“Le pouvoir de la fiction” : Londres va blanchir des centaines de postiers condamnés à tort

“C’est le pouvoir de la fiction”, salue la BBC. “Un exemple rare et extraordinaire du changement que peut entraîner une série télévisée”, renchérit l’hebdomadaire de gauche New Statesman. Visionné par 9,2 millions de personnes depuis le 1er janvier, le feuilleton en quatre épisodes Mr Bates vs The Post Office a secoué le Royaume-Uni, au point de provoquer une réaction officielle du gouvernement, mercredi 10 janvier.

“Le Premier ministre, Rishi Sunak, s’est engagé à faire voter un texte qui innocenterait les gérants de bureaux de poste condamnés dans le cadre du scandale Horizon”, se félicite The Times. Ce logiciel de comptabilité, fourni aux services postaux britanniques par l’entreprise japonaise Fujitsu à partir de la fin des années 1990, contenait des dizaines de bugs. “Ces failles ont fait apparaître de fausses erreurs de gestion et conduit à des poursuites en justice pour détournement de fonds” contre des centaines de responsables de bureaux entre 1999 et 2015, relate The Guardian.

La série, diffusée par le groupe télévisuel privé ITV, raconte le combat de ces postmasters contre la maison mère, le Post Office, équivalent de la Poste en France.

Plus de 700 personnes concernées

“Le texte devrait passer sans encombre à la Chambre des communes, assure The Times, et le gouvernement espère achever le processus d’ici à la fin de l’année.” L’amnistie générale concernerait plus de 700 personnes condamnées à tort (parfois à des peines de prison), selon les estimations de la presse, et “sera assortie du versement de dommages et intérêts à hauteur de 600 000 livres chacun”.

“En narrant cette injustice avec empathie et un sentiment d’urgence, la fiction a réussi là où le journalisme a failli”, constate New Statesman. L’affaire s’est régulièrement retrouvée à la une de la presse ces dernières années, notamment en 2019 et en 2021, lorsque la justice avait établi puis confirmé la “responsabilité du logiciel Horizon” dans les erreurs de caisse. Jamais, pourtant, le sujet ne s’est imposé auprès du grand public et de la sphère politique, alors que les victimes tardaient à obtenir réparation (seules 95 d’entre elles ont été officiellement blanchies jusqu’à présent). “La série, elle, a rendu ce scandale impossible à ignorer.”

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