Procès de Douha Mounib : entre témoignage prudent et non-dits

Le palais de justice de Paris.  - Credit:RICCARDO MILANI / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
Le palais de justice de Paris. - Credit:RICCARDO MILANI / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Mardi soir, après deux jours d'audience, il planait toujours comme un épais brouillard au-dessus du box vitré. Les longues heures d'interrogatoire de Douha Mounib n'auront pas permis de le dissiper. Pas totalement en tout cas. L'accusée, à qui il est reproché d'avoir rejoint l'État islamique en Syrie et en Irak à deux reprises, en 2013 puis 2015, s'est pourtant montrée prolixe.

Elle est ainsi revenue longuement sur le contexte de sa radicalisation, son désir soudain d'en savoir plus sur l'islam alors qu'elle menait ses études de sage-femme, ces nuits passées sur son ordinateur à regarder des vidéos sur la religion – « à part manger, dormir et faire la prière, je passais mon temps sur Internet » –, les quelques jours qui ont suffi à la décider à porter le foulard, puis le hidjab, les heures passées à la mosquée de Montpellier. « Je me suis auto-propagandisée », admet dans un sourire crispé la jeune femme de 32 ans, accrochant ses doigts fins à la vitre qui la sépare du reste de la salle.

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Il lui faudra quelques jours à peine pour se résoudre à mettre un terme à ses études et à partir à Meknès, au Maroc, où vivent ses grands-parents. Nous sommes en juin 2013. « Dès cette période, je voulais partir en Syrie, j'avais pour but d'en parler à mon père, mais il ne voulait pas que j'arrête mes études. Je lui ai dit que je voulais m'inscrire en médecine au Maroc, mais je n'avais pas l'intention d'y al [...] Lire la suite