Le prix du gaz risque d’exploser en 2023 (encore plus qu’en 2022)

High angle view of gas stove burner
Javier Zayas Photography / Getty Images High angle view of gas stove burner

ARGENT - Hausse des tarifs réglementés, fin des aides de l’État… Après une année 2022 marquée par une hausse spectaculaire des prix de l’énergie, les ménages français, jusqu’alors protégés par les mesures mises en place par le gouvernement pour freiner l’inflation, s’apprêtent à passer un cap encore plus difficile en 2023.

Si les Français bénéficient toujours du bouclier tarifaire mis en place par le gouvernement Borne pour contenir la flambée des prix, ce dernier disparaîtra en juin prochain. Cette mise à l’arrêt, couplée à la hausse annuelle des prix de l’énergie, laisse craindre le pire pour l’avenir, notamment car la mesure a permis d’éviter une hausse de l’ordre de 120 % du prix du gaz ces derniers mois et que la tendance inflationniste ne semble pas se résorber.

Augmentation du tarif réglementé

Une hausse de 15 % en moyenne sera ainsi observée à partir du 1er janvier pour les clients qui ont souscrit une offre en tarif réglementé de vente du gaz naturel (TRVg) ou dont le contrat est indexé sur ce tarif. Pour ceux qui utilisent le gaz pour la cuisson (tarif base) ou l’eau chaude (B0), la hausse pourrait être moindre, tout dépendra d’un arrêté gouvernemental attendu d’ici au 31 décembre.

Certains ménages, entreprises ou copropriétés engagés sous contrat à prix de marché ou dont le contrat a expiré en 2022, ont déjà vu leurs tarifs exploser cette fin d’année et sont en difficulté. C’est notamment le cas de certaines copropriétés, car le bouclier tarifaire y est plafonné et que le syndicat de l’immeuble ou le bailleur social doit réclamer une aide a posteriori.

Pour l’association de défense des consommateurs CLCV, ces augmentations successives sont insoutenables, et les aides insuffisantes. « Pour les personnes ayant des revenus inférieurs à 2 000 euros par mois, certaines consacrent 60 % de leur budget aux dépenses essentielles », dont l’énergie, a-t-elle dénoncé.

40 % des ménages paieront plus cher

Au total, environ 40 % des ménages paieront leur gaz plus cher à partir du 1er janvier prochain. Il s’agit des abonnés d’Engie en tarif réglementé ou d’un des 22 fournisseurs locaux, comme Gaz de Bordeaux, ou les clients d’autres fournisseurs ayant une offre indexée sur le tarif réglementé. Pour ces derniers, les tarifs n’avaient pas bougé depuis le 1er novembre 2021 grâce au bouclier tarifaire.

Dans ce contexte, trouver un contrat moins cher que le tarif réglementé apparaît impossible. Actuellement, « on peut trouver des contrats au même niveau que le tarif réglementé mais pas moins cher », dit à l’AFP le médiateur de l’énergie, qui propose un comparateur d’offres indépendant et gratuit sur son site Internet.

Les clients ayant souscrit une offre à prix fixe, que ce soit sur une ou plusieurs années, ne devraient pas voir leur facture augmenter au 1er janvier prochain. La prudence reste toutefois conseillée, notamment si le contrat arrive à échéance et applique une hausse de tarif. Certains ont déjà doublé, triplé ou plus en 2022. Il est ainsi conseillé de bien comparer les offres car les copropriétés, quand elles s’engagent, paient des pénalités en cas de résiliation.

D’autres hausses attendues en 2023

En plus de la hausse du tarif réglementé, la fin du bouclier tarifaire le 30 juin prochain risque d’entraîner une nouvelle augmentation du prix du gaz. Les clients concernés ont reçu plusieurs courriers, selon le médiateur de l’énergie, et devront souscrire un nouveau contrat.

S’ils restent passifs, ils basculeront automatiquement chez Engie (ex-GDF Suez) dans un contrat qu’ils n’auront toutefois pas choisi. Le 1er juillet, la Commission de régulation de l’énergie mettra en place un prix de référence qui pourrait servir de base à la poursuite du bouclier tarifaire.

La consommation de gaz en France, comme ailleurs en Europe, a baissé significativement depuis le 1er août, mais il est difficile de savoir si c’est dû au prix ou à un effort de sobriété. Pour les ménages, la baisse est de 14 % depuis le 1er août, selon des chiffres corrigés du climat arrêtés au 18 décembre par GRTgaz et comparés à l’hiver 2018-2019 servant de référence.

Mais la baisse spectaculaire de la consommation de gaz par les gros industriels français (-22 %), montre que la hausse des prix force bien les clients à réduire leur consommation, puisque les entreprises ne sont pas protégées par le bouclier tarifaire. Autre illustration : dans un pays comme la Belgique, où il n’existe pas de tarif plafonné du gaz, la baisse de consommation des ménages a atteint -20 % en novembre, par rapport à la moyenne 2019-2021, selon l’institut Bruegel.

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