Présidentielle 2022 : retour sur le parcours de Yannick Jadot, le candidat EELV

Comme en novembre 2016, Yannick Jadot a remporté la primaire écologiste, mais il devrait cette fois-ci se présenter à l'élection présidentielle.

Favori du scrutin, Yannick Jadot a remporté le second tour de la primaire écologiste face à Sandrine Rousseau. Retour sur le parcours de celui qui va participer à sa première élection présidentielle.

Après plusieurs semaines de suspense, Yannick Jadot a remporté la primaire écologiste au terme d'un scrutin très serré et sera donc le candidat des Verts à la prochaine élection présidentielle. Le "pragmatique" homme de 54 ans s'impose ainsi face à la "radicale" Sandrine Rousseau, surprise de cette campagne. L'eurodéputé devra ainsi convaincre l'électorat de celle qui incarne l'écoféminisme pour mettre toutes les chances de son côté pour sa première participation à une élection présidentielle.

Déjà fin 2016, Yannick Jadot avait été désigné candidat d'Europe Écologie Les Verts au terme de la primaire du parti en l'emportant au second tour face à Michèle Rivasi. Alors qu'il devait être candidat à l'élection présidentielle de 2017, il s'était finalement retiré pour rallier Benoît Hamon, candidat du Parti socialiste, sans avoir consulté les votants. Un ralliement qui avait été critiqué par certains élus EELV, qui évoquaient une trahison, mais finalement approuvé par la plupart des sympathisants.

Cette fois-ci, il l'assure, il ira bien jusqu'au bout et sera présent au 1er tour de l'élection le 10 avril 2022 avec un objectif clair : "gagner la présidentielle".

Une condamnation avec Greenpeace

C'est il y a plus de 20 ans, en 1999, que ce fils d'enseignants a adhéré aux Verts lors de la campagne de Daniel Cohn-Bendit aux élections européennes, après avoir travaillé plusieurs années au Burkina Faso et au Bangladesh, auprès des femmes opprimées, dans une ONG de solidarité internationale. Celui qui a fait ses premières armes dans le militantisme a également participé à la construction du mouvement altermondialiste.

En 2002, il devient président de l'organisation des campagnes de Greenpeace et ce jusqu'en 2008. C'est dans ce cadre qu'il est condamné, en 2005, pour atteinte aux intérêts supérieurs de la Nation, après avoir pénétré en zodiac dans une base de sous-marins nucléaires située à l'île Longue (Finistère) dans le cadre de l'opération Plutonium, qui visait à dénoncer la politique de la France sur le nucléaire.

Les actions coups-de-poing de Greenpeace qu'il a notamment menées agacent certaines entreprises, dont EDF, qui a fait espionner l'ONG, rapporte Mediapart en 2009. Yannick Jadot s'est fait pirater des données personnelles sur son ordinateur en 2006, via une entreprise privée de renseignement mandatée par EDF. En 2011, l'ancien cadre d'EDF et ex-policier Pierre-Paul François est condamné à trois ans de prison, dont 30 mois avec sursis, pour accès frauduleux à des données informatiques et recel de ce délit et doit verser 10 000 euros de dommages-intérêts à Yannick Jadot.

Des tensions au sein d'EELV

C'est en 2002 que Yannick Jadot participe à sa première campagne présidentielle aux côtés de Noël Mamère, qui a récolté plus de 5% des suffrages, une première dans l'histoire des écologistes pour une présidentielle. Lorsqu'il quitte Greenpeace en septembre 2008, il rejoint Europe Écologie, le rassemblement des écologistes pour les élections européennes de 2009 mené par Daniel Cohn-Bendit, et participe à la refondation du parti qui deviendra Europe Écologie-Les Verts (EELV). Grâce au score de 16% obtenu lors de ces élections, Yannick Jadot intègre le Parlement européen notamment aux côtés d'Eva Joly et Pascal Canfin.

En 2011, il est le porte-parole d'Eva Joly lors la primaire écologiste qui l'oppose à Nicolas Hulot puis lors de la campagne pour l'élection présidentielle de 2012, mais il démissionne en novembre 2011 en raison d'un désaccord avec la ligne politique de la candidate écologiste, la jugeant trop critique à l'égard du Parti socialiste.

Alors qu'il a l'ambition d'être nommé au gouvernement après l'élection de François Hollande, Cécile Duflot, nommée en tant que ministre de l'Égalité des territoires et du Logement, recommande au président de le laisser sur la touche au profit de Pascal Canfin. Il s'agit là des débuts d'une longue rivalité avec Cécile Duflot, qui l'accusera d'avoir provoqué la chute des écologistes après l'élection présidentielle, ou même d'avoir voulu négocier un ralliement avec Emmanuel Macron en 2017, ce que Yannick Jadot a toujours démenti.

Un coup de gueule viral au Parlement

En octobre 2016, alors qu'il n'a pas encore remporté la primaire écologiste, il se fait remarquer au Parlement européen pour avoir vivement interpellé le président du Conseil européen Donald Tusk et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker sur le traité de libre-échange Europe-Canada (CETA), qui favoriserait les sables bitumineux, les gaz de schiste et l'élevage intensif. Une vidéo visionné plus d'un million de fois en l'espace de quelques jours qui lui donne un véritable coup de projecteur avant le second tour de la primaire écologiste.

Lors des élections européennes de 2019, il est tête de liste EELV, alors que le parti connaît une période difficile depuis l'élection d'Emmanuel Macron, et annonce une liste autonome. Une liste "ni de droite, ni de gauche", selon lui, qui affirme que l'écologie, "c'est pas la gauche" mais un mouvement qui "veut occuper une place centrale dans le débat politique". Alors que les sondages annonçaient un score entre 7 et 9%, le parti réalise un score de 13,5% et occupe le rang de troisième parti de France. Des résultats qui permettent au député européen d'acquérir une certaine notoriété et plus de crédibilité.

Un écologiste de droite ?

Plus modéré que son opposante lors de la primaire écologiste Sandrine Rousseau, le mari de la journaliste Isabelle Saporta a toujours été jugé comme le plus centriste des candidats écologistes, mais refuse d'être cantonné à l'aile droite du parti. Certains écologistes le qualifient d'"écolo réalo" ou de "Vert allemand", en référence aux écologistes d'outre-Rhin qui acceptent de s'allier avec la droite. Yannick Jadot se défend en évoquant sa "trajectoire altermondialiste, contre les accords de libre-échange, [ses] actions au Bangladesh, à Greenpeace [qui] prouvent tout le contraire".

Reste que sa présence le 19 mai dernier à la manifestation des policiers devant l'Assemblée nationale, où Éric Zemmour ou Jordan Bardella étaient notamment présents, avait été très critiquée par la gauche et les écologistes. Yannick Jadot dit ne pas regretter sa décision, en affirmant que les policiers rencontrés lui ont dit : "Ne nous laissez pas seuls avec le RN".

Sortie du nucléaire et légalisation du cannabis

Favorable à une TVA à 0% sur les produits bios et de proximité, à la création d'un "grand ministère de l’alimentation, de la santé et de l’environnement" et à la légalisation du cannabis, l'eurodéputé souhaite une sortie du nucléaire "de manière responsable" et veut mettre en place "un grand plan d'investissement de 50 milliards d'euros par an pour reconstruire l'économie, accélérer la rénovation des logements, déployer les énergies renouvelables et tout ce qui relève des mobilités collectives et décarbonées."

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À bientôt 6 mois de l'élection présidentielle, Yannick Jadot et EELV comptent bien surfer sur le succès des élections européennes de 2019 pour avoir une chance de l'emporter en 2022, mais cela devra sans doute passer par un autre succès face à une femme de gauche : Anne Hidalgo, au coude-à-coude avec lui dans les sondages.

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