Procès de MDH : que risquent le rappeur et ses huit coaccusés, jugés pour meurtre ?

Le rappeur français Mohamed Sylla, alias MHD, arrive à l’ouverture de son procès et de celui de huit autres hommes au palais de justice de Paris, le 4 septembre 2023.
ALAIN JOCARD / AFP Le rappeur français Mohamed Sylla, alias MHD, arrive à l’ouverture de son procès et de celui de huit autres hommes au palais de justice de Paris, le 4 septembre 2023.

JUSTICE - Après trois semaines de procès, le rappeur MHD sera bientôt fixé sur son sort. L’artiste, ainsi que huit autres accusés, est jugé par la cour d’assises de Paris pour « homicide volontaire », après le meurtre d’un jeune homme de 23 ans.

Les faits remontent à la nuit du 5 au 6 juillet 2018 dans le 10e arrondissement de Paris, lors d’un règlement de comptes entre deux bandes rivales. Loïc K., 23 ans, avait alors été tué, d’abord renversé par une Mercedes, puis passé à tabac et lacéré de coups de couteau. La voiture, qui appartenait au rappeur, est retrouvée un jour plus tard incendiée dans un parking. Et plusieurs témoins mettent en cause MHD.

Pour ce meurtre, les accusés encourent jusqu’à trente ans de réclusion criminelle. Dans ses réquisitions, ce jeudi 21 septembre, le parquet a réclamé 18 ans de prison à l’encontre du rapport. L’avocat général a également requis de 13 à 20 ans de réclusion criminelle pour six autres coacccusés, dont la peine maximale pour l’un qui est en fuite et donc jugé par défaut.

Il a par ailleurs demandé l’acquittement pour deux derniers hommes : l’un d’eux, Wissem E., avait été disculpé par les enquêteurs au cours des débats. Pour l’autre, Moussa K., il a considéré qu’il n’était « pas raisonnable » de le condamner au vu des éléments avancés dans l’enquête pour l’incriminer.

MHD comparaissait libre sous contrôle judiciaire, tout comme quatre coaccusés, tandis que trois autres hommes sont jugés détenus, dans le box des accusés. Tous nient les faits.

Lynchage à mort et coups de couteau

Au cœur du dossier, un règlement de comptes entre jeunes de la cité des Chaufourniers, surnommée « la cité rouge » où habite MHD, et celle, voisine, de la Grange aux Belles, situées dans les Xe et XIXe arrondissements.

Lors du procès, la cour d’assises a été mise face aux images du cadavre de la victime, témoignage éloquent de la violence du meurtre commis. Plus d’une vingtaine de coups lui ont été portés à l’arme blanche, « en rafale » sur le visage et les cuisses, selon les mots du médecin légiste ayant réalisé l’autopsie du corps.

« Je me demande de jour comme de nuit : “qu’est-ce qui s’est passé ? ” », s’est interrogée la mère de Loïc K. au cours du procès. La famille de la victime a réclamé à plusieurs reprises lors des audiences que « justice soit rendue ».

La cour a également diffusé différentes vidéos de la scène du crime sur lesquelles se sont appuyés les enquêteurs pour tenter d’identifier les agresseurs. Deux d’entre elles ont été filmées par des caméras de vidéosurveillance et la troisième par un homme, du balcon d’un appartement. Problème : ces vidéos ont été filmées de nuit et de loin, et montrent des hommes portant des capuches, rendant très difficile leur identification.

À la barre, le policier chargé d’exploiter ces films a expliqué avoir recensé dix hommes, auxquels une lettre, de A à J, a été attribuée. Les enquêteurs ont ensuite essayé de faire des rapprochements avec des personnes en se basant notamment sur les déclarations de plusieurs témoins au cours de la procédure. Sur les dix individus, les policiers ont ainsi fait le rapprochement avec six des hommes comparaissant devant les assises.

Le rappeur nie les faits et se défend

Sur plusieurs vidéos de la scène, un des hommes, de type africain, a les cheveux teints en blond et porte un survêtement de la marque Puma. On l’y voit traîner Loïc K. pour l’écarter de la voiture et lui asséner un coup de pied dans la tête avant de quitter les lieux. À cette époque-là, MHD avait les cheveux peroxydés et était ambassadeur de la marque de sportsweat. Si le survêtement n’a pas été retrouvé, l’artiste a confirmé posséder ce vêtement. Ce dernier a cependant nié les faits tout au long de l’instruction.

La sœur aînée de l’accusé a déclaré à la barre : « J’étais à la maison et MHD est rentré entre une heure et deux heures du matin. Il était habillé d’un tee-shirt et d’un short noir. Il est un peu resté au salon avec moi. Puis s’est changé pour mettre un tee-shirt blanc et un jean. Et il est ressorti. ».

Selon le média Mouv’, la présidente de la Cour d’assises n’a pas été convaincue par ce témoignage, et a lors interrogé : « Comment souvenez-vous avec précision de comment était habillé Mohamed Sylla ? ». « Je fais souvent le linge à la maison, donc je connais ses habits », a justifié la sœur aînée. « Vous avez une mémoire très précise pour quelqu’un qui a été auditionnée pour la première fois près de neuf mois après les faits », lui a répondu la présidente de la cour.

La sœur du rappeur, dont le témoignage fournit un alibi potentiel à MHD, a déclaré « tout ce qui concerne la voiture, je ne sais pas ». Pendant l’enquête, MHD a fait valoir qu’il prêtait très régulièrement sa voiture à son entourage.

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