Pouvoir d'achat, immigration, environnement… Ce qu'il faut retenir du débat BFMTV pour les européennes
Les huit principales têtes de liste se sont affrontées, ce lundi 27 mai, sur notre antenne pour un grand débat à deux semaines des élections européennes. Qu'est-ce que l'Europe fait ou ne fait pas, c'est la question qu'on a posé aux candidats.
L'influence qu'a l'Europe sur la vie quotidienne des Français a été au centre du grand débat organisé entre les huit principales têtes de liste aux élections européennes du 9 juin.
Ce lundi 27 mai, sur BFMTV-RMC, Jordan Bardella, Raphaël Glucksmann, François-Xavier Bellamy, Marie Toussaint, Léon Deffontaines, Marion Maréchal, Valérie Hayer et Manon Aubry ont parlé inflation, pouvoir d'achat, factures d'électricité, voiture et énergie. Avant d'aborder la question de l'Europe face aux guerres et celle de l’immigration.
• Le pouvoir d’achat a divisé les candidats
Le premier candidat à s'exprimer ce lundi, François-Xavier Bellamy a proposé de faire baisser les charges pour “rendre du salaire à ceux qui travaillent". Manon Aubry accuse, elle, le gouvernement d'avoir "fait le choix de faire les poches des Français" et aimerait "bloquer les prix des produits de première nécessité".
"Vous pensez voter pour des colombes, vous votez en réalité pour des rapaces", a quant à lui clamé Léon Deffontaines, le candidat PCF à l'intention des électeurs du RN. Le socialiste Raphaël Glucksmann insiste, lui, pour "encadrer et taxer" les superprofits. L’occasion pour Marie Toussaint d’exposer son idée d’un “ISF climatique” qui toucherait 0,5% des plus riches en Europe pour "financer une transition climatique sociale". La candidate de la majorité, Valérie Hayer, a quant à elle rappelé ce que l’Europe a fait avec le plan de relance pour le pouvoir d’achat à la sortie de la crise du Covid.
• Bardella attaqué sur son absentéisme dès le début
Le candidat du Rassemblement national a été la cible immédiate de plusieurs de ses opposants. En cause: son absentéisme dans l’hémicycle de Strasbourg. Tandis que le débat démarrait sur la question du pouvoir d’achat, c’est Manon Aubry qui l’a pressé en premier de se justifier là-dessus en l’attaquant sur ces "rares fois" où elle l’a vu voter dans l’hémicycle.
Dans la foulée et toujours sur le thème du pouvoir d’achat, c’est à la candidate Valérie Hayer de pointer sa faible présence.
"Vous pouvez venir un peu travailler au Parlement", a taclé la tête de liste macroniste.
Une attaque à laquelle le candidat RN n'a pas répondu ce soir, mais il s'était déjà défendu de tout absentéisme lorsqu'il était critiqué sur le nombre de rapports ou d'amendements déposés pendant son mandat.
• Le potentiel débat Le Pen-Macron vivement critiqué
"Ça va, on ne vous dérange pas?", s'est plainte Marion Maréchal, au bout d’une heure de débat, alors que Valérie Hayer et Jordan Bardella discutaient d’un potentiel débat entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Cette question a marqué le début d’une petite séquence où plusieurs candidats ont exprimé leur exaspération sur cet affrontement entre le camp présidentiel et le RN.
Tandis que le Premier ministre et le candidat RN avaient déjà provoqué la colère du candidat Républicain à la fin de leur débat le 23 mai dernier, c’est Raphaël Glucksmann qui, cette fois, a haussé la voix. Il a regretté que le gouvernement essaie de "réduire cette élection à un faux match entre Emmanuel Macron ou Gabriel Attal au RN". "Les stratèges de l'Élysée essayent de faire croire aux Français que les seuls adversaires sont le RN", a-t-il lancé, déplorant un "jeu dangereux". "On ne quémande pas un débat à Madame Le Pen", a-t-il conclu, très en colère.
La candidate insoumise lui a emboîté le pas. "On va nous refaire le coup là, soit l’extrême droite soit l'extrême libéralisme, soit c’est moi soit c’est le chaos?" a questionné Manon Aubry. Accusant la majorité et l’extrême droite de fomenter un "49.3 électoral comme s’il n’y avait pas d’autres questions", la jeune eurodéputée a rappelé que d’autres options existent.
• Tensions sur la fin de la voiture thermique en 2035
Marie Toussaint et Marion Maréchal se sont vivement opposées sur la question des voitures thermiques et le développement de la voiture électrique, poussée par Valérie Hayer.
"On va produire une voiture qui, avant même de rouler, va produire deux à trois fois plus d'émissions de gaz à effet de serre qu'une production de voitures à moteur thermique", a déclaré la candidate Reconquête qui dénonce "un saccage industriel, écologique et social".
En réponse, Marie Toussaint l’a questionnée sur les meilleures solutions que propose l’extrême droite à la place. "Votre programme [écologique, NDLR], c'est du vide", a-t-elle taclé.
François-Xavier Bellamy, tête de liste LR, estime lui que l'interdiction de la vente de voitures thermiques en 2035 est "le plus grand cadeau qu'on pouvait faire à Xi Jinping"."On va condamner les Français à vivre à Cuba, en gardant éternellement leurs voitures d'occasion parce qu'ils ne pourront pas s'acheter de voitures neuves", a-t-il considéré.
• L'envoi d'armes et de troupes en Ukraine pose question
Il ne faut pas "avoir la tête dans le sable", a fustigé Raphaël Glucksmann. "Nous sommes des cibles de Vladimir Poutine", s’est-il écrié tandis que la question d’envoyer plus d’aides et notamment d’armes à l’Ukraine s’est imposée en deuxième partie de débats.
"Il faut faire beaucoup plus, j’ai des amis sur le front, j’ai des amis qui sont morts, c’est un sujet extrêmement sérieux", a ajouté celui qui a présidé la commission sur les ingérences étrangères au Parlement européen face à un Jordan Bardella, sceptique.
"Nous n'avons pas fait notre travail", a regretté le candidat socialiste pour qui la France devrait livrer davantage d’armes. "C’est ce que les Ukrainiens nous demandent", a-t-il imploré.
S’il "faut en effet aider au maximum les Ukrainiens à revenir sur la table des négociations", a déclaré Léon Deffontaines, une des lignes rouges du PCF, c’est "d’envoyer des armes qui serviraient à tirer sur des civils russes" et qui feraient alors de la France "un co-belligérant", a-t-il estimé.
Avant de penser à envoyer des armes, "Il faut d’abord rehausser nos moyens", a rétorqué pour sa part Jordan Bardella, en l’état des moyens de défense français, "nous serions incapables de tenir comme les troupes ukrainiennes", s’est exclamé le candidat d’extrême droite.
• Le lien entre délinquance et immigration enflamme le plateau
Le thème de l'immigration abordé en dernier point de ce débat sur notre antenne a achevé de cliver la droite et la gauche sur le plateau. C'est une longue saillie de Marion Maréchal qui a énuméré des faits divers en annonçant l'origine des protagonistes qui a mis le feu aux poudres.
"Vous avez accumulé tellement de haine que vous parlez comme une mitraillette", a réagi Marie Toussaint. Dans la foulée, Manon Aubry s'est exaspérée du lien fait entre délinquance et immigration fait par l'extrême droite qui s'est alors défendue de brandir les chiffres du ministère de l'Intérieur.
"J'en ai marre que vous vous serviez des immigrés et de tous leurs descendants comme de la chair à canon électorale", a déploré la candidate insoumise se disant "profondément heurtée" par ses "amalgames".
Quant au candidat du PCF qui a défendu la régularisation de tous les travailleurs sans papiers, il s'est fait attaquer par le candidat Les Républicains, "les passeurs vous remercient car c'est le cœur de leur business model", lui a-t-il lancé.