Pourquoi cette tomate violette, génétiquement modifiée, ne permet pas de prévenir le cancer

Pourquoi cette tomate violette, génétiquement modifiée, ne permet pas de prévenir le cancer

Une tomate violette qui limite les risques de développer un cancer? La réalité n'est pas aussi verte.

Dans un tweet publié le 8 février dernier, l'ancien ministre de l'Écologie, François de Rugy a affirmé que la tomate violette, autorisée depuis le 6 septembre 2022 par le département de l’Agriculture des États-Unis (USDA) "a prouvé ses effets contre le cancer".

Avec sa "teneur 10 fois supérieure en antioxydants [...]", elle est considérée en Europe comme un OGM (organisme génétiquement modifié, NDLR) et ne peut pas être commercialisée", écrit-il.

Cette tomate, pensée par une équipe de scientifique au Royaume-Uni en 2008, est fabriquée en laboratoire en introduisant dans le fruit des gènes de muflier, une plante aussi appelée "gueule-de-loup".

Génétiquement modifiée, elle doit la couleur de sa peau et de sa chair à son fort taux d'antioxydant nommé anthocyane.

L'étude britannique, publiée dans la revue Nature Biotechnology, affirmait que des "souris sensibles au cancer" qui recevaient en compléments alimentaires ces "tomates riches en anthocyanes ont montré une prolongation significative de leur durée de vie".

Une substance déjà présente dans d'autres aliments

Contacté par BFMTV, le directeur de recherche au Centre national de recherche scientifique (CNRS) Philippe Grandcolas admet des "effets généreux, ou plutôt satisfaisants sur l'alimentation" de l'anthocyane. Cependant, il dit "craindre beaucoup de bruits pour pas grand-chose".

"C'est une complication assez futile puisque ses substances, on les trouve dans une alimentation équilibrée par ailleurs", souligne-t-il. Comme dans les "légumes feuilles" (comme le chou rouge, NDLR) ou "les fruits rouges en saison".

Pour Philippe Grandcolas, cette invention "semble peu intéressante au regard de la diversité alimentaire que l'on devrait plutôt prôner et la consommation de légumes de saison".

Il alerte de plus sur les effets négatifs que la substance présente dans cette tomate violette peut avoir en cas de consommation excessive.

Le directeur adjoint scientifique de l'Institut Écologie et Environnement relativise également les résultats du test effectué sur des souris.

"De manière générale, quand l'on teste sur des souches de souris de laboratoires - qui ont tendance à développer des cancers de manière exagérée - toute sorte de régime, il y en a qui vont profiter aux souris en diminuant le développement des cancers puis d'autres régimes qui vont au contraire les aggraver", détaille-t-il.

Un effet qu'il met en parallèle avec l'être humain. Lorsque ce dernier adopte un mode de vie équilibré, dépourvu d'une consommation excessive d'alcool, de cigarette, qui adopte un régime alimentaire adapté et qui fait de l'exercice physique, il va avoir moins de risque de développer un cancer.

Conclusion: la tomate violette n'est pas un médicament. Et si elle peut avoir un effet positif sur la santé, il ne faut pas en abuser.

Article original publié sur BFMTV.com