Prendre le volant sans peur ni reproches

Fraîchement rentrée de France après quelques jours de vacances, c’est avec une légère appréhension que j’attends de découvrir si mon permis français aura survécu à quelques heures de route. Car je dois le confesser : depuis que je conduis au Liban, j’ai pris certains réflexes qui ne feraient pas la fierté de mon ancien instructeur d’auto-école.

Face au peu d’offres de transport en commun, à l’absence de trains ou de moyens de transport alternatifs, il a fallu se rendre à l’évidence : on est assez dépendant de la voiture lorsqu’on s’installe au Liban. Moi qui étais ravie de retourner vivre dans un grand centre urbain, imaginant me passer d’un véhicule personnel, j’ai subi une sacrée déconvenue.

Avant même de partir, une des premières choses que l’on m’a dite du Liban, c’est que la conduite y tenait du sport national. Idée renforcée par la lecture de quelques blogs et articles concernant la vie sur place. Je me souviens même du commentaire suivant sous un post : “Non mais par contre, les conducteurs au Liban, c’est pas possible ! J’ai jamais senti la mort d’aussi près !” Une recherche sur Internet “conduite Liban” me proposait comme premier lien : “Conduire au Liban : trois conseils pour SURVIVRE”. Après ces lectures ô combien instructives, j’ai senti monter quelques sueurs froides.

Mario Kart dans les rues de Beyrouth

C’est dans un premier temps en tant que passagère – à la place du mort – que j’ai été initiée à la conduite à la libanaise. Avec cette vive impression d’être devenue copilote de rallye. “Trou à gauche !” “Piétons à droite !” “Voiture recule contresens !” (La grammaire en prend un coup quand on se doit d’être réactif.) “Dos d’âne !” “Scooter ! Scooter ! Scooter !” (“sans casque !” auraient précisé mes fils) quand j’en vois trois débarquer simultanément et nous encercler. Le tout souvent copieusement arrosé de : “Attention !”

Puis vint le moment de prendre le volant. Et alors j’ai appris : la règle, c’est qu’il n’y a pas de règles. Si ça passe, on y va : on glisse, on se faufile. Il faut par ailleurs s’adapter à l’infrastructure, pas des plus modernes : la chaussée n’est pas un doux tapis de bitume, les nids-de-poule sont légion. Les feux de circulation ? Sans électricité, les conducteurs ont pu leur faire leurs adieux depuis quelque temps. Les stops ? Ils existent, mais sont copieusement ignorés. Ici, on pratique le “stop glissé” avec élégance et détermination. Quant aux files sur l’autoroute, qu’elles soient tracées sur la chaussée ou non, peu importe puisque les conducteurs inventeront le nombre de files dont ils ont besoin…

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