décrit Saha Matturie comme "laid" et quelqu'un avec avec qui elle n'aurait "jamais eu de relations sexuelles car elle n'était pas physiquement attirée par lui".

"J'aurais pu dire ça mais je n'ai pas de souvenir précis d'avoir dit ça", a rétorqué la plaignante. "Essayiez-vous de justifier auprès de vos amis en leur expliquant que vous n'avez pas consenti à avoir des relations sexuelles parce que vous ne le trouviez pas attirant ?", a relancé la défense. "Non", a répondu la plaignante. Je me fiche de ce qu'ils pensaient."

Une volonté de cacher des échanges avec Matturie à la police ?

La plaignante s'est ensuite exprimée sur des photos Instagram qu'elle avait publiées plus tôt dans la nuit avant le viol présumé. "C'était quand même mon anniversaire, avant que tout ça ne se passe, il y avait de bons souvenirs, donc je ne vois pas pourquoi je ne le ferais pas."

Lorsqu'on lui a demandé pourquoi elle n'a pas donné son téléphone à la police, la plaignante a répondu qu’elle avait “ressenti une atteinte à (sa) vie privée et (qu’elle) n’en voyait pas vraiment l'intérêt."

Me Wilding a par la suuite assuré que la jeune femme avait eu une "conversation amicale" avec M. Matturie dans les jours qui ont suivi le viol présumé. "N'avez-vous pas remis votre téléphone parce que vous ne vouliez pas que la police se rende compte que vous aviez été en contact avec lui après cette nuit-là ?", a demandé la défense. "Non", a tranché la plaignante.

Enfin, les jurés ont entendu la déclaration de deux amis de la plaignante, à qui elle a dit qu'elle avait été violée. Un premier témoin a assuré qu'elle avait l'air "horrible", portant les mêmes vêtements que la nuit précédente et qu'elle "semblait très renfermée". Cet ami a indiqué qu'elle était "absolument catégorique" sur le fait qu'elle ne voulait pas signaler son viol présumé à la police.

Une deuxième amie a ensuite témoigné. Selon elle, la plaignante avait l'air dans un "désordre absolu" lorsqu'elle est revenue à l'appartement avec les vêtements qu'elle avait portés la nuit précédente. "Je pouvais dire que quelque chose n'allait pas et j'étais inquiet", a-t-elle assuré. Le procès a ensuite été ajourné. Il reprendra mardi matin.

Article original publié sur BFMTV.com